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Les mineurs délinquants de plus en plus jeunes et nombreux


La délinquance concerne généralement les vols et les stupéfiants. Ici, des jeunes sont interpellés en flagrant délit de vente de paka.
La délinquance concerne généralement les vols et les stupéfiants. Ici, des jeunes sont interpellés en flagrant délit de vente de paka.
PAPEETE, le 2 juillet 2015 - Nous vous le révélons aujourd'hui, le nombre de mineurs délinquants est en augmentation de 40% en 2014. Le procureur de la République José Thorel nous détaille leur profil et les mesures prises pour les sortir de la petite criminalité.

"Les chiffres de la criminalité des mineurs ont une tendance à la hausse, et au rajeunissement des auteurs. Aujourd'hui il y en a qui ont 12 ou 13 ans pour des cambriolages, des vols dans les voitures ou à l'étalage. Au début de la décennie, c'était plutôt des adolescents de 15 ou 16 ans…" constate le procureur José Thorel. Une petite criminalité qui concerne principalement les vols, mais aussi la consommation de stupéfiants : "du paka, puisqu'ils n'ont pas le pouvoir d'achat pour se procurer de l'ice" assure-t-il.

Leur profil correspond à des jeunes qui avant la crise seraient entrés sur le marché du travail très jeunes : ils sont à 99% déscolarisés, habitent dans les districts ou les vallées, et commettent leurs délits dans la grande agglomération de Papeete. "Soit ils chappent les cours comme ils disent, soit ce sont leurs parents qui ne les inscrivent pas à l'école, parce qu'eux-mêmes n'ont pas eu d'instruction."

"C'est une tendance à la hausse, mais en valeur absolue nous somme encore beaucoup plus bas qu'en métropole" relativise l'homme de loi.

LA VIOLENCE EST RARE

Si les jeunes déscolarisés sont de plus en plus adeptes des vols et du paka, ils n'en viennent que très rarement à la violence. "Ce sont plutôt des vols dans les maisons quand les habitants sont partis travailler, pour récupérer des espèces, du matériel hi-fi ou vidéo, des bijoux, tout ce qui pourra se revendre. Il y a également beaucoup de vols à l'étalage, et désormais des vols dans les voitures, avoir parfois des bris de vitre. Le conseil pour les voitures est de ne pas laisser d'objets de valeurs visibles" recommande le procureur.

Mais des mesures sont prises du côté de la police. Une convention a ainsi été signée entre le vice-rectorat, le ministère de l'Éducation et la DSP. Les patrouilles de la police qui voient des jeunes en ville pendant les heures d'école les approchent, leurs demandent pourquoi ils ne sont pas à l'école et, s'ils ont moins de 16 ans, les ramènent dans leur établissement ou auprès de leurs parents.




Le chiffre : 1061 mineurs ont été interpellés en 2014. Le juge des enfants en a vu 437, et 624 supplémentaires ont bénéficié de "mesures alternatives"

Quand les parents d'enfants délinquants perdent les allocations sociales
Les parents qui refusent d'inscrire leurs enfants de moins de 16 ans à l'école peuvent perdre leurs allocations sociales (qui vont de 7 000 Fcfp par mois et par enfant, jusqu'à 10 000 Fcfp pour les ressortissants du RSPF). Un refus en récidive peut même relever d'une amende pénale en cas de récidive.

Les mineurs sont autant auteurs que victimes
En Polynésie, les mineurs sont également très souvent victimes de crimes. Ainsi, en 2014 la justice a jugé :
- 170 agressions sexuelles sur mineurs
- 55 viols de mineurs
- 231 violences ou mauvais traitements sur mineurs

Où vont les mineurs délinquants ?
La prison Nuutania n'a pas de quartiers pour les mineurs. Quatre mineurs de 16 à 17 ans figurent tout de même parmi les détenus.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 2 Juillet 2015 à 18:53 | Lu 3419 fois