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Les marae api sèment la discorde à Pamatai Hills


Tahiti, le 12 septembre 2020 - L’association Te Pū O Te Ao Ma’ohi a construit dans le lotissement de Pamatai Hills, situé dans les hauteurs de Faa’a, plusieurs marae, dont l’un à l’emplacement d’un ancien. Jugés pas du tout fidèles aux vrais marae et beaucoup trop api, le promoteur du lotissement, conseillé par Raymond Graffe, a décidé de les détruire pour les reconstruire en respectant la tradition, les fondations du site.

  L’association Te Pū O Te Ao Ma’ohi a construit dans le lotissement de Pamatai Hills, situé dans les hauteurs de Faa’a, plusieurs marae, dont l’un à l’emplacement d’un ancien. Jugés pas du tout fidèles aux vrais marae et beaucoup trop 'āpī, le promoteur du lotissement, conseillé par Raymond Graffe, a décidé de les détruire pour les reconstruire en respectant la tradition, sur les fondations du site.

La vue est spectaculaire sur les hauteurs du lotissement Pamatai Hills à Faa’a. Plusieurs marae, dont un particulièrement grand, sautent d’emblée aux yeux.
Construits depuis deux ans par les bénévoles de l’association Te Pū O Te Ao Ma’ohi à l’endroit où se trouvait un ancien marae, les nouveaux marae connaissent un drôle de sort depuis quelques temps. "Il y a trois semaines, on a retrouvé deux petits marae, qu’on avait construits, saccagés et depuis ils sont en train de les reconstruire", explique Tetuonuimotoa Mai, le président de l’association Te Pū O Te Ao Ma’ohi.

Pour l’association, c’est Fabrice Bohbotte, le directeur de projet de Pamatai Hills et le tahua Raymond Graffe, qui sont à l’origine de la destruction de "leurs" marae. "On ne comprend vraiment pas ce qui se passe. On avait des conventions avec Pamatai pour faire ces marae et puis là maintenant, ils sont en train de les détruire et ils reconstruisent, mais en moins bien. Il y a du mana ici", poursuit le président de l’association Te Pū O Te Ao Ma’ohi.

Et si deux petits marae ont effectivement déjà subi des dégâts, le plus grand, est toujours intact. "On a appris par des sources qu’ils allaient détruire le plus grand cette semaine", annonce énigmatique la porte-parole de l’association, Djamila Terooatea, qui ne souhaite pas donner le nom de ses sources.

Ils poussent comme des champignons

Tetuonuimotoa Mai, le président de l’association Te Pū O Te Ao Ma’ohi.
Tetuonuimotoa Mai, le président de l’association Te Pū O Te Ao Ma’ohi.
Contacté par Tahiti Infos, Fabrice Bohbotte, directeur de projet de Pamatai Hills, a souhaité expliquer les raisons de ces destructions. "On s’est aperçu qu’ils faisaient n’importe quoi, qu’ils n’y connaissaient rien. Il y avait effectivement bien un marae sur ce site, on le voit bien dans les rapports des services du patrimoine faits par l’archéologue Paul Niva. Il a fait des recherches là-dessus. Il faut préserver la zone. Ce marae n’avait rien à voir avec ce qu’ils ont fait. Ça devient les pharaons d’Egypte maintenant. Ils disent que tous les rois de Polynésie ont été couronnés là. Les marae poussent comme des champignons, il y a celui des Îles-Sous-le-Vent, de Hawaii, des Australes (…). C’est vraiment n’importe quoi".

Pour l’homme en charge du lotissement, il n’est pas possible de laisser faire cela plus longtemps. Il est essentiel que la construction du marae respecte l’endroit exact où étaient ses fondations, la hauteur des pierres, les calculs d’un géomètre…L’homme a fait appel aux conseils et aux connaissances de Raymond Graffe, réputé pour être un fin connaisseur de la culture polynésienne. "Il a un vrai savoir-faire, cela ne s’improvise pas", confie rassuré Fabrice Bohbotte.

Concernant le grand marae 'āpī, il devra sans doute passer par une petite case lifting.

le Samedi 12 Septembre 2020 à 19:32 | Lu 8946 fois