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La requête des anti-porcherie rejetée


Tribunal administratif de Papeete, le 24 juin 2021 - Deux requérants ont entamé une procédure en référé pour suspendre l’arrêté du ministère de l’Environnement autorisant l’installation et l’exploitation d’une porcherie géante à Taravao. Le juge a rejeté leur requête, ce qui n’interdit pas aux plaignants de continuer la lutte en déposant un dossier en fond.
 
La lutte se poursuit devant le juge, alors que le projet de porcherie géante à Taravao avance lentement. Un arrêté du ministère de la Culture et de l’Environnement, publié au Journal officiel le 3 mai 2021, autorise la SCEA Polycultures à exploiter un élevage de près de 2 000 porcs sur la commune de Taiarapu-Est.

Deux requérants et un intervenant volontaire du “Collectif interdisciplinaire contre l’installation d’une porcherie industrielle sur le plateau de Taravao” ont demandé au juge des référés la suspension de cet arrêté. L’audience s’est tenue jeudi matin.
 
“Tentative de polluer”
 
Il n’y a pas de règles sur l’épandage en Polynésie française. Au cœur des débats, côté demande, un couple de riverains qui habite à proximité du projet évoque les vents, qui selon la saison, pourraient diriger les odeurs et les aérosols vers la ville de Taravao ou vers Toahotu et le lotissement Mitirapa : “De la part de la SCEA Polycultures, il y a une tentative de polluer toute la population de Taiarapu-Est”. Le couple de plaignants évoque également la conséquence des épandages de lisier.

Deux rivières bordent l’exploitation, pour se jeter dans la baie de Phaéton et à Mitirapa : “Si cela veut dégouliner, cela partira avec les pluies, vers les plages et le lagon”. Le requérant s’interroge sur l’éventuelle apparition d’algues vertes, en faisant un parallèle avec la Bretagne, région où elles prolifèrent en raison de forts apports en nitrate. Le troisième intervenant questionne également la gestion des cadavres d’animaux.
 
Légalité de la décision
 
La défense, représentée par Me Robin Quinquis, demande le rejet de la procédure : “Il n’est pas ici justifié du dépôt d’un recours au fond. La requête en référé est irrecevable”. Il ajoute que la requête en elle-même n’est pas recevable, dès lors que ni les requérants ni l’intervenant volontaire ne justifient de leur qualité de voisin. Les requérants témoignent de leur incompréhension de cet argument, car leur adresse figure sur les scans de papier d’identité qu’ils ont fournis au juge.

Le représentant de la Polynésie française s’en rapporte à ses écritures et s’associe à l’avocat de la défense, au motif qu’il n’existe “aucun doute sérieux” sur la légalité de la décision attaquée. Le juge des référés ordonne le rejet de la requête. L’arrêté du ministère n’est donc pas invalidé, mais le “Collectif interdisciplinaire contre l’installation d’une porcherie industrielle sur le plateau de Taravao” entend bien poursuivre la lutte, en déposant un dossier en fond devant le juge administratif.

 

Rédigé par Valentin Guelet le Jeudi 24 Juin 2021 à 18:33 | Lu 2650 fois