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Les niçois de Tahiti se recueillent en mémoire des victimes des attentats


PAPEETE, le 18 juillet 2016 - Lundi, vers midi, à l'appel du haut-commissaire de la République française de Polynésie française, de nombreuses personnes sont venus rendre hommage aux victimes de l'attentat de Nice. Parmi elles, se sont trouvés des Niçois, de naissance et de cœur.

Quelques larmes, des embrassades réconfortantes et de l'émotion. L'hommage aux victimes de l'attentat perpétré à Nice le 14 juillet dernier devant le haut-commissariat a été intense. Des dizaines de personnes se sont rassemblées devant le bâtiment républicain peu avant midi.

Dans son allocution, le haut-commissaire, René Bidal a rendu hommage aux victimes et a rappelé que la Polynésie partageait la douleur des familles. Dans l'assemblée, beaucoup de Niçois d'origine avaient répondu présents. "Nous sommes Niçois et nous voulions être là aujourd'hui, comme nous pouvions le faire. Nous sommes loin de chez nous, on pense à eux… Heureusement, nous n'avions rien eu mais ce n'est pas le cas de tout le monde", explique une jeune femme qui n'a pas souhaité être photographiée.

Installée en Polynésie depuis plusieurs années, la Niçoise a suivi de près les événements et même si elle n'a pas été touchée directement, cet attentat est terrible pour elle. "D'ailleurs, nous n'avons pas du tout apprécié la couverture de l'événement par les journalistes. Tout ce qui a été fait, ce n'est pas possible. Je croyais qu'il y avait une déontologie, il faut l'appliquer!" Les drapeaux se lèvent, le silence est d'or. La colère laisse place à l'émotion.

LE SOUVENIR DE LA PROMENADE DES ANGLAIS

A quelques mètres de la jeune femme, plusieurs personnes ne peuvent retenir leurs larmes. Nice, c'est une partie de leur histoire, leur lieu de naissance, là où elles ont vu leurs enfants grandir ou tout simplement "une ville où on connaît du monde"... C'est aujourd'hui un symbole.

Comme pour Raymond Bagnis. Le médecin à la retraite est né dans cette ville de la côte d'Azur. En Polynésie depuis plus de 50 ans, il n'en a pas pour autant oublié les parfums ni le nom des rues. "C'est toute une partie de ma vie qui est là-bas. Je suis né à Nice, j'y ai fait mes études. J'ai travaillé sur la Promenade des Anglais", souffle l'ancien avant que les larmes se mettent à couler. Venir au rassemblement était une évidence pour lui.

Le docteur tient dans ses mains tremblantes un discours qu'il avait écrit "au cas où". Il y explique pourquoi il est important d'être là aujourd'hui, lui né à Nice et membre des franc-maçon. "Il est certain que ce qu'il s'est passé est une horreur pour nous. Cela va totalement à l'encontre de nos conceptions qui sont celles de liberté absolue de conscience et du droit pour chacun d'exercer la religion qu'il veut. Ce qu'il se passe actuellement, nous pensons que c'est un danger pour la République."

Quelques instants plus tard, le sourire du nonagénaire laisse place aux larmes. Il tente de se reprendre : "Je suis un peu ému car je connais encore beaucoup de monde à Nice… Je pense aux familles, à tous ceux qui ont perdu un être cher…"

Derrière lui, un autre Niçois tente de rester droit face à la douleur. Accompagné de sa femme, elle aussi très émue, Il est venu pour les mêmes raisons que son ami Raymond Bagnis. "Je suis là pour plusieurs raisons : d'abord parce que je suis Niçois et que je tiens à partager la douleur de toutes les familles mais je suis aussi là pour tous les autres attentats : Charlie Hebdo, Paris, dans le monde entier… Je veux montrer que l'on ne va pas céder à la terreur", lance Roger Parodi, à Tahiti depuis 45 ans.

La minute de silence terminée, les drapeaux sont abaissés, la foule se disperse. Chacun reprend le cours de sa journée, un peu de Nice dans l'âme.

Justice et Église ont aussi rendu hommage

Ce lundi, le temps s'est arrêté pour les magistrats du Palais de justice de Papeete. Réunis dans la grande salle, ils ont tenu à rendre hommage à leur manière aux victimes de l'attentat de Nice.
François Badie, procureur général de Polynésie française a affirmé : "Toute la famille judiciaire qui tient à montrer son émotion devant ces attentats, sa détermination à ne pas céder à cette forme de terreur. Nous souhaitons aussi montrer que nous sommes de tout cœur avec les familles. Il faut continuer à vivre démocratiquement et librement. Malheureusement, c'est la troisième fois que nous tenons ce discours en un an et demi."

Si la Polynésie française semble loin de tout ça, les magistrats ne sous estiment pas la puissance de la radicalisation et veillent au grain. "Le problème de la radicalisation est un problème qui est posé. Il y a des membres du parquet qui sont spécifiquement présents dans ces cellules et qui ne négligent pas que le risque peut être partout. Même si cela semble plus difficile ici de porter des mouvements violents ou terroristes, ce ne peut pas être exclu et en tout cas, nous, nous ne pouvons pas le négliger…", a rappelé Jean-Luc Martin, président de la chambre correctionnelle.

A 12h30, une messe a été donnée à l'honneur des victimes à la cathédrale Notre-Dame de Papeete. Beaucoup de fidèles se sont rassemblés dans l'église pour prier et chanter en mémoire de ces tragiques

Rédigé par Amelie David le Lundi 18 Juillet 2016 à 18:17 | Lu 2142 fois