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Joan Druett, l’auteure de Tupaia, en dédicace à Tahiti


PAPEETE, le 22 juin 2016 - Historienne et romancière néo-zélandaise, Joan Druett s’est penchée sur le "cas Tupaia". Elle en a sorti un ouvrage en 2010. Lequel a été traduit par Henri Theureau et Luc Duflos. Il est paru en 2015 chez ‘Ura éditions Tahiti. Joan Druett dédicacera les traductions de tupaia, le pilote polynésien du capitaine Cook samedi à Odyssey. Interview.

Comment avez-vous "rencontré" Tupaia ?

"J’ai fait des recherches sur le capitaine Wallis et sa découverte de Tahiti. À travers lui, j’ai découvert un Tahitien incroyable. Il était si brillant qu’il a appris l’anglais en très peu de temps, il a aussi appris à discuter et négocier avec les nouveaux venus. Il ne faisait pas que traduire les propos des Anglais pour les Tahitiens, il était diplomate et capable de manipulation pour tirer profit des Anglais et en faire bénéficier son peuple. Qui était donc ce génie ? J’ai trouvé son nom en lisant le journal de John Gore qui navigua avec Wallis et Cook. Il s‘appelait Tupaia. Quel héros ! J’ai voulu aussitôt faire connaître au monde combien il était formidable."

Comment avez-vous procédé pour mieux le connaitre vous-même ?
"J’ai lu tout ce que les navigateurs européens avaient écrit sur lui ainsi qu’un grand nombre de livres anciens sur Tahiti. Ce qui m’a permis d’avoir une idée assez détaillé de sa personnalité. J’ai pu me mettre à sa place et m’imaginer ses réactions en différentes situations. Je me suis sentie désolée pour lui car le capitaine Cook n’avait pas beaucoup de respect à son égard et Joseph Banks était finalement un faux ami. Sa solitude à bord de l’Endeavour m’a brisé le cœur."

Pouvez-vous le décrire ?

"Il était grand, fort, beau, athlétique. Il avait 40 ans environ quand il a rencontré les Européens. C’était alors un amoureux fameux. Il avait un esprit brillant et était un incroyable orateur. Il avait un grand charisme. Les maori venaient l’écouter par centaine lorsque le navire a fait escale en Nouvelle-Zélande."

Sur quoi travaillez-vous aujourd’hui ?

"Je fais des recherches sur le capitaine Wallis, le premier européen qui découvrit Tahiti. Un homme très intéressant, oublié par l’histoire."

Au cours de vos recherches, avez-vous rencontré d’autres Polynésiens aussi "intéressant" que Tupaia, des hommes au parcours si extraordinaires que vous leur consacreriez un livre ?
"Je pense à Ahutory qui navigua avec Louis de Bougainville. Je ne sais pas si des recherches ont déjà été faites sur lui, s’il a fait l’objet d’un livre. Il est intéressant, mais pas autant que Tupaia !"

Le "machiavel tahitien de son époque"

Pour Joan Druett, Tupaia était le "machiavel tahitien de son époque". Né vers 1725 à Raiatea, il est mort en novembre 1770 à Batavia (actuelle Jakarta) du scorbut et des fièvres. Il est monté à bord du bateau du capitaine Cook grâce au naturaliste sir Joseph Banks. Naturaliste et sponsor de l’expédition ce dernier s’engagea à payer les frais afférent à l’installation de Tupaia à bord de l’Endeavour. Mais le Tahitien n’a finalement jamais posé les pieds en Angleterre. Le livre Tupaia, le pilote polynésien du capitaine Cook met en lumière un certain nombre d’éléments laissés dans les oubliettes de l’histoire. Joan Druett explique que "sans cet aristocrate, prêtre et érudit polynésien, les contacts avec les Maoris de Nouvelle-Zélande se serait limités à de sanglantes escarmouches". Elle affirme que "Cook tenta dans son journal de minimiser par tous les moyens le rôle de Tupaia durant le voyage, y compris durant les premiers échange avec les aborigènes d’Australien où le tahitien fut pourtant le seul à avoir gagné leur confiance".

Pratique

Pour en savoir sur l’auteur : www.joan-druett.blogspot.com
Dédicace à la librairie Odyssey samedi 25 juin de 9h30 à 11h30

Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 22 Juin 2016 à 10:49 | Lu 1139 fois