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Aides à la création d'entreprise : l'ADIE et la SOFIDEP deux moteurs essentiels


Nathalie va ouvrir son salon d'esthétique début septembre à Papeete.
Nathalie va ouvrir son salon d'esthétique début septembre à Papeete.
PAPEETE, le 18 août 2016 - Il est parfois difficile de créer sa propre entreprise : faute de moyens, de savoir-faire et parfois, de confiance. En Polynésie française, deux organismes proposent des aides financières pour les plus petits : du microcrédit au prêt.

Un véritable parcours du combattant. La création d'entreprise l'est pour les personnes hors du système bancaire traditionnel ou pour les entrepreneurs qui ne sont pas assez solides financièrement, du point de vue des banques.

"Nous avons vécu au Canada pendant quatre ans. Là-bas, je me suis formée au métier d'esthéticienne et masseuse. Quand je suis rentrée sur Tahiti, j'ai tapé à plusieurs portes pour trouver du travail, mais on m'a tout refusé, je suppose à cause de mon âge", regrette Nathalie, esthéticienne. Cette maman de quatre enfants songe alors à créer sa propre activité. Une ambition qu'elle a pu mener à bien grâce à l'ADIE, l'Association pour le droit à l'initiative économique (ADIE). "J'ai monté mon dossier et ils m'ont accordé un crédit de 700 000 francs. Avec ça, j'ai pu acheter le matériel, trouver un local et démarrer mon entreprise." Son salon ouvrira au début du mois de septembre à Papeete. L'ADIE fonctionne grâce aux subventions de l'Etat et du Pays. Depuis sa création en 2009, elle est venue en aide à 3284 personnes.

Henry, habitant de Tiarei, est l'un d'entre eux. Licencié après 22 ans au service de la même entreprise, ce père de famille n'arrivait pas à retrouver du travail. Grâce à l'ADIE, il a retrouvé la confiance en lui et surtout, les financements pour devenir son propre patron. Il est aujourd'hui à la tête d'une entreprise d'hydro curage sur la côte est de Tahiti. "J'ai commencé mon activité en décembre 2015 et aujourd'hui, j'arrive à nourrir ma famille et à vêtir mes enfants. S'il n'y avait pas eu l'ADIE, on serait encore à pleurer…", s'exclame t-il.

A Tahiti et Moorea, mais aussi au Raromatai, aux Australes et aux Tuamotu-Gambier et bientôt, aux Marquises, les collaborateurs permanents et les bénévoles de l'ADIE sont partout en Polynésie française. Les microcrédits accordés touchent tous les secteurs d'activité. "C'est grâce à l'ADIE que nous avons pu développer notre entreprise d'horticulture et d'arboriculture", témoignent Capo et Marceline, installés à Moorea. Accompagnés depuis 2012, ces agriculteurs viennent de faire leur 3ème demande de prêt à l'ADIE. "Nous les utilisons pour acquérir du matériel", ajoute Capo, une fleur d'hibiscus entre les mains.

Le plafond des microcrédits s'élève à un million de francs pour chaque entreprise. Pour les projets dont le coût est plus important, la société de financement du développement de la Polynésie française (SOFIDEP) prend le relais.

> Lire aussi : La DGAE met en place des aides pour les petites entreprises et les commerces de proximité

Capo et Marceline Oitoi, horticulteurs et arboriculteurs à Moorea.
Capo et Marceline Oitoi, horticulteurs et arboriculteurs à Moorea.

"ENTRE L'ADIE ET LES BANQUES"

La SOFIDEP, société d'économie mixte dont le Pays est à 85 % actionnaire, soutient et accompagne les très petites et moyennes entreprises à chaque étape de leur cycle de vie : de la création à la relance en passant par le développement et la transmission. "Il y a beaucoup de gens qui sont sans travail mais qui ont des idées, explique Gaspard Toscan du Plantier, directeur général de la SOFIDEP : "Une entreprise individuelle créée, c'est un emploi de créé. Ici, à la SOFIDEP, on amorce la pompe. Nous sommes un peu entre l'ADIE et les banques."

Une subvention de 400 millions de francs vient d'être allouée par le Pays à la société d'économie mixte (SEM) pour lui permettre d'accorder plus de prêt d'aide à la création d'entreprise (PACE). Mis en place en 2015, cette aide finance l'intégralité des besoins pour la création ou le développement d'entreprises, dont les projets restent inférieurs à 10 millions de francs. "Avec le PACE, nous accompagnons les plans difficilement finançables par les banques." Pour l'obtenir, les demandeurs doivent fournir un dossier "en béton". "Nous nous concentrons sur le porteur de projet. Nous analysons les choses en profondeur : nous voulons une qualification, un business plan, nous évaluons la viabilité du projet et surtout, la motivation de la personne."

Au premier semestre 2016, 43 entreprises ont été soutenues par le PACE. Au contraire d'une banque, la SOFIDEP ne prend pas de frais de dossier et ne demande pas de garantie. "Pour un prêt de 5 millions de francs par exemple, le bénéficiaire s'engage à rembourser 100 000 francs par mois", précise le directeur général. En cas de problème, l'entrepreneur peut demander un aménagement de son emprunt. "Par contre, des fois, nous avons des personnes qui font l'autruche lorsqu'elles ne peuvent plus rembourser. Dans ces cas là, nous sommes obligés d'engager des poursuites contentieuses. Nous ne sommes pas une banque mais nous fonctionnons avec de l'argent public, nous avons des compte à rendre!"

Complémentaires, l'ADIE et la SOFIDEP offrent la possibilité aux habitants du fenua d'accéder à l'emploi avec le moins de difficultés financières possibles. A condition que le projet soit fiable et viable, l'association et la SEM accompagnent les entrepreneurs tout au long de leur parcours, du combattant.

L'ADIE en cinq questions

La directrice régionale de l'Adie et le haut-commissaire, René Bidal, lors de la signature de la convention annuelle.
La directrice régionale de l'Adie et le haut-commissaire, René Bidal, lors de la signature de la convention annuelle.
- Quoi? L’Adie est une association reconnue d’utilité publique qui aide des personnes exclues du marché du travail et du système bancaire à créer leur entreprise et donc leur propre emploi grâce au microcrédit. L'Adie a été créée en 1989 par Maria Nowak en adaptant à la France le principe du microcrédit, mécanisme financier qui a largement fait ses preuves dans les pays du tiers-monde, en Asie, Afrique et Amérique Latine. Aujourd’hui, des millions de personnes à travers le monde vivent de leur travail grâce à ce type de financement.

- Pour qui? Pour les porteurs de projet désireux de créer une activité qui génère des revenus mais qui n'ont pas les ressources suffisantes pour se lancer.

- Combien? L'ADIE finance des microcrédits pour des projets qui ne peuvent excéder 1 million de francs. Les bénéficiaires ont entre 30 et 48 mois pour rembourser leur prêt à l'association, à un taux bien plus bas que celui des banques.

- Comment? L'ADIE reçoit des subventions de l'État : une convention a été signée ce jeudi entre l'État et l'ADIE pour une subvention de près de 24 millions de francs pour 2016. Elle reçoit aussi des aides du Pays à hauteur de : 27 millions de francs par le ministère de l'Économie, 13 millions de la part de la direction des affaires sociales, 895 000 francs par an pour trois ans de la part de la Polynésienne des Eaux. A ces subventions s'ajoutent aussi les aides des différentes mairies.

- Où? L'ADIE possède un bureau dans le centre-ville de Papeete, près du cinéma Le Liberty. L'association a aussi des antennes dans les autres îles : Rangiroa, Hao, Uturoa et Tubuai. D'ici à la fin de l'année, de nouvelles antennes devraient ouvrir dans les îles Marquises et Gambier.

Par téléphone : 40 53 44 23. Par mail : [email protected] ; sur Facebook : ww.facebook.com/adie.polynesie

La SOFIDEP en cinq questions

Gaspard Toscan du Plantier, directeur général de la Sofidep.
Gaspard Toscan du Plantier, directeur général de la Sofidep.
- Quoi? La Société de financement du développement de la Polynésie française est une société d'économie mixte locale qui assure une mission publique de développement économique. Créée en 1999, c'est un outil de développement économique chargé de faire des prêts participatifs et de prendre des participations dans le capital d'entreprises constituées en Polynésie française.

- Pour qui? Pour les très petites et moyennes entreprises basées en Polynésie française dans tous les secteurs d'activité (à l'exception de l'immobilier, la grande distribution, l'assurance et la banque). Depuis sa création, elle a financé 750 dossiers pour 5,5 milliards de francs injectés dans les entreprises locales.

- Combien? La SOFIDEP propose près d'une dizaine de prêts à partir d'1 million de francs avec des thématiques spécifiques.

- Comment? La SOFIDEP reçoit des subventions du Pays, la dernière en date est de 400 millions de francs. Société d'économie mixte, elle détient aussi des fonds propres. La Polynésie française est actionnaire à 85 % de la SOFIDEP, le reste des parts est partagé entre la Socredo, la Banque de Tahiti, l'EDT, la Banque de Polynésie, la CCISM et la CGPME.

- Où? La SOFIDEP se situe rue du Docteur Cassiau, à côté de la CCISM à Papeete, Tahiti. Les chargés d'affaire et le directeur de la société se déplacent régulièrement dans les îles pour rencontrer des clients et présenter leurs produits. Ils seront à Maupiti, îles sous-le-Vent, début septembre et du 12 au 16 septembre aux Australes.

Par téléphone : 40 50 93 30; par mail : [email protected]

Luana et Henry Teuva, viennent de lancer leur activité d'hydro curage, grâce à l'ADIE.
Luana et Henry Teuva, viennent de lancer leur activité d'hydro curage, grâce à l'ADIE.

Rédigé par Amelie David le Jeudi 18 Août 2016 à 16:33 | Lu 9344 fois