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WN/ex-Whirlpool: offre de reprise de 44 salariés validée, 138 licenciements


Amiens, France | AFP | mardi 30/07/2019 - Quarante quatre salariés sauvés mais 138 sur le carreau: Ageco Agencement a obtenu mardi le feu vert à la reprise partielle de WN, en redressement judiciaire après avoir échoué à relancer l'activité sur l'ancienne usine de sèche-linge Whirlpool d'Amiens.

Le tribunal de commerce a validé l'offre de la société d'agencement pour les commerces et les collectivités locales. Les salariés non repris seront licenciés le 19 août, après le placement en redressement judiciaire de WN début juin, faute de débouchés pour ses casiers réfrigérés connectés et chargeurs de batteries pour vélos et voitures.
Ageco Agencement (65 salariés, 20 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2018) est déjà implantée sur le site depuis la fermeture de l'usine du fabricant américain de sèche-linge en mai 2018.
"Les belles promesses, on y a eu droit donc on est un peu sceptique", a réagi, amer, un salarié de 50 ans. "Ils reprennent un projet où le carnet de commandes est à zéro depuis un an", a-t-il ajouté, affirmant que, s'il était parti en mai 2018, il aurait eu droit à 30 mois de salaire contre "rien" aujourd'hui.
La lutte des salariés contre la fermeture annoncée en janvier 2017 de l'usine Whirlpool, devenue le symbole des délocalisations industrielles, s'était invitée dans la campagne présidentielle avec une passe d'armes sur place entre l'Amiénois Emmanuel Macron et Marine Le Pen lors de l'entre-deux-tours.
L'usine qui employait 246 salariés a finalement fermé le 31 mai 2018 et sa production a été délocalisée en Pologne pour des raisons de rentabilité. L'industriel picard Nicolas Decayeux avait alors repris 162 des 282 ex-salariés de Whirlpool et l'Etat avait alors versé 2,5 millions d'euros de subventions et Whirlpool 7,4 millions. 
Mais l'entreprise, qui emploie aujourd'hui un peu plus de 180 salariés, se trouve dans une impasse de trésorerie, faute de débouchés commerciaux concrets.

- "Mascarade" -

 
"Peut-être que le plan était trop ambitieux mais un projet entrepreneurial qui échoue, ce sont des choses qui arrivent tous les jours et ce n'est pas un problème en soi", a déclaré mardi sur LCI la secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie, Agnès Pannier-Runacher. "Là où on a pu avoir une critique à formuler, c'est que le dirigeant qui a repris l'entreprise n'avait pas ajusté son train de vie à la situation de l'entreprise et notamment au fait qu'il n'arrivait pas à obtenir les commandes qu'il nous avait promises".
Selon les résultats d'un audit rendu public jeudi par Bercy, environ 98,5% des dépenses réalisées par WN étaient "directement liées à l'activité de l'entreprise", mais quelque 179.000 euros suscitent "des interrogations", en lien avec "des avantages en nature pour les dirigeants".
Pas de quoi convaincre l'avocat des salariés, qui conteste aux prud'hommes le motif économique des licenciements prononcés par Whirlpool il y a un an et a engagé une procédure en référé au TGI d'Amiens contre WN.
"On sollicite notamment les correspondances entre WN et les pouvoirs publics et entre Whirlpool et les différentes institutions intervenues dans le processus (en 2018), notamment l'Elysée qui a été particulièrement actif pendant les douze mois de cette mascarade", a déclaré à l'AFP Me Fiodor Rilov.
Selon un communiqué de la ministre publié juste après la décision du tribunal de commerce, l'entreprise de protéines alternatives Ϋnsect "a marqué un intérêt" pour "implanter sur le site de Whirlpool un centre d'activités et de logistique". Des "solutions partielles porteuses d’espoir", ont salué les présidents d'Amiens, de la métropole et de la Région.
"Le projet WN est un échec. En tant que président de l’entreprise, je l’assume sans problème, mais je ne suis qu’un homme, pas un magicien et encore moins un superman. Je suis juste quelqu’un qui bosse et qui croyait en l’industrie en France", avait déclaré vendredi M. Decayeux, président départemental du Medef, disant avoir "beaucoup d’admiration et d’estime" pour les salariés. 
Début juillet, une centaine d'entre eux avaient manifesté deux fois à Amiens leur "colère" et leurs "inquiétudes" quant à leur avenir professionnel.

le Mardi 30 Juillet 2019 à 06:21 | Lu 180 fois