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Radio Maohi : une "peine d'avertissement" requise contre Edouard Fritch, délibéré le 24 mai (Màj)


Radio Maohi : une "peine d'avertissement" requise contre Edouard Fritch, délibéré le 24 mai (Màj)
PAPEETE, 8 mars 2016 - Le ministère public a pris mardi matin des réquisitions mesurées dans l'affaire Radio Maohi : pas de peine de prison requise contre Edouard Fritch mais "une peine d'avertissement" de 3 millions de Fcfp d'amende. Le délibéré sera rendu le 24 mai prochain.

Le procureur José Thorel, s'il estime le délit de prise illégale d'intérêt constitué, a souligné qu'il s'agissait d'un "délit primaire" pour Édouard Fritch, "homme politique aux affaires" qui n'a "depuis fait l'objet d'aucune nouvelle procédure". Une peine de 1,5 million de francs d'amende a été requise à l'encontre de journaliste politique et animateur historique de Radio Maohi, Gustave Heitaa pour recel de prise illégale d'intérêt. Le délibéré sera rendu le 24 mai prochain. Les avocats des deux hommes ont tous les deux plaidé la relaxe de leur client, au motif notamment que Radio Maohi n'était plus, à l’époque des faits reprochés, que l'ombre de l'organe de propagande orange qu'elle fut "jusqu'au début des années 2000".

Mis en examen en février 2013 dans ce dossier de prise illégale d'intérêt présumée, le président du Tapura Huiraatira s'est expliqué devant les juges du tribunal correctionnel mardi matin sur les conditions de financement de Radio Maohi, ancienne radio municipale de Pirae et organe de propagande du Tahoeraa Huiraatira.

Edouard Fritch était, rappelons-le, maire orange de Pirae et président délégué du parti au fei quand la radio, moribonde, avait bénéficié en 2007 d'une subvention municipale exceptionnelle pour un montant de l'ordre de 15 millions de francs. Gustave Heitaa, principal animateur de la radio et recruté alors qu'il était employé dans le même temps à l'assemblée de la Polynésie française, accompagnera l'ancien tavana à la barre.

"En toute transparence"

L'affaire avait pris une tournure pénale suite aux observations d'un rapport de la chambre territoriale des comptes. La CTC avait relevé en 2009 des conditions de financement "exceptionnelles" pour une telle radio, sans compter des locaux et du personnel mis à disposition. "Si Radio Maohi devait être considérée comme une radio partisane, la question se poserait de la légalité des subventions qui lui ont été versées", s'interrogeaient à l'époque les magistrats rapporteurs.

Edouard Fritch, lui, a toujours soutenu que la convention entre la mairie de Pirae et Radio Maohi avait été passée "en toute transparence" avec l'administrateur d'Etat et que ni le contrôle de la légalité, ni le Trésor public, n'avaient trouvé à redire quant au versement de cette subvention exceptionnelle, votée en conseil municipal puis approuvée par l'administrateur d'Etat en charge du contrôle de la légalité des actes municipaux.

"Je voulais en faire une radio de proximité pour la commune de Pirae"

"Je voulais en faire une radio de proximité pour la commune de Pirae"

"On a tout dis, j'ai tenté de défendre ma position, je laisse maintenant au tribunal le temps de rendre sa décision", a réagi Edouard Fritch face aux médias à l'issue de l'audience. Quelques minutes plus tôt, il s'était défendu de toute prise illégale d'intérêt en se défendant d'avoir subventionné la Radio Maohi historique, militante et partisane, mais plutôt une radio sur le déclin dont il affirme avoir au contraire voulu changer la ligne éditoriale : "Ce qu'il m'est reproché c'est l'intervention de la commune dans le cadre du sauvetage de Radio Maohi. La prise illégale d'intérêt serait là. L'idée du conseil municipal à l'époque était de sauver cette radio après vingt ans de politique soutenue par le Tahoeraa et surtout le gouvernement. Je voulais en faire une radio de proximité pour la commune de Pirae comme cela l'avait été dans les années 80 et 90. Radio Maohi c'était le drapeau orange à l'Est contre le drapeau bleu à l'Ouest (rires), mon objectif était de déconnecter de tout cela et c'était compliqué".

"Quand on parle des heures glorieuses de Radio Maohi, c'était quand la radio était effectivement la radio de combat du Tahoeraa Huiraatira", poursuit le président du Tapura Huiraatira, qui dit par ailleurs "assumer" les poursuites. "Je voulais insister aujourd'hui, auprès du président tribunal, sur le fait que la situation avait évolué depuis 2004 et que d'ailleurs la radio a fini par plonger en 2008 (…) Il n'y a pas de corruption ni de détournement de fonds publics là-dedans, il y a des interprétations qu'on fait des comportements que j'ai eu comme maire de Pirae en 2007, 2008 et 2009".

"Il y a cet acharnement sur Radio Maohi alors qu'en face, on retrouve les mêmes acteurs, les mêmes outils et les mêmes procédés", a ajouté Edouard Fritch dans une allusion à l'ancienne concurrente, Radio Tefana.

Rédigé par RP le Mardi 8 Mars 2016 à 10:11 | Lu 3025 fois