D’autres ateliers seront organisés jusqu’en 2029 pour enrichir et affiner les propositions collectives (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 21 octobre 2025 - Construire ensemble des solutions pour tenter d’atténuer l’impact des canicules marines sur l’écosystème et préserver les ressources, c’est l’objectif des ateliers réunissant scientifiques, élus, agents et associations, organisés en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie dans le cadre du projet MaHeWa (Marine HeatWaves). Lancé fin 2024, ce vaste programme mobilise plus d’une cinquantaine de chercheurs pour comprendre et anticiper ces épisodes de températures océaniques extrêmes, amenés à s’intensifier dans les années à venir.
Comment préserver le tourisme, la pêche ou encore la perliculture des conséquences des canicules marines ? Voici l’une des questions auxquelles ont tenté de répondre des élus municipaux de Tahiti et des Tuamotu-Gambier, des associations environnementales, des agents de la Direction des ressources marines (DRM) et le délégué interministériel en charge du climat et du développement durable en Polynésie française, Léopold Biardeau ; un panel d’une trentaine de personnes réunies ce lundi à l’Ifremer de Vairao dans le cadre du volet de co-construction de solutions d’adaptation du projet MaHeWa (lire encadrés ci-dessous), auquel sont associés des scientifiques de différentes spécialités allant de la climatologie à l’économie, en passant par l’anthropologie et la biologie marine.
Comment préserver le tourisme, la pêche ou encore la perliculture des conséquences des canicules marines ? Voici l’une des questions auxquelles ont tenté de répondre des élus municipaux de Tahiti et des Tuamotu-Gambier, des associations environnementales, des agents de la Direction des ressources marines (DRM) et le délégué interministériel en charge du climat et du développement durable en Polynésie française, Léopold Biardeau ; un panel d’une trentaine de personnes réunies ce lundi à l’Ifremer de Vairao dans le cadre du volet de co-construction de solutions d’adaptation du projet MaHeWa (lire encadrés ci-dessous), auquel sont associés des scientifiques de différentes spécialités allant de la climatologie à l’économie, en passant par l’anthropologie et la biologie marine.
Un plan d’actions
Dans la continuité de la rencontre annuelle organisée fin août entre chercheurs, cet atelier visait à amorcer l’élaboration d’un plan d’actions face à une situation de canicule marine. “L’idée, c’est de se concerter avec les acteurs du territoire pour voir comment ce problème est perçu et quelles seraient les meilleures solutions face aux prédictions qui vont être améliorées dans le cadre du projet. L’objectif, c’est de mettre en place un réseau d’acteurs qui pourra suivre les résultats et améliorer ce plan d’actions pour l’avenir”, souligne Guillaume Mitta, directeur de l’Unité mixte de recherche (UMR) Santé et services des écosystèmes polynésiens (Secopol) et chercheur à l’Ifremer, coordinateur du projet MaHeWa avec Sophie Cravatte et Catherine Sabinot de l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
“La philosophie du projet et de cette journée, c’est de trouver des solutions”, poursuit Jean Wencélius, anthropologue de l’environnement et chercheur au Criobe. “C’est un projet de recherche avec de la science fondamentale pour prédire les canicules marines et évaluer l’impact sur les organismes, les écosystèmes et les sociétés humaines. Il s’accompagne d’une concertation avec les acteurs locaux pour co-construire des bulletins d’alerte et de communication, mais aussi des solutions qui soient acceptées et possibles à mettre en œuvre. Concrètement, on imagine une cellule de gestion : si une canicule marine arrive, quels acteurs seront autour de la table et comment pourront-ils agir ? À ce titre, un petit budget est prévu pour mettre ces théories à l’épreuve dans le cas où une canicule marine surviendrait sur le territoire pendant la durée du projet.”
Des risques croissants
Si autant d’énergie est déployée sur le sujet, c’est en raison des risques liés aux canicules marines, qui sont déjà visibles. L’une des principales conséquences n’est autre que le blanchissement corallien, qui fait régulièrement la une de l’actualité locale et internationale. “Depuis les années 1980, on a eu une quinzaine d’événements de canicules marines qui ont entraîné des phénomènes de blanchissement massifs. Il y a aussi eu des mortalités de bénitiers qui ont été caractérisées, en particulier à Reao”, remarque Guillaume Mitta. “Pour le moment en Polynésie française, la résilience est assez bonne, mais avec les scénarios climatiques à venir, il va forcément y avoir une augmentation de fréquence et d’intensité, et des problèmes de plus en plus importants. Quand on regarde ailleurs dans le monde, comme aux Caraïbes, ce qui est le plus à craindre, c’est le changement de phase avec un développement en masse des macro-algues et une perte de biodiversité avec des conséquences socio-économiques.” Au risque de mortalité pesant sur les espèces côtières s’ajoutent d’autres menaces potentielles, dont la prolifération d’algues toxiques à l’origine de maladies comme la ciguatera. Autant de points d’attention qui font l’objet d’un suivi dans le cadre du projet MaHeWa.
D’autres ateliers seront organisés jusqu’en 2029 pour enrichir et affiner les propositions collectives, qui pourraient à terme inspirer de futures politiques publiques. Une initiative similaire est menée en Nouvelle-Calédonie, où devrait également se tenir la rencontre annuelle scientifique en 2026.
Qu’est-ce qu’une canicule marine ?
Le terme de canicule – ou vague de chaleur, en anglais – marine a été normé au milieu des années 2010, explique Guillaume Mitta : “Cette norme correspond au dépassement d’une certaine température pour un site donné pendant une durée donnée, qui définit le moment à partir duquel on va avoir un impact sur l’écosystème et les ressources, et donc sur la société”. Au-delà de ces températures extrêmes, l’impact varie d’un site à un autre selon les conditions de vent ou de houle, mais aussi selon la géomorphologie ou encore la capacité de renouvellement de l’eau.
Le projet MaHeWa
Lancé en novembre 2024, le projet MaHeWa (Marine HeatWaves) vise à comprendre les risques liés aux canicules marines dans les territoires français du Pacifique Sud et à s’adapter en conséquence à travers la co-construction d’outils d’aide à la décision et de solutions d’adaptation. Trois territoires sont impliqués : la Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna et la Polynésie française. Ce projet interdisciplinaire est porté par l’Institut de recherche pour le développement (IRD) avec le soutien de l’Ifremer et d’autres partenaires, dont le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), l’institut Louis-Malardé (ILM) et Météo-France. Au total, l’initiative rassemble un consortium de 56 chercheurs et ingénieurs basés en France et dans les instituts et universités d’Outre-mer, ainsi que 43 personnes issues de structures politiques, administratives et d’organisations locales. MaHeWa est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR) pour une durée de quatre ans dans le cadre des plans “Un océan de solutions” et “France 2030”.






































