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“On est pour le développement de la pêche… mais”


Tahiti, le 19 juin 2025 – Une réunion s’est tenue ce mercredi entre le président du Pays, le ministre de la Pêche et les représentants des Marquises au sujet de la question de la mise en place d’une aire marine protégée et de nouvelles zones de pêches règlementées annoncée par le président à Nice. Certains regrettent que le président du Pays ait mis “en opposition la pêche côtière et la pêche hauturière”. Mais surtout, les hakaiki veulent que soient respectée “les limites voulues par la population".  
 
Suite à l’annonce du président du Pays de mettre en place une aire marine protégée et de nouvelles zones de pêche réglementées aux Marquises et à la colère que celle-ci avait suscitée, une réunion s’est tenue ce mercredi soir entre le président du Pays Moetai Brotherson, le ministre de la Pêche Taivini Teai et les représentants des Marquises, pendant trois heures. Une durée que le hakaiki de Nuku Hiva, Benoît Kautai, estime “normale parce que les décisions, il faut les prendre. Ce n'est pas facile, comme le président a déjà fait des annonces sans nous informer (...). Il aurait dû nous informer avant, nous inviter au conseil des ministres délocalisé. Ils nous ont oubliés alors qu'on se bat avec les Australes depuis plus de dix ans sur notre projet d'aire marine protégée”. Le hakaiki assure qu'ils ne sont pas seuls, “derrière nous, il y a notre population”. Parmi les points de mécontentement, les 15 nautiques dédiés à la pêche artisanale dans le projet gouvernemental. Benoît Kautai rappelle que depuis dix ans, la demande des Marquisiens reste inchangée, à savoir 30 nautiques.

“Le Pays décide et nous on subit”

Les parties prenantes sont tombées d'accord pour la mise en place d'une “rencontre technique la semaine prochaine”. Selon Benoît Kautai, le président du Pays leur a également proposé de garder, pour l'instant, les 15 nautiques et de revoir cela à la hausse l'an prochain. “Mais nous, c'est maintenant, ce n'est pas l'année prochaine”, ajoute le hakaiki de Nuku Hiva.

Ce dernier a rappelé que “des milliards de francs ont été investis dans des études” relatives à l'existence de nurseries de thonidés aux Marquises. Il regrette que le président veuille encore aujourd'hui investir dans les mêmes études. Selon Benoît Kautai, la notion des 15 nautiques vient des armateurs et il regrette que “le président n'ait pas respecté la décision de la population”.

Le hakaiki tient à préciser : “On n'est pas pour interdire de venir pêcher, au contraire, on est pour le développement de la pêche. Mais en respectant les limites voulues par la population.”
 
Le président du syndicat Rava'ai rau, Marc Atiu, précise qu’à Tahiti, il y a au moins 200 pêcheurs côtiers, une vingtaine aux Marquises et près d’une vingtaine aux Australes. Il assure qu’“à cause du nombre de bateaux qu’il y a aux Marquises et aux Australes, ils ont décidé de mettre 15 nautiques parce qu’il n’y a pas beaucoup de bateaux qui pêchent là-bas (…). En fin de compte, ils se sont basés sur les pêcheurs licenciés seulement.”. Il considère qu’“il y a eu beaucoup de chalala” et que le président a “tranché” sans prendre en considération la volonté des populations.

Selon lui, Moetai Brotherson a d’ailleurs affirmé que ce classement de 15 nautiques est “un premier pas”. Marc Atiu considère, lui, que cela “n’est pas suffisant et on peut faire mieux. Mais au moins, c’est mieux que rien et c’est règlementé”. Ce dernier regrette le fait que “le Pays décide et nous on subit” et que la décision prise par le président Moetai Brotherson “met en opposition la pêche côtière et la pêche hauturière”.

Edgar Tetahiotupa fait un malaise en réunion

Un “incident” s’est déroulé lors de la réunion, mercredi, entre le président du Pays Moetai Brotherson, le ministre de la Pêche Taivini Teai et les représentants des Marquises. Un incident “qui nous a tous fait peur”, assure Marcy Pautehea. En effet, le tuhuka des Marquises Edgar Tetahiotupa, qui a débuté une grève de la faim lundi dernier, a eu un malaise et a été transporté au CHPF de Taaone. “On lui a fait passer une série d’examens et il se soucie plus de ce que le président a décidé.” “Je l’ai senti très affaibli”, confie Petero Tetohu malgré le fait que l’anthropologue a fait son possible pour rassurer tout le monde. Selon nos informations, c’est alors que Moetai Brotherson leur intimait “de ne pas lui faire d’injonctions” que ce dernier aurait fait son malaise.

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Vendredi 20 Juin 2025 à 07:00 | Lu 2157 fois