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Soins des brûlés, pour les médecins : "le pronostic des patients est meilleur!"


Xavier Da-Col est anesthésiste à l'hôpital de Tahiti depuis six ans et Damien Berlaire y travaille depuis 11 ans.
Xavier Da-Col est anesthésiste à l'hôpital de Tahiti depuis six ans et Damien Berlaire y travaille depuis 11 ans.
PAPEETE, le 16 août 2016 - En 2015, deux anesthésistes de l'hôpital du Taaone sont allés en Nouvelle-Zélande pour suivre une formation sur la prise en charge des grands brûlés. Un an plus tard, Damien Berlaire et Xavier Da-Col font le point.

Avec le recul, que retenez-vous de cette formation?

Xavier : Depuis l'année dernière, il y a eu du turn-over dans l'équipe médicale. Nous avons maintenant des chirurgiens avec une bonne expérience en chirurgie plastique qui sont disponibles et donc, plus de facilité à prendre en charge les grands brûlés. En particulier ceux qui nécessitent des greffes de peau. De plus, aller en Nouvelle-Zélande nous a permis de voir leurs méthodes et de se rendre compte de ce que nous pouvons faire afin d’améliorer notre pratique. Avoir des interlocuteurs ici qui ont de l'expérience, ainsi que la pédagogie et l'envie de nous encadrer, nous a permis de commencer à faire des greffes. Après, rendons à César ce qui lui appartient, nous ne serons jamais des experts de la greffe cutanée! Mais nous pourrons tout de même en faire de manière ponctuelle afin de perdre moins de temps pour certains patients. Evidemment, le meilleur interlocuteur pour la greffe restera toujours le chirurgien. Mais le fait que l'on commence à apprendre ces techniques, c'est nécessairement un plus pour notre service puisque cela va nous permettre d'être plus réactif.

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Qu'est-ce qui a changé concrètement depuis la Nouvelle-Zélande?

Xavier : Nous n'avons pas encore fait beaucoup de greffes jusqu’à présent, les indications étant très spécifiques. Mais ce qui est positif, c'est que notre séjour là-bas a initié quelque chose! Quand on en parle aux collègues de l’unité brûlé, on sent bien un intérêt et une émulation. L'autre apport essentiel de cette formation est le fait d'avoir pu rencontrer les gens avec qui nous étions en contact uniquement par mails. Cela rend les échanges beaucoup plus simples.

Damien : La formation nous a permis d'apprendre pas mal de vocabulaire anglais et d'uniformiser la manière dont on parle des brûlés en utilisant les mêmes nomenclatures. Tout le monde se comprend. Par exemple, cela m'est arrivé récemment de demander à un médecin néozélandais son avis sur l'état de santé d'un patient. Maintenant, on peut aussi échanger sur des problèmes purement techniques ce que je ne faisais pas du tout auparavant. Nous avons vraiment gagné en confiance des deux côtés. De plus, comme nous voyons les patients tous les jours, nous pouvons maintenant déterminer le moment opportun pour faire la greffe. Ainsi, j'ai eu l'occasion d’en faire deux depuis cette formation. Nous maîtrisons mieux la pertinence et le timing de ces indications.

MOINS DE SÉQUELLES

Lors de la formation au centre des grands brûlés de Middlemore, à Auckland, en Nouvelle-Zélande.
Lors de la formation au centre des grands brûlés de Middlemore, à Auckland, en Nouvelle-Zélande.
Cette formation vous a-t-elle permis d'éviter certaines évacuations sanitaires?

Damien : Pas forcément. Ce qui a changé pour les patients c'est qu’auparavant, on leur proposait des traitements par cicatrisation dirigée. C'est-à-dire qu'ils subissaient des traitements longs et parfois difficiles. Quand la greffe cutanée est indiquée, elle permet de court-circuiter tout ça et de raccourcir la durée de la cicatrisation. Maintenant en tout cas, leur prise en charge est plus rapide et donc, il y a moins de risques de complication.

Xavier : Le pronostic des patients est meilleur car il y a moins de complications, en particulier de séquelles à long terme. Ainsi, nous allons poursuivre dans ce sens en collaboration avec les chirurgiens.

Est-ce que c'est une formation que vous avez pu continuer ici?

Damien : Les formations sont faites un peu au fil du temps, suivant les domaines qui nous intéressent. C'est vrai qu'ici, nous avons plus envie de nous former à la greffe cutanée parce c’est un point qui pêchait un petit peu et qui méritait d'être étoffé. Nous avons la chance d'avoir des opérateurs qui s'y sont mis avec application avec nous donc c'est parfait! Si on arrive à faire progresser ça, c'est vrai que les patients en bénéficieront. Cependant, cela n'évitera pas les évasans car nous ne deviendrons jamais un centre de référence des grands brûlés. Il y a certains cas de figure où nous savons bien que nous ne pourrons pas faire mieux que lors d'une évacuation sanitaire.

Attention, ça brûle!

Depuis plusieurs semaines, les équipes de l'hôpital reçoivent beaucoup de personnes victimes de brûlures. "Ce sont des accidents bêtes la plupart du temps, qui auraient pu être évités", remarque Xavier Da-Col. Les enfants sont les premiers brûlés. Casserole d'eau bouillante, eau du bain trop chaude ou encore renversement du chocolat chaud, les causes sont multiples. Les professionnels de santé appellent donc à la vigilance de tous pour éviter ces accidents domestiques qui laissent parfois, de graves séquelles.


Rédigé par Amelie David le Mardi 16 Août 2016 à 10:00 | Lu 3428 fois