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Maisey Rika, ambassadrice de la culture maorie à Tahiti


Maisey Rika a interprété son titre Tangaroa Whakamautai.
Maisey Rika a interprété son titre Tangaroa Whakamautai.
Papeete, le 14 juin 2016 - A l'occasion de son passage à Tahiti pour deux soirs de concert, la chanteuse maorie se fait la voix d'une culture, très proche de celle des habitants de Polynésie.
Humble, simple et souriante. Maisey Rika est à des milliers d'années lumière du cliché de la popstar américaine. Accueillie par des colliers de fleurs et de jeunes danseurs, la chanteuse néo-zélandaise aborde un sourire authentique.
C'est entourée de ses enfants et de son mari, fidèles compagnons de voyages dans ces aventures internationales, que Maisey Rika est venue rendre visite à la troupe de danseurs professionnels de Tipaerui. Lundi soir dernier, elle a pu assister à leur préparation au Heiva, grand concours de danse amateur et professionnel. "Le fait d'être ici ce soir, et voir tous ces gens se préparer et répéter pour cette compétition qu'est le Heiva, me rappelle la maison, mon pays. Nous aussi, en Nouvelle-Zélande, nous avons quelque chose de similaire: tous les deux ans, nous avons une grande compétition où différents groupes de danse s'affrontent sur plusieurs jours autour du kapa haka, la danse traditionnelle", commente la chanteuse maorie, un toere dans les mains.
Arrivée sur le territoire samedi soir, Maisey Rika s'est muée en ambassadrice de la culture maorie à Tahiti. Elle donnera deux concerts, un jeudi soir et un dimanche soir, à l'hôtel le Méridien, à Punaauia. L'occasion pour cette fervente protectrice de la culture des premiers habitants de Nouvelle-Zélande de la partager en Polynésie Française. "C'est la première fois que je viens à Tahiti et je suis ravie de la faire. C'est d'autant plus gratifiant de venir ici en tant qu'artiste maorie. Je suis très excitée à l'idée de partager notre culture, nos croyances et nos valeurs."

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Pour Maisey Rika, défendre la culture maorie reste une de ses missions principales. L'art est un des principaux serviteurs de cette cause. "Je pense que c'est à travers cela que notre culture est vivante et qu'elle peut continuer d'exister. C'est en chantant et en dansant, comme je le vois ici ce soir à Tahiti, que nous arriverons à la maintenir en vie." En Nouvelle-Zélande, la langue maorie n'a été reconnue officielle qu'en 1987. Maisey Rika est née dans les années 1980, dans une famille où, parfois, la culture maorie a eu du mal à survivre. "Notre langage était en train de mourir. A l'époque, mon grand-père était battu dès qu'il parlait maori. Ma mère n'a jamais été encouragée à parler cette langue…"
La chanteuse se réjouit que le vent tourne. Dans une grande partie des écoles de la terre du long nuage blanc, de la maternelle au lycée, des cours en "te reo maori" sont dispensés. Pour Maisey Rika, le maori, c'est dans la vie de tous les jours. Son fils le parle aussi bien que l'anglais. "Cette langue, cette culture, c'est ce que nous sommes. C'est pour cette raison que je chante dans ma propre langue, pour honorer le maori", insiste la néo-zélandaise entre deux photos avec les danseurs tahitiens.
Cet échange avec les danseurs tahitiens lui aura permis la mise en lumière de la culture tahitienne dans la vie de tous les jours. Après les avoir observés chanter et danser, Maisey Rika a elle aussi donné de la voix. "Il y a une certaine fraternité entre la culture maorie et la culture tahitienne. Nos deux peuples viennent tous les deux de Hawaiki. C'est bien de faire cette connexion entre la culture maorie et la culture tahitienne à travers la musique et les arts."
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Trois questions à …Vetea RANSBOTYN, président de l'association Infinaty :

Pourquoi avoir fait venir Maisey Rika à Tahiti?
A Infinaty, nous sommes organisateurs de concerts avec une grande ouverture sur le Pacifique. Nous avons déjà invités plusieurs artistes : de Nouvelle-Zélande, des îles Cook… Et en fait pour Maisey, l'histoire est née ici. Il y a déjà un an, nous avons parlé de ce projet avec son manager. Elle était tellement prise qu'il a fallu attendre un an avant qu'elle puisse venir ici à Tahiti. Au début, j'avais un peu peur de la faire venir car, hormis une chanson, les gens ne la connaissent pas beaucoup. Mais finalement, tout ce qui est culturel ici marche très bien. Je pense qu'elle a une aura très forte. On sent bien son mana et je crois que c'est cela que les gens apprécient chez elle.

Maisey voit beaucoup de similitudes entre la culture maorie et tahitienne, êtes-vous d'accord?

Pour moi, nous sommes de la même origine que ce soit Tahiti, Hawaii ou Maori, mais nous avons quand même beaucoup perdu en termes de culture. Chez eux, en Nouvelle-Zélande, ce n'est pas le cas. C'est très fort, ils le vivent au quotidien. Sa venue nous permet aussi de nous remettre en question. La culture, ce n'est pas simplement du folklore, danser pour les touristes. Nous montrons notre culture pour danser mais, selon moi, si nous grattons la coquille, dessous, souvent, c'est vide. Heureusement, ce n'est pas pour tout le monde ainsi. Chez les Maoris, quand ils font le Haka, tu sens que ce n'est pas folklorique. Ils le font vraiment, ils apprennent ça tout petit, ils ont vécu avec. Les Maoris ont été tellement persécutés par les colons qu'ils ont dû se battre souvent pour préserver leur identité, c'est pour cette raison que c'est très fort chez eux.

Quels exemples néo-zélandais pourraient suivre le gouvernement polynésien pour promouvoir la culture?
Ce qui est pas mal en Nouvelle-Zélande c'est que, dans tous les districts, ils ont des endroits spéciaux qui mettent en lumière la culture maorie. Chez nous, nous n'avons pratiquement que le conservatoire ou des groupes comme ici ce soir, c'est-à-dire que cela reste des structures modestes. De plus, il y a toujours plein de règles : interdiction de faire du bruit par exemple. Cela met des freins au développement de notre culture. Heureusement qu'il y a des personnes un peu partout qui œuvrent pour cela mais je pense que c'est à tout le peuple de se réveiller. Tous les Tahitiens doivent prendre conscience qu'il faut se battre pour sauver leur culture!

Pratique :

Le concert de Maisey Rika jeudi 16 juin, à 18h30, est complet. Une deuxième date a été programmée pour le dimanche 19 à 17 heures, au même endroit. Le tarif est de 3000 Francs.

Rédigé par Amelie David le Mardi 14 Juin 2016 à 13:34 | Lu 2031 fois