Tahiti Infos

Pierre Motahi exposera au Grand Palais l’année prochaine


TAHITI, le 18 septembre 2020 - L’artiste polynésien Pierre Motahi a été retenu pour participer au Salon Art Capital au Grand Palais à Paris en février 2021. Une opportunité pour celui dont l’art est un moyen de revendication. Ses dessins sont là pour faire passer des messages.

"Au centre se trouve une femme, car ce sont les femmes qui battaient le tapa", explique Pierre Motahi. Il a entre les mains l’une des œuvres qu’il présentera à Paris à Art Capital (dans la section Salon dessin et peinture à l’eau) au Grand Palais en février 2021.



Encouragé par l’artiste Valmigot (qui participera également à l’événement mais dans l’espace Salon comparaisons), il a envoyé un dossier de candidature au début du mois.

"Les inscriptions devaient se terminer en mai, mais avec la crise, le délai a été allongé. J’en ai profité en me disant que si ça ne passait pas, au moins j’aurais essayé." Cet événement voit défiler chaque année 40 000 visiteurs !

Il a reçu une réponse positive par mail il y a quelques jours. La nouvelle l’a sonné. "Je vais pouvoir exposer dix dessins, ceux que j’ai glissés dans mon dossier." Il explique : "le tiki fait référence aux ancêtres. Il matérialise par ailleurs une sorte de visage robotique". Ce qui, selon l’artiste, rappelle la menace qui pèse.

"La pratique pourrait bien disparaître un jour, j’ai vu qu’aux Fidji des machines battaient le tapa !", s’indigne-t-il. Il est inquiet. "Car il y a urgence à agir", insiste-t-il. L’horloge sur le dessin illustre le temps qui passe.

Éveiller les consciences

Les dessins de Pierre Motahi sont des alertes. "Chacun d’eux essaie d’émettre un message implicite ou explicite pour éveiller les consciences de la population. Je suis un artiste engagé."

"De formation, je suis designer d’intérieur, dessinateur-projeteur, de passion, je suis artiste peintre, sculpteur, graveur." Il a 25 ans et a obtenu non loin de Toulouse un Brevet de Technicien Supérieur (BTS).

De retour en Polynésie, il a suivi une année d’études au Centre des métiers d’arts. À l’issue de cette année généraliste, il a saisi une opportunité professionnelle. Il a intégré une agence d’architectes d’intérieur.

Là il a gagné en expérience, mais il ne pouvait pas se consacrer à son art autant qu’il aurait aimé. Il s’est mis à son compte.

Un moyen de s’évader

De cette manière il peut passer le début de journée en ville. Puis, en milieu de journée rentrer à la Papenoo, son cocon de création. "Quand j’arrive chez moi, c’est un reflexe, je me mets à mon atelier, c’est le moyen que j’ai trouvé pour m’évader."

Même les vagues ne réussissent pas à le détourner de ses habitudes. "Enfin pas toujours, je suis surfeur et parfois quand même je quitte l’atelier."

Membre de l’association A4 Tahiti art, il a rencontré Valmigot en 2019, au cours d’une exposition. "Elle a cru en moi, a vu le potentiel de ce que je faisais alors."

Avec Hereiti Vairaaroa et Claire Mourabi, Valmigot a monté l’exposition 'Mona Lisa, tapa tout dit' qui a été repoussée à cause du confinement et aura lieu fin septembre à la Bibliothèque universitaire.

Aussi Pierre Motahi exposera-t-il un dessin au cours de cet événement. L’occasion, pour les visiteurs, de découvrir l’œuvre qui partira ensuite à Paris.

Dessin de Pierre Motahi.
  • Dessin de Pierre Motahi.
  • Dessin de Pierre Motahi.
  • Dessin de Pierre Motahi.
  • Dessin de Pierre Motahi.

Rédigé par Delphine Barrais le Vendredi 18 Septembre 2020 à 14:41 | Lu 2632 fois