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Brigade cynophile : quatre mūto'i de Papeete certifiés


Rudy Olek (au centre) a suivi durant deux semaines quatre agents de l'Uraic de la police municipale de Papeete.
Rudy Olek (au centre) a suivi durant deux semaines quatre agents de l'Uraic de la police municipale de Papeete.
PAPEETE, le 2 mars 2018 - Rudy Olek vient de la brigade cynophile d'Orléans. Il est en Polynésie pour évaluer deux conducteurs cyno-techniciens de la police municipale de Papeete, et pour former deux assistants conducteurs. Après deux semaines intenses de formation, le bilan est plus qu'encourageant. L'un d'eux devient, par la même occasion, formateur cyno-technicien.

Partout dans le monde, des brigades de police municipale sont munies d'équipes cynophiles, c'est-à-dire, de chiens policiers.

En Polynésie française, seule la police municipale de Papeete en est équipée, on appelle cette section, l'Unité rapide d'assistance et d'intervention cynophile (URAIC), qui est chapeautée par Marcel Kwong.

Actuellement, seuls deux agents de police occupent la fonction de conducteur cyno-technicien : Marcel Kwong et James Rey. "Nous avons passé la formation de conducteur, l'an dernier, à Orléans", explique James Rey. Le challenge pour ces deux agents, aujourd'hui, est de recevoir la certification pour conduire leurs propres coéquipiers au fenua. "L'objectif pour moi est que nous soyons notés, moi et mon chien. Pour que je sois apte à le conduire sur la voie publique", poursuit-il.


Et pour réaliser cela, un moniteur métropolitain est au fenua. Il nous vient du pôle cynotechnique d'Orléans. Durant deux semaines, Rudy Olek les a formés. "Les chiens d'intervention ont un rôle d'assistance aux collègues de la police municipale. Ils ont deux actions : une action en percussion muselée et en saisie mordante, tout ça cadré par de la légitime défense. Ils vont avoir un rôle d'assistance, de dissuasion sur la voie publique pour éviter tous méfaits", raconte Rudy Olek, formateur cyno-technicien.

Les comportements du maitre et de son chien sont donc notés. "On leur fait un programme d'obéissance, de muselé et de mordant", prévient Rudy Olek. Une étape cruciale, si Marcel et James veulent intervenir avec leurs coéquipiers sur la voie publique.


Parallèlement, deux autres agents de la police municipale de Papeete sont également suivis par Rudy Olek. Il s'agit de Karim Achille et d'Adrien Barsinas. Tous deux ont été formés pour devenir assistant conducteur cyno-technicien. "L'assistant prend d'abord contact avec l'individu, avant qu'on lâche le chien. Donc, je vais négocier, et suite à cela, il y a la palpation, la sécurité, le menottage et s'il y a une rébellion, je fais lâcher le chien", détaille Karim. "L'assistant pourra neutraliser l'individu au sol, le menotter et le conduire s'il y a un flagrant délit", rajoute Rudy Olek.

Après deux semaines de formation, les quatre agents de l'Uraic ont passé leur examen final, vendredi matin, devant leur formateur et leur chef de brigade, Roger Lamy. Grâce à leurs efforts, ils ont réussi avec brio les tests. Marcel Kwong décroche également le titre de moniteur référent, "ce qui veut dire que je pourrai former localement. C'est l'aboutissement de tout ce que j'ai suivi", indique-t-il.

La remise des diplômes devrait se tenir la semaine prochaine, à la mairie de Papeete.

Rudy Olek reviendra vers la fin de l'année pour poursuivre la formation des agents de l'Uraic.

L'interview du formateur

Rudy Olek
Moniteur cyno-technicien


Parlez-nous de l'importance d'une équipe cynophile ?

"L'équipe cynophile, c'est le maitre et le chien. Il doit y avoir une symbiose entre les deux. Les collègues doivent maitriser leurs chiens dans n'importe quelle situation. Il faut avoir un minimum de maitrise. Ce sont des chiens qui mordent et qui savent neutraliser en percussion muselée. Mais, ce sont aussi des chiens qui ont un programme d'obéissance et qui obéissent à leurs maitres."

Tous les chiens peuvent en faire partie ?
"Il faut vraiment que ce soit des chiens de lignée de travail, qu'on reste sur des chiens adultes et qu'ils soient assez équilibrés. La race du chien est importante aussi. Par rapport en tout cas à la Polynésie, le berger belge malinois est optimisé par rapport au berger allemand. C'est moins lourd et plus réactif… Après, on se base sur un programme d'obéissance. Donc, il faut quand même que les chiens soient réceptifs à ce programme. Ils doivent aussi avoir des qualités de mordants assez naturels. Et surtout, on ne part pas sur de la peur, mais sur une attitude où c'est un jeu pour l'animal."

Beaucoup disent que les bergers belges malinois sont mieux que les bergers allemands. Est-ce vrai ?
"On s'est rendu compte en France, comme partout ailleurs, d'une dysplasie chez les bergers allemands (BA). Et les BA opérationnels, à 8-9 ans avaient des problèmes de dysplasie. En France, on s'est optimisé sur les bergers belges malinois, où le chien est plus robuste et où on n'a pas trop de problèmes de dysplasie. Bon, ça arrive chez les malinois, mais c'est plus rare en tout cas."

Comment se déroulent vos interventions à Orléans ?

"Nos interventions à la brigade municipale d'Orléans sont les mêmes qu'ici. Nous adaptons nos dressages par rapport à la population et aux mises en situation sur la voie publique. Ca veut dire qu'on va réorienter le chien pour qu'il soit réactif par rapport à certaines situations. On a souvent des sorties de bars, de boites de nuit, où les gens sont agressifs, et où ils ont consommé de l'alcool sur la voie publique. Donc là, on essaye de sécuriser les établissements qui servent ces boissons, et surtout, on essaye de faire en sorte qu'il n'y ait pas d'incidents sur la voie publique."

Interdisez-vous le contact entre le chien et le public ?
"On n'interdit pas forcément le contact avec les gens, mais on évite d'entrer dans le périmètre de sécurité du chien pour avoir une défense du maitre. Ça veut dire que si on commence à habituer une personne lambda à s'approcher du chien, eh bien, l'animal va se dire, qu'on a le droit de m'approcher ainsi que mon maitre. Donc, dans le dressage, nous mettons un périmètre de sécurité pour ne pas qu'on puisse approcher le policier. On peut les laisser libre, quand ils sont à la maison. Mais, quand ils sont au travail, on applique un périmètre de sécurité. Ils empêchent les gens d'intervenir ou d'interférer dans une intervention."


La parole aux stagiaires

Marcel Kwong
Conducteur cyno-technicien et moniteur référent

"Chaque conducteur devra éduquer son chien"


"J'ai déjà commencé avec les deux chiens que nous avons. J'ai mis en place les exercices et la formation, suite à la formation que nous avons suivi en 2016, à Orléans.
Le dressage viendra après. Pour l'instant, les policiers se familiarisent avec l'animal et petit à petit, on les dressera et on les fera travailler. Chaque conducteur devra éduquer son chien.
Un programme sera mis en place et je vais suivre le programme de formation, monter les exercices, et mettre le travail de policier sur les chiens qui seront sur la voie publique.
On appliquera à partir de juillet, avec l'acquisition de deux nouveaux chiens. C'est un projet, qui normalement, devrait tenir la route. À partir de ce moment-là, on mettra le programme police sur ces deux nouveaux chiens, et les futurs conducteurs.
"


James Rey
Conducteur cyno-technicien

"Ce n'est pas un chien de maison"


"L'objectif est de marquer une présence policière et rassurer le public. Les gens n'ont pas à avoir peur, ce sont des chiens dressés, mais, il ne faut pas s'en approcher.
Il ne faut surtout pas avoir de gestes brusques, si une personne crie en s'approchant de nous, ça peut déclencher une réaction chez le chien. Le chien a toujours une muselière, pour le cadre légal.
Avant, j'étais un simple agent et j'intervenais la nuit. Le travail est bien, mais au fur-et-à-mesure, on avait besoin de renforcer notre équipe, vu qu'on se retrouvait toujours en minorité dans nos interventions. Aujourd'hui, avec les chiens, c'est beaucoup mieux. Mais, ce n'est pas du jour au lendemain, que nous avons conduit nos chiens. Il y a eu d'abord la familiarisation avec le chien, où une confiance s'installe entre le conducteur et le chien, cette période est vraiment importante. Ce n'était pas évident, non plus. Mais attention, ce n'est pas un chien de maison. Le chien de maison, tu le mets dans la cour et tu fais ce que tu veux, tu le grondes, tu le corriges. Le chien d'intervention c'est différent. Il faut le prendre autrement, il faut prendre sur soi, il faut prendre du temps en dehors de nos heures. Il ne faut pas le taper, quitte à le laisser et reprendre le lendemain pour qu'il réagisse mieux.
"


Karim Achille
Assistant conducteur cyno-technicien

"Il ne faut pas oublier que le chien est une arme"


"Ça fait 18 ans que je suis dans la police municipale. J'ai fait brigade de jour pendant 5 ans et le reste, je travaillais de nuit. Je suis revenu en brigade de vélo, ça fait un an, et j'ai voulu suivre cette formation pour être assistant.
Je n'aime pas la routine et j'aime toucher à tout. Ça m'a intéressé parce que tu as l'obéissance avec les animaux, et il ne faut pas oublier que le chien est une arme, et il faut avoir un cadre juridique.
J'ai appris le cadre juridique qui est très important. On a appris aussi l'obéissance, l'anatomie du chien, les maladies et puis l'entrainement. Ce n'est pas évident. Il faut d'abord être passionné, il faut être calme, après le chien n'est pas bête, il est comme un humain, il réfléchit. C'est à toi de bien le manipuler physiquement et psychologiquement. Notre moniteur nous a donné quelques techniques, après notre chef de brigade sera formateur aussi. Il sera avec nous. Il y aura des semaines, où nous devrons nous entrainer pour que ce soit plus facile pour nous sur la voie publique.
"



le Vendredi 2 Mars 2018 à 16:30 | Lu 12993 fois