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Vingt ans de prison pour le "patriarche" de la presqu’île, 5 pour son épouse


Vingt ans de prison pour le "patriarche" de la presqu’île, 5 pour son épouse
PAPEETE, mercredi 5 juin 2013 – Le "patriarche" de la presqu’île a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle et cinq ans de suivi socio-judiciaire. Son épouse écope de 5 ans de prison pour complicité. Tous deux seront signalés sur le fichier des délinquants sexuels. Le délibéré a été rendu vers 16 heures.

"Je regrette, je dois être châtié", le patriarche vient de parler. L’instant est pathétique. Il est à peine 13 heures mercredi. Dans la salle d’audience de la cour d’assises de Papeete et sur le banc des victimes, l’émotion touche à son comble.

Son épouse s’est exprimée peu avant, la voix tremblante en direction de ses filles et de celles de la voisine, confiées à leur garde et abusées sexuellement : "Je vous demande pardon : je n’ai pas su vous protéger ; je vous aime".

Débuté lundi, le procès touche à sa fin. Les six jurés sont sur le point de se retirer pour délibérer.

"Faut pas croire que je n’ai pas de cœur", continue le père, sur le ton doucereux du mea culpa. "Je suis un monstre, un monstre banni", termine-t-il, une moue vaguement ahurie, guère plus du mètre soixante, un T-shirt vert pomme et des sandales plastiques aux pieds.

A 51 ans, il sait qu’il va en prendre pour 20 ans. Bénéficiera-t-il d’une injonction de soin, d’un suivi psychologique ? "Est-il ou non affecté d’une pathologie mentale ayant altéré, voire aboli, son jugement", avait interrogé son avocat lors de sa plaidoirie. Les faits, il les a reconnus. Tous. Pour les jurés, c’est une question de quantum de peine.

"Tu n’es pas fou, arrête de mentir", lui avait jeté au visage sa fille aînée, mardi. "J’ai 27 ans aujourd’hui, j’avais 25 ans lorsque ça s’est arrêté : je ne te pardonnerai jamais !".

De 1995 à 2011 à la presqu’île, ce père de famille est accusé du viol répété de ses filles, des petites voisines confiées à son foyer et de la petite copine de son fils. Accusé d’avoir, battu ses fils, imposé des actes lesbiens à sa femme avec l’une de ses filles, accusé de l’avoir contrainte à des actes zoophiles avec un chien, accusé d’avoir terrorisé tout son petit monde, en vase clos à domicile, bible à la main dès 3 heures chaque matin pour apprendre les versets par cœur. Accusé, sous couvert de "purifier les corps" de ses victimes avec son sperme, prétendument sur indication divine, d’avoir violé toutes les jeunes filles de son foyer, à d’innombrables reprises.

Son aînée, abusée dès l’âge de 10 ans fera plusieurs fausses couches jusqu’à ce qu’elle finisse à 19 ans par accoucher d’une fille, accueillie comme une bouée de sauvetage dans l’horreur de son quotidien. "La petite l’appelle Papy", a constaté l’avocat général au sujet du père : "Mais elle aura du mal à se construire lorsqu’elle apprendra que Papy c’est papa !".

Le cauchemar aura duré 16 ans, jusqu’à ce qu’une assistante sociale se saisisse du cas de cette famille où les enfants étaient tous déscolarisés. L’enquête qui suivra en 2011 dévoilera la sombre histoire de cette maisonnée.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 5 Juin 2013 à 16:15 | Lu 2499 fois