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"Tapa, du mythe à la danse" passe à l’écran


Julien Markt, monteur aux côtés de Jacques Navarro-Rovira, réalisateur. Ils montent le documentaire qui devrait s’intituler Alors on danse, en hommage à la chanson de Stromae.
Julien Markt, monteur aux côtés de Jacques Navarro-Rovira, réalisateur. Ils montent le documentaire qui devrait s’intituler Alors on danse, en hommage à la chanson de Stromae.
PAPEETE, le 28 juin 2016 - Les six mois de répétitions et la grande soirée de représentation du spectacle Tapa, du mythe à la danse sont en cours de métamorphose. Ils vont devenir Alors on danse, un documentaire de 52 minutes signé Jacques Navarro-Rovira.

"Ce que j’aimerais avec ce documentaire c’est d’une part changer le regard des valides sur les personnes porteuses de handicap. Tout au moins apporter ma petite pierre à ce grand chantier", explique le réalisateur Jacques Navarro-Rovira. "D’autre part, j’espère que le documentaire changera le regard des personnes handicapées sur elles-mêmes. Ces personnes savent qu’elles ne seront jamais comme les personnes valides, mais en montant sur scène, en participant à des projets et activités comme l’handidanse elle découvre, si besoin est, qu’elles ont une place à prendre dans le monde des valides."

Pérenniser les cours de handidanse

Le documentaire, qui devrait s’intituler Alors on danse (en hommage à la chanson de Stromae), raconte la genèse, la création, les répétitions du spectacle Tapa, du mythe à la danse. Un spectacle qui s’est joué le 14 janvier dernier au Petit théâtre de la Maison de la culture, à guichet fermé. Il mettait en scène quinze danseurs et danseuses de ‘ori tahiti et de danse contemporaine dont quatre danseurs handicapés. Il devrait être diffusé d’ici à la fin de l’année sur Polynésie 1ère, co-producteur du projet. Jacques Navarro-Rovira espère en plus le présenter au comité de sélection du Fifo. Pour finaliser le montage et la post-production, pour payer les acteurs du projet et, dans l’idéal, pour pérenniser l’organisation de cours de handidanse, une campagne de financement participatif est en cours (voir encadré).

"Elle n’a jamais pu oublier les regards de pitié"

L’histoire du documentaire a commencé il y a plus de trois ans. "Une amie métropolitaine, Cathie Leveillé Porché, danseuse contemporaine m’a ouvert les portes de son monde." Cette danseuse, a été victime d’un accident dans les années 2000. Elle a passé plusieurs mois en fauteuil roulant. Elle s’est battue pour retrouver sa mobilité. La danse, la volonté, les séances de kiné l’ont aidée. Elle a finalement atteint son objectif, retrouvant 95% de sa mobilité, mais elle n’a jamais pu oublier les regards de pitié qui s’étaient posés sur son corps lorsqu’elle n’avait plus l’usage de ses jambes. "Ce qui l’a amené à devenir professeure de handidanse", raconte Jacques Navarro-Rovira.

"Grâce à elle j’ai assisté à des spectacles mêlant sur scène valides et personnes handicapées. J’ai vu qu’il se passait quelque chose dans les yeux du public et des artistes. J’ai voulu filmer tout ça. Mais il me fallait rester plusieurs mois en France pour suivre le travail de Cathie." Ce qui n’était pas envisageable. En revanche, la professeure de danse pour personnes handicapées a pu prendre trois semaines de son temps pour venir à Tahiti.

En juillet 2015, elle a animé en binome avec Marine Zegrar, une master class. Elle a formé Marion Fayn, danseuse contemporaine et Tuari'i Tracqui, danseur de ‘ori tahiti. Lesquels, avec l’accord de la Fraternité chrétienne, ont animé des cours de danse à des personnes handicapées. Les répétitions de danse ont eu lieu de septembre à janvier, jusqu’au show.

Un financement participatif adapté

Le projet est inscrit sur le site français de financement participatif : www.touscoprod.com. Les récompenses remises aux donateurs sont les suivantes :
Une carte postale dédicacée par la troupe contre une somme de 5 000 Fcfp.
Le DVD du film contre 7 000 Fcfp.
Un exemplaire du livre Je suis née morte de Nathalie Salmon-Hudry paru Au Vent des îles contre 10 000 Fcfp.
Trois cours de danse à l’école de danse Annie Fayn contre 12 000 Fcfp.
D’autres récompenses sont possibles comme participer à la fête de fin de tournage, partager un dîner avec l’équipe du film, êtres invités en VIP à l’avant-première du film… L’équipe du projet fait un appel aux artistes et artisans qui accepteraient de se joindre à eux en fournissant de leurs œuvres.
Pour adapter le concept de crowfunding au fenua, les donateurs peuvent aussi remettre l’argent par chèque ou en espèces dans les boutiques Vini (sauf Mahina) ou à la fraternité chrétienne des handicapés (Frat) derrière l’église Maria no tehau à la Mission.
Sur 5 000 € (près de 600 000 Fcfp), 3 580 € (427 000 Fcfp) ont déjà été levés grâce à 30 "coprods". Il reste 40 jours.

Contact

Facebook : Oceania Film
[email protected]

Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 28 Juin 2016 à 16:28 | Lu 1794 fois