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Christian Vanizette déçu de ne pas pouvoir partager de victoire avec ses soutiens polynésiens


En mai 2014, Christian Vanizette était venu animer un séminaire d'entreprenariat social au sein de l'école de commerce de Tahiti (ECT).
En mai 2014, Christian Vanizette était venu animer un séminaire d'entreprenariat social au sein de l'école de commerce de Tahiti (ECT).
PARIS, le 8 octobre 2015. L'initiative MakeSense dont le cofondateur est un jeune polynésien de 28 ans, Christian Vanizette, a raté de quelques milliers de voix seulement le prix du public du Google Impact Challenge 2015 de Paris. Mais il ne repart pas les mains vides !

Pas question surtout de se laisser abattre. Ce n'est ni dans son tempérament, ni dans ses habitudes. Quelques heures après les résultats du concours Google Impact Challenge de Paris, Christian Vanizette est prêt à repartir à la recherche des financements qui lui manquent pour développer sa plateforme de connexion mondiale des entrepreneurs sociaux. MakeSense a loupé de 5 000 voix seulement le prix du public du Google Impact Challenge. 5 000 voix seulement sur les 365 000 environ qui sont venues abonder le classement des dix finalistes français de ce concours philanthropique lancé par Google "pour soutenir et promouvoir des projets innovants qui peuvent avoir un impact positif sur le monde".

Mais Christian Vanizette ne s'atermoie pas de sa situation d'outsider. Finaliste du concours, il reçoit en lot de consolation la somme de 200 000 euros (23,8 millions de Fcfp) pour faire avancer plus loin son projet de développement. L'annonce de cette prime accordée aux finalistes –même non lauréats- a été faite jeudi soir à Paris lors de la remise des prix. Et surtout grâce à sa participation au concours Google, il a gagné encore en visibilité et réputation, particulièrement internationale : avec le soutien en plus du "mentoring" de Google le projet MakeSense va vite gagner en ampleur.

"Même si nous avions gagné les 500 000 euros des lauréats du concours Google, il nous manquait encore de l'argent pour nous répartir comme on veut le faire dans le monde entier. Notre besoin est de 800 000 euros au total" poursuit encore Christian Vanizette qui s'est fixé jusqu'à la fin de l'année pour atteindre son objectif.

Aussi, alors qu'il réalisait que MakeSense était finaliste mais pas lauréat du concours, Christian Vanizette pensait surtout à la déception de tous ceux qui ont voté pour son projet mais ne sont pas récompensés de leurs efforts. "On aurait surtout aimé pouvoir partager une victoire avec tous ceux qui nous ont soutenus. Il y a eu un formidable élan, particulièrement à Tahiti et ça m'a donné vraiment envie de venir passer plus de temps là-bas et de lancer un incubateur sur place" explique-t-il. "C'est surtout dommage de ne pas pouvoir récompenser toute cette énergie-là avec une place de lauréat. Nous on sait qu'on va finir par rassembler tout ce qu'il nous faut".

En attendant, c'est essentiellement vers les Etats-Unis que les promoteurs de MakeSense vont se tourner dans leur quête de financement. L'Europe et la France particulièrement ne semblent pas encore des terres propices à cette innovation sociale et technologique à la fois.

Pourtant, la presse nationale et même la presse économique métropolitaine n'a eu de cesse ces dernières semaines de présenter et de mettre en avant les idées de ce jeune entrepreneur polynésien. Il y a deux jours, un portrait d'une page complète était encore consacré à Christian Vanizette dans Le Figaro sous le titre : "Christian Vanizette, entrepreneur social 2.0". L'impact du concours Google a donc eu des effets positifs et il faut se servir de cette nouvelle impulsion pour rebondir. Toujours dans le mouvement, Christian Vanizette est déjà en route pour d'autres rendez-vous avec en vue la levée des fonds nécessaires pour faire avancer toujours plus loin MakeSense que l'on pourrait qualifier d'entreprise sociale, mondiale et connectée.

MakeSense : comment ça marche ?

C'est une plateforme en ligne (http://beta.makesense.org/) sur laquelle des entrepreneurs solidaires soumettent leur projet. Leur activité est découpée en petits défis appelés "Hold-up." MakeSense est une plateforme participative où les échanges entre les entreprises sociales, les partenaires financiers, les personnes disposant du savoir-faire et/ou des technologies pour répondre à un défi peuvent communiquer les uns avec les autres, via Internet, et trouver des solutions aux défis proposés. Les échanges via la plateforme MakeSense sont gratuits, mais les fondateurs de la plateforme se rémunèrent en animant des formations sur l’entrepreneuriat social. Les bénévoles de l'association peuvent soutenir des actions locales ponctuelle ou se rallier à des causes globales sur le long terme. "D'ici 3 ans, plus de 300 000 bénévoles seront mobilisés dans 70 pays avec, par exemple, pour objectif la réduction des déchets, du décrochage scolaire ou encore du gaspillage alimentaire...", indiquait Christian Vanizette dans la présentation de son projet au Google Impact Challenge.

Pour consulter la plateforme MakeSense, CLIQUER ICI

BIO EXPRESS

Christian Vanizette n’était encore qu’un étudiant de l’école Euromed Management de Marseille quand il a eu le déclic, en 2010, pour le monde l’économie sociale et solidaire. Né à Tahiti, formé notamment au lycée Gauguin jusqu’en prépa HEC, il est séduit par la lecture d’un ouvrage de Muhammad Yunus, fondateur du microcrédit, un des pionniers du "social business" récompensé d’un prix Nobel de la Paix en 2006. En quelques années à peine, MakeSense a réussi à convaincre de nombreuses personnes et à correspondre avec des partenaires dans le monde entier.

Novembre 1986 : Naissance à Papeete
2006 : Entre à Euromed Management de Marseille (devenue depuis la Kedge Business School)
Janvier 2010 : il part en Asie, rencontre des entrepreneurs sociaux et lance le concept de MakeSense.
Novembre 2011 : Cofonde MakeSense en association loi 1901.
2015 : MakeSense compte 20 000 bénévoles répartis dans 100 communautés locales à travers le monde et a déjà permis à 800 entrepreneurs sociaux de développer leurs projets
Objectif 2016 : aboutir à une levée de fonds nécessaire et suffisante de 800 000 euros afin de fonder sept plateformes réparties dans le monde prêtes à fédérer 100 000 bénévoles.

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 8 Octobre 2015 à 17:11 | Lu 3039 fois