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Virus: le Liban se reconfine, 100 millions de personnes menacées par l'extrême pauvreté dans le monde


Beyrouth, Liban | AFP | vendredi 21/08/2020 - Le Liban se reconfine vendredi, confronté comme de nombreux autres pays à travers le monde à une flambée de nouveaux cas de coronavirus, qui menace aussi selon la Banque mondiale de faire basculer 100 millions de personnes supplémentaires dans l'extrême pauvreté. 

Au Liban, qui affronte des taux records de contaminations et des hôpitaux débordés par les malades du Covid-19 et les blessés de la gigantesque explosion du 4 août au port de Beyrouth, un reconfinement décrété par les autorités entre en vigueur vendredi pour plus de deux semaines. Il est assorti d'un couvre-feu quotidien de 18H00 à 06H00 locales.

Prévues jusqu'au 7 septembre, ces mesures ne concernent pas les quartiers sinistrés par l'explosion meurtrière.

Le pays, qui a recensé officiellement jusqu'à présent au moins 9.758 cas de coronavirus, dont 107 décès, est "au bord du gouffre", avait averti le ministre de la Santé Hamad Hassan.

- Rebond en Europe -
En Europe, les chiffres de nouveaux cas de contaminations en 24 heures publiés jeudi en France, en Italie, en Allemagne ou en Espagne sont inquiétants et montrent un rebond de la pandémie, souvent à la faveur des vacances, de fêtes et de déplacements. 

En Espagne, 7.039 nouveaux cas se sont déclarés. En France, le chiffre était de 4.771 nouveaux cas, une progression inédite depuis mai. En Italie, le ministère de la Santé a fait état de 845 nouveaux cas alors qu'en Allemagne, 1.707 infections supplémentaires ont été dépistées.

Berlin, sur le qui-vive face à une menace croissante de deuxième vague, a déclaré zones à risque pratiquement toute l'Espagne et une partie des côtes touristiques de la Croatie - des destinations prisées des vacanciers allemands - et imposé tests et quarantaines au retour.

Malgré ce fort rebond des contaminations, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé jeudi que la pandémie de Covid-19 pouvait être gérée en Europe sans verrouiller à nouveau la société.

Avec le Fonds de l'ONU pour l'enfance (Unicef), elle a également appelé les gouvernements africains à favoriser la réouverture des écoles fermées depuis près de six mois, en prenant des mesures pour éviter la propagation du virus.

- Dette record au Royaume-Uni -
L'épidémie a fait au moins 788.242 morts depuis fin décembre, selon un bilan établi jeudi par l'AFP à partir de sources officielles. L'Amérique latine et les Caraïbes ont franchi la barre des 250.000 morts, le Brésil à lui seul recensant 112.304 décès. L'Argentine a enregistré un record journalier de contaminations avec plus de 8.000 nouveaux cas.

Les Etats-Unis restent le pays le plus endeuillé avec 174.178 décès, selon un décompte de l'université Johns Hopkins.

La crise sanitaire du Covid-19 et son cortège d'emplois détruits et de difficultés d'approvisionnement, pourrait entraîner dans l'extrême pauvreté 100 millions de personnes supplémentaires à travers le monde, a alerté jeudi le président de la Banque mondiale David Malpass, dans un entretien à l'AFP.

Cette situation rend "impératif", pour les créanciers, de réduire la dette des pays pauvres, a déclaré David Malpass.

La facture économique de la pandémie est déjà salée au Royaume-Uni, dont la dette publique a dépassé pour la première fois les 2.000 milliards de livres (2.231 milliards d'euros).

Elle représentait en juillet plus de 100% du produit intérieur brut (100,5%) pour la première fois depuis 1961.

Première économie européenne, l'Allemagne va rompre pour la deuxième année consécutive avec son orthodoxie budgétaire : Berlin va devoir recourir de nouveau à l'emprunt pour financer un déficit budgétaire important en 2021, a annoncé vendredi le ministre des Finances.

En Amérique latine et aux Caraïbes, l'épidémie accentue les inégalités et la pauvreté. Selon la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), la pandémie devrait faire retomber dans la pauvreté 45 millions de personnes, portant le total à 231 millions, soit 37,3% de la population de la région.

"Je me retrouve au chômage à cause de cette pandémie. Il y a des jours où nous ne mangeons pas parce que la situation est difficile", raconte Milena Maia, une Brésilienne de 35 ans, habitante de la favela de Heliopolis, qui abrite 200.000 personnes à Sao Paulo.

Toujours au Brésil, la situation sanitaire est critique dans les prisons surpeuplées. Plus de 17.300 prisonniers ont été contaminés (2,3% du total) et près d'une centaine sont morts du coronavirus, d'après le Département pénitentiaire national (Depen).

"J'ai peur de perdre mon mari en prison", dit Monica (nom modifié) jointe par téléphone, dont l'époux est détenu depuis quatre ans dans l'Etat de Sao Paulo. "Jamais ils n'ont eu de soins (médicaux) appropriés, mais maintenant on est encore plus inquiets".

En Equateur, des "escadrons Covid" spéciaux, notamment composés de policiers experts en criminologie, ont été mis sur pied afin d'éviter un nouvel effondrement des services hospitaliers et funéraires.

le Vendredi 21 Août 2020 à 04:47 | Lu 742 fois