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Jean-Luc Bousquet : une rétrospective exposée et éditée


PAPEETE, le 26 mars 2018 - Le peintre Jean-Luc Bousquet expose actuellement salle Muriavai. Ses œuvres, elles sont 48, âgées de 0 à 36 ans, retracent sa vie artistique. Une trentaine d'entre elles sont rassemblées dans un livret paru chez ‘Api Tahiti édition, mises en lumière par les textes de Riccardo Pineri. D'ici quelques mois, le livret laissera place à un beau livre.

"Pourquoi je fais une exposition rétrospective ? ", interroge le peintre Jean-Luc Bousquet. "Pas parce que je vais bientôt mourir, mais parce que je suis motivé par la sortie du livre." Il poursuit : "pourquoi un livre ? " Il répond : "pour rendre les œuvres accessibles à tous et permettre à tous de les voir quand ils le souhaitent. En effet, mes peintures ont un certain coût et, une fois vendues, elles disparaissent dans la sphère privée, on ne les voit plus."

Un traumatisme à 1 an


Jean-Luc Bousquet est peintre depuis 35 ans. Il est à Tahiti depuis 23 ans. Il ne sait pas exactement pourquoi il a saisi pinceaux et couleurs. Il n’a pas de certitude sur l’origine de son processus créatif. Il évoque toutefois un traumatisme, vécu enfant. Il n’en a pas le souvenir mais il sait que cela l’a radicalement changé.

"J’avais un an, je me suis renversé de l’eau bouillante sur le visage. J’ai été hospitalisé, installé dans une chambre stérile, une sorte de boîte en verre, attaché pour ne pas toucher les plaies. Je pense que c’est suffisant pour définir le caractère ultérieur. En tous les cas, une phase de régression a suivi l’accident. Je ne marchais plus, j’ai arrêté de m’exprimer, j’ai commencé une vie d’introverti."

Son travail pictural, sur cette base, explore les espaces mentaux. Il a horreur des étiquettes mais il rapporte volontiers le regard que les visiteurs posent sur ses toiles : "fantastique", "fantasmagorique", "onirique". Il n’a pas fait d’école d’art. "J’ai appris auprès d’un peintre portugais la peinture classique, formel, celle de la renaissance." Ses couleurs sont franches, ses traits, nets. Il laisse à voir un univers sans frontière. Prêt à tout montrer.

En préface du livret paru chez ‘Api Tahiti pour l’exposition il indique : "Ce qui m’intéresse, c’est le domaine latent en dessous des surfaces qui s’exprime parfois dans les songes. Cette part de soi encore à découvrir, voire à démasquer. Cette part d’ombre, l’insaisissable être-en-soi, qui affleure, mais qui n’est pas cernable, car elle ne se définit que par son rapport à l’Autre et au grand Espace Social. Comme un rouge n’est pas perçu de la même manière selon qu’il est entouré de noir ou de blanc. "

"Je cherche l’indicible"

"J’aime à cultiver cette ambiguïté qui génère les lectures plurielles, à faire le funambule sur le fil ténu de ce borderline. Mais impossible pour moi de dire ma propre peinture. Je cherche précisément l’indicible." Avec l’exposition et le livret qui l’accompagne, Jean-Luc Bousquet ne dit pas sa peinture, il l’a fait dire par un autre, Riccardo Pineri. Ancien professeur de littérature comparée et d’esthétique à l’université, philosophe de formation, il est le directeur d’une collection chez 'Api Tahiti édition.

L’histoire de ce double événement (l’exposition et la sortie du livre) remonte à 2016. "J’ai imaginé une maquette de livre et j’ai fait le tour du salon du livre à la rencontre des éditeurs." Le projet n’a pas trouvé preneur. "Mais j’ai rencontré Riccardo Pineri. On a pris un café, il m’a écouté et m’a demandé des photos. Il voulait écouter ma peinture." Riccardo Pineri a commencé à écrire des textes et s’est tourné vers Jean-Luc Bodinier, des éditions ‘Api Tahiti.

"J’ai aimé le lien que Riccardo a fait avec les œuvres de Jean-Luc", explique l’éditeur. "La peinture n’est pas courante, elle peut ébranler, choquer, voir être rejetée par certain. Riccardo a trouvé le moyen de le la rendre accessible. Je me suis dit que ça valait le coup d’essayer."

Un beau livre d’art devait sortir en même temps que l’exposition. Mais une maison d’édition française de renom a fait savoir son intérêt pour le projet. "On attend leur retour pour une possible co-édition d’ici à l’année prochaine. En attendant, il nous fallait quand même proposer quelque chose, nous avons opté pour un livret."

Ce livret, tiré à cent exemplaires (édition limitée) est disponible à la salle Muriavai le temps de l’exposition. Le beau livre d’art sortira lui aussi en édition limitée en 2019, avec ‘Api Tahiti ou en co-édition. Lui comptera 240 pages.

Pratique

Du mardi 27 mars au samedi 31 mars, salle Muriavai à la Maison de la culture. Vernissage le 27 mars à 18 heures.
Entrée libre.
Horaire de 9 heures à 18 heures en semaine et de 9 heures à midi le samedi.
Tél.: 40 54 45 44
Mail : [email protected]



Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 26 Mars 2018 à 20:57 | Lu 1741 fois