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A peine sorties de l'enfance, des jeunes filles apprennent à devenir mères


A peine sorties de l'enfance, des jeunes filles apprennent à devenir mères
Coulommiers (Seine-et-Marne), 14 juil 2012 - A peine sorties de l'enfance et déjà mamans: au centre maternel Accueil Samarie, à Coulommiers, des jeunes filles âgées de 14 à 21 ans apprennent à s'occuper de leur enfant et à entrer dans l'âge adulte.

Ces adolescentes ou jeunes majeures, envoyées par l'aide sociale à l'enfance et souvent en rupture avec leurs familles, sont accueillies dans une grande maison aux couleurs pastel, gérée par les Apprentis d'Auteuil.

"Quand je suis tombée enceinte, j'ai eu peur. Ce n'était pas prévu, je me sentais isolée, abandonnée. J'ai vécu des moments trop difficiles...", confie pudiquement R., 17 ans, originaire de République démocratique du Congo et sans famille en France.

"Je ne savais pas mettre une couche, préparer un biberon. Ici, on m'a appris", explique cette mère de jumelles de neuf mois arrivée au centre quelques semaines avant terme.

Logées dans une des douze chambres ou studios, les jeunes mères sont conseillées et soutenues dans leurs démarches pour reprendre le chemin de l'école, trouver un emploi, un logement ou encore accomplir leurs démarches administratives. Elles disposent d'un budget d'environ 400 euros par mois pour leur nourriture, leurs vêtements, ceux du bébé et leur argent de poche.

"Ce sont des jeunes femmes qui ont été très chahutées dans leur parcours, qui ont des carences affectives, éducatives... Certaines ont été maltraitées" explique Liliane Vigne, la directrice du centre.

"Notre rôle c'est de les aider à grandir et de garantir tous les besoins des bébés", ajoute-t-elle.

Préparer l'avenir

En France, on comptabilise 7 maternités précoces (avant 19 ans) pour 1.000 femmes enceintes par an, selon la dernière étude menée par l'Institut national des études démographiques (Ined). Après une progression au cours des trois premiers quarts du XXe siècle sous l'effet de la libéralisation des moeurs, la fréquence des maternités précoces a été divisée par quatre dans les années 1970 et 1980 en raison de la contraception et de l'avortement.

Mais le centre maternel de Coulommiers reçoit des appels de toute la France pour obtenir une place, précise la directrice.

Aisseta Diakite est arrivée à 20 ans, enceinte de 7 mois et demi: "je suis tombée enceinte alors que je passais le bac. J'ai dû tout arrêter", raconte la jeune femme, piercing rose à la langue et multiples bracelets au bras.

"Je l'ai découvert à 4 mois de grossesse et j'ai mis trois mois à le dire à mes parents", avoue-t-elle. Le jour de l'accouchement, sa famille ne pouvait pas être présente mais une éducatrice du centre était à ses côtés "du début à la fin", se rappelle-t-elle avec gratitude.

"Une des grosses difficultés est de maintenir le lien familial", relève la directrice du centre. Une pièce accueille les visiteurs et les pères peuvent participer aux repas et aux soins du bébé, même s'ils ne peuvent dormir sur place.

"Les maternités à l'adolescence combinent deux crises: la phase d'adolescence, où on se cherche, et la maternité. Ces jeunes-là doivent faire les deux en même temps, alors que les besoins sont parfois en contradiction car l'adolescente est centrée sur elle-même et le bébé a besoin d'attention", explique Sandrine Pirard, une psychologue qui intervient auprès des jeunes filles.

Relever ce défi n'est pas chose facile mais, souligne la directrice, "pour les jeunes filles, c'est une victoire de pouvoir s'occuper de leur enfant et qu'il ne soit pas placé en famille d'accueil, comme certaines d'entre elles ont pu l'être".


Par Pauline FROISSART

Rédigé par AFP le Vendredi 13 Juillet 2012 à 23:22 | Lu 1355 fois