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Jean-Jacques Urvoas : "Partout sur le territoire de la République la loi est la même"


Jean-Jacques Urvoas : "Partout sur le territoire de la République la loi est la même"
Avant d’inaugurer lundi matin, le centre de détention de Papeari, Jean-Jacques Urvoas, le ministre de Justice, a visité les établissements pénitentiaires de Nuku Hiva et de Raiatea. "Partout sur le territoire de la République, la loi est la même avec la même rigueur. Elle s’applique avec la même fermeté", a-t-il souligné.

Pas d’enceinte autour de cette prison. En journée, la porte est ouverte. Dans le village de Taiohae, la prison peut accueillir cinq détenus. Aujourd’hui, ils ne sont que trois. Les condamnés qui viennent ici, sont en fin de peine et sont marquisiens. "J’étais à Nuutania avant d’être ici", explique un détenu à l’ombre du manguier devant l’établissement pénitentiaire. "Comme on est chez nous,ça se passe mieux ici."

Ce samedi, pour la première fois, un ministre de la Justice la visitait. Le bâtiment sent la peinture, les lits ont été faits.Tout est bien rangé. Pendant sa visite, le garde des Sceaux, rompus aux visites de prison en métropole, n’a pas caché sa surprise. "C’est la première fois que je vois un établissement aussi petit", a-t-il souligné."Je suis satisfait de découvrir ici aux îles Marquises un établissement particulier de l’administration pénitentiaire. C’est rassurant pour montrer la capacité du service public à s’adapter à l’insularité et aux spécificités."

En France, il existe un seul autre centre pénitentiaire qui ressemble à celui de Taiohae. C’est celui de Casabianda en Corse. Là il n’y a pas de barreaux, de murs d'enceinte et de miradors, la prison de Casabianda, spécialisée dans l'accueil des délinquants sexuels, prépare leur réinsertion par des travaux agricoles.

Après avoir visité les cellules, la salle de sport et la salle de culture, le ministre de la Justice souligne : "C’est très important qu’il existe un établissement ici de façon à ce que l’on voit que la sanction est prononcée. Nous sommes sur une île qui n’est pas très grande. Partout sur le territoire de la République, la loi est la même avec la même rigueur. Elle s’applique avec la même fermeté."
Pour autant, il ne s’agit pas pour le ministre de la Justice de vouloir reproduire ce qui se fait aux Marquises dans d’autres régions de France. "Il y a plusieurs manières de purger sa peine, de payer sa dette à la société, plusieurs manières de se préparer à revenir dans ce que nous appelons, nous, le milieu ouvert, c’est-à-dire la vie classique", met en avant Jean-Jacques Urvoas. "Je ne suis pas certain qu’il faille chercher des capacités de recopier ce qui est spécifique aux Marquises."

Tamatea Richard, un des gardiens de la prison de Taiohae

Revêtu de l’habit d’agent pénitentiaire, Tamatea Richard présente une des cellules de la prison de Taiohae au ministre de la Justice. Au total, ils sont trois surveillants et un responsable à s’occuper de la prison au quotidien et des détenus. Tamataea Richard vient tout juste de rejoindre cet établissement pénitentiaire. L’an dernier, fin février, il était parti pour Agen se former avec d’autres Polynésiens qui travailleront au centre de détention de Papeari. "En plus d’une formation théorique, on a appris à se défendre et on a des cours de psychologie pour savoir comment parler avec les personnes détenues, on a eu une très bonne formation."

Originaire de Nuku Hiva, Tamataea Richard a postulé dès qu’il a su qu’un appel à candidatures pour un poste de surveillant au centre de Taiohae. "C’était le moment où jamais", souligne-t-il. Il a ainsi pu s’installer avec ses enfants et sa femme qui a aussi un travail sur l’île.
Tamatea s’est inscrit au concours de gardien de prison car "Avec mon père, qui était administrateur d’État adjoint, j’ai pris goût au service public."

"Certains de mes élèves sont assez délicats et investis"

Guillaume Iotefa, artisan d’art,
Guillaume Iotefa, artisan d’art,
Onze détenus sont actuellement au centre pénitentiaire de Raiatea. Des activités pour favoriser l’insertion des prisonniers après leur sortie sont organisées. Depuis 2013, Guillaume Iotefa, artisan d’art, leur donne des cours de pyrogravure, dessin, techniques de peinture… "Certains de mes élèves sont assez délicats et investis", explique l’artiste en montrant au ministre de la Justice les œuvres réalisées. "Chaque semaine, avec cinq détenus, nous passons trois heures ensemble. Elles se passent la plupart du temps dans le silence."
Des cours de maths ou de français sont aussi donnés. Comme à la prison de Taiohae, ce sont les détenus en fin de peine qui viennent dans cet établissement. "Ici, c’est propre, confortable et on mange bien", assure un détenu.
L’établissement peut accueillir jusqu’à 18 personnes.

Jean-Jacques Urvoas, ministre de Justice

"Cela doit être un moment utile"

"Une personne condamnée passe un moment de sa vie en prison. Cela doit être un moment utile. Une prison ce n’est pas simplement un espace dans lequel on vit quelques années. C’est aussi un lieu dans lequel on doit pouvoir apprendre, découvrir et avoir envie de rebâtir quelque chose à l’extérieur. J’avais envie de savoir quels types d’activités étaient proposés aux détenus pendant le temps qu’ils sont contraints de passer ici, notamment ce qui a été fait en matière culturelle avec une capacité d’éveil et une capacité de partage aussi. Je suis convaincu que ce sera un bénéfice pour les détenus qui ont pu participer à ces activités.
C’est un enfermement mais aussi -il faut que les détenus le comprennent, une opportunité à saisir. La possibilité d’avoir un instituteur à disposition est une chance pour redémarrer de la meilleure manière possible."

Les photos de la visite à Taiohae


Les photos de la visite à Raiatea


Rédigé par Mélanie Thomas le Samedi 18 Mars 2017 à 21:34 | Lu 5031 fois