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Voile - Grand Prix Pacifique : C'est bien parti pour Trésors de Tahiti

La première édition du Grand Prix Pacifique se déroule cette semaine en Polynésie entre Tahiti, Moorea, Huahine, Raiatea, Taha'a et Bora Bora. Huit Diam 24 participent à cette course qui est une étape du championnat du monde de Diam 24. Pas moins de trois équipages tahitiens participent à l'aventure. Nous avons pu nous entretenir avec l'organisateur Teva Plichart.


Trois équipages sont engagés
Trois équipages sont engagés
Depuis trois ans, le skipper Teva Plichart remue ciel et terre pour promouvoir le nautisme polynésien. En 2015, il parvient à convaincre le gouvernement du Pays et obtient des fonds pour que « Trésors de Tahiti » puisse participer au Tour de France à la voile en Diam 24, un catamaran de compétition. En 2017, Trésors de Tahiti se hisse à la deuxième place du Tour Voile.
 
Dans la foulée, Teva Plichart organise en 2018 la première édition du Grand Prix Pacifique prévu du 11 au 15 novembre 2018 en Polynésie auquel participent huit embarcations. Après une conférence de presse organisée vendredi, la course a pu commencer dimanche. Trois équipages locaux sont au départ : Trésors de Tahiti, Trésors de Tahiti espoir et Sceap, skippé par Didier Arnould, membre actif de la fédération tahitienne de voile.

Huit Diam 24 étaient au départ
Huit Diam 24 étaient au départ
La première journée de course
 
Le premier Grand Prix Pacifique des Jeux a été lancé dimanche dans les meilleures conditions possibles dans la rade de Papeete. La capitale polynésienne a servi d’arène pour les deux manches de Stadiums, remportées par le CER de Genève et Oman Sail. Juste avant, plusieurs invités ont pu naviguer à bord des huit Diam 24. Les épreuves « stadium » ont un coefficient moins important que les raids.
 
Le grand vainqueur du jour est Team Mood, skippé par Damien Iehl. Après 2H11 de traversée entre Papeete et la Baie de Cook, à Moorea, l’équipage métropolitain s’est imposé juste devant Trésors de Tahiti, co-skippé par Manutea Mahai et Teva Plichart. L’équipage local avait pourtant fait toute la course en tête juste avant de se faire dépasser par Mood à la dernière bouée, au fond de la majestueuse Baie de Cook.
 
Romilda Tahiata, conseillère municipale de la commune de Moorea-Maiao et représentante du Pays, est venue accueillir les concurrents, accompagnée d’une troupe de danse de Moorea. 
 
Lundi, le plus grand défi de cette première édition du Grand Prix Pacifique des Jeux attendait les concurrents. La traversée Moorea-Huahine, soit 92 milles nautiques, est la plus longue étape du circuit mondial, le World Diam Tour. Le départ a été donné à 6h du matin à l’embarcadère de la Baie de Cook pour une arrivée prévue à Huahine autour de 17H. Au moment où nous écrivons ces lignes, l’étape est toujours en cours. SB / EV

La Polynésie se prête aux sports nautiques
La Polynésie se prête aux sports nautiques
Parole à Manutea Mahai, co-skipper de Trésors de Tahiti :
 
« On a très bien navigué sur la première étape. On n’allait pas très vite au début mais dès qu’on a passé Taaone, on a réussi à reprendre des places. On a fait toute la course en tête car je connais très bien les lieux. On n’a jamais utilisé le GPS ! À l’arrivée, le comité de course a jugé qu’il y avait assez de vent pour laisser la bouée au fond de baie de Cook mais on était arrêtés. Derrière, Mood arrive avec une rafale et nous dépasse. Bravo à eux. En tous cas, je suis très heureux de pouvoir régater chez nous à Tahiti. »

Emmanuel Versace, Teva Plichart et Hughes Riedinger de la Pacifique des Jeux
Emmanuel Versace, Teva Plichart et Hughes Riedinger de la Pacifique des Jeux
Parole à Teva Plichart, organisateur :
 
Un mélange d’excitation et de satisfaction ?
 
« Oui, c’est vrai que c’est beaucoup d’excitation et un peu de stress car il faut espérer que tout se passe bien. C’est une satisfaction de voir que tout le monde est content d’être là. Je suis content de voir qu’on ait trois équipages locaux. On savait qu’on en aurait deux, le dernier s’est monté un peu au dernier moment, j’espère qu’il ne souffrira pas d’un petit manque d’entrainement. C’est très bien qu’on arrive à avoir trois équipages, c’est une bonne représentation pour Tahiti. »
 
Le développement de la voile en Polynésie te tient à cœur ?
 
« Malgré les efforts de la fédération tahitienne de voile, on voit qu’il n’y a plus beaucoup de jeunes en optimist aux championnats du monde. Le dernier bien placé en voile c’est Billy Besson qui a participé aux Jeux Olympiques en 2016. J’ai eu envie de redynamiser ça et de créer un événement de haut niveau à Tahiti. La Tahiti Pearl Regatta est une très belle épreuve mais j’avais envie de voir quelque chose en monotype, c’est à dire une épreuve où tout le monde est avec le même bateau et où c’est que l’équipage qui fait la différence. »
 
Le développement de la voile est logique en Polynésie ?
 
« C’est ce que je me dis depuis trois ans maintenant, on a le plus beau terrain de jeu du monde. On a toujours du vent, on a de beaux lagons. Par contre, c’est un sport mécanique qui coûte de l’argent, il faut réussir à en trouver pour mettre les choses en place et puis surtout attirer un peu plus les Polynésiens. C’est ce que l’on arrive à faire avec Manutea, avec Teahio et d’autres qui sont en train de se former derrière, pour redonner un peu de place à la voile dans le monde polynésien. »
 
Il y a également une logique de tourisme nautique ?
 
« Oui, c’est tout à fait ça. On sait que le tourisme sportif devient un élément important dans le tourisme. Toucher toutes les nations puisqu’on est une épreuve du championnat du monde, c’est important. Et aujourd’hui, les Australiens, les Néozélandais ne sont pas encore vraiment impliqués dans le Diam 24, donc c’est bien de les attirer vers nous. »
 

Les skippers ont été présentés lors de la conférence de presse
Les skippers ont été présentés lors de la conférence de presse
Manutea avait évoqué un échange de savoir avec toi ?
 
« Quand j’ai voulu arrêter mon métier de podologue, j’ai voulu être pêcheur donc je me suis mis à la pêche, c’est comme ça que j’ai rencontré Manutea. Il est venu me voir en me disant qu’il aimerait bien que je lui apprenne la voile. Je lui ai répondu d’accord mais je voudrais que tu m’apprennes la pêche au Mahi Mahi. On s’est dit ça un peu comme ça mais finalement il m’a amené à la pêche, moi je l’ai amené faire la TPR, ensuite je l’ai amené sur le Tour de France et aujourd’hui il navigue très bien. »
 
« Il a fait deuxième au championnat de France, il a fait deuxième au Tour de France et l’idée c’est que lui devienne un peu ambassadeur de ce monde polynésien, qu’il montre l’exemple. Il a attiré son cousin, des copains du quartier commencent à venir. La Mairie de Arue nous a aidé à faire la promotion de ce sport auprès des jeunes défavorisés. Il faut planter une graine, on verra bien en combien de temps on aura un arbre mais il faut continuer à arroser. »
 
Le côté élitiste de la voile n’est pas une fatalité ?
 
« Non. Dans tout sport, si on veut gagner il faut un côté élitiste mais pour la voile ce n’est pas plus compliqué que le reste. C’est un peu plus cher car il y a du matériel mais les Polynésiens qui ont un sens de la navigation, un sens de la mer, ont plus que leur place dans ce monde-là. Manutea et Teahio ne font pas que du Diam, ils ont participé au championnat de laser à Taravao en se débrouillant. Manutea a commencé seulement il y a trois ans, donc c’est inné, il faut les aider à continuer. »
 
Un dernier mot, un remerciement ?
 
« Un grand merci à nos partenaires qui nous aident à mettre cet événement en place. Merci à tout le gouvernement d’Edouard Fritch, à Teva Rohfritsch qui a cru au projet au début, en 2015, et qui nous a lancé pour parvenir à faire ce que l’on a fait aujourd’hui. » Propos recueillis par SB

Voile - Grand Prix Pacifique : C'est bien parti pour Trésors de Tahiti

Rédigé par SB le Lundi 12 Novembre 2018 à 14:31 | Lu 1797 fois