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Venez régaler vos pupilles et vos papilles au 2ème Festival du 'uru


Le Ministère en charge de l'agriculture et le Ministère en charge de la culture organisent conjointement le 2ème Festival du 'uru du 13 au 15 mars 2014, dans le village de la Maison de la Culture. Ce Festival est un moment qui va bien au-delà du simple rendez-vous gourmand… C' est l’occasion de présenter tout son univers : les différentes variétés, ses qualités nutritives, ses utilisations culinaires d’hier d’aujourd’hui et de demain, mais aussi pharmaceutiques ou artisanales, son histoire, ses légendes. Ce Festival du 'uru est en partie lié à un phénomène de société : les bonnes vieilles saveurs d’antan reviennent à la mode.

Un événement où le fruit à pain retrouve une conscience. Venez régaler vos pupilles… et vos papilles !


PROGRAMME
•Ouverture du Festival jeudi13 mars 9 h00 : Discours officiels, Animation, danses marquisiennes sur le mei
•Présentations audio-visuelles (SPAA).
•Présentations et dégustation de préparations culinaires (polynésienne, française, antillaise) à base de produits de l'arbre à pain (popo uru, uru cuit, po'e, ma, ka'aku, frites, flocons ..ect) par : le CEREC (cuisine antillaise), le lycée hôtelier (cuisine française),le lycée polyvalent de Taravao, . et des familles formées par le MAA.
•Exposition vente de produits dérivés : plats cuisinés, fruits à pains, plantes en pots, objets artisanaux. (Api Nui)
•Exposition ventes de variétés de fruits à pain et plants d’arbres à pain (fédération Hei Tini Rau, ass. Biofetia ).
•Restauration marquisienne (Mado)
•Exposition vente de livres (association des éditeurs de Polynésie)

Jeudi 13 mars
9h00 : Cérémonie d’ouverture
Accueil par groupe de danses marquisienne : Taki toa
Discours du Ministre de la culture
Visite des stands et dégustations de produits
11h30 : Clôture de la cérémonie d’ouverture
Dégustation culinaires

Vendredi 14 mars
8h00 : ouverture
Animations des stands
Atelier cuisine
Vente de produits
Projections audio visuelles
17h00 : fermeture

Samedi 15 mars
8h00 : ouverture
Animations des stands
Ateliers cuisines
12h00 : Danses : Taki Toa
Démonstration de Ka’aku
Vente de produits
Projections audio visuelles
17h00 : Clôture


LE ‘URU DANS TOUS SES ETATS –TE ‘URU E TONA RAURA’A

Le fruit à pain : ‘uru, maiore, mei , est un aliment énergétique produit par l’arbre à pain (Artocarpus altilis), originaire d’Asie du sud est, dont plusieurs cultivar existent en Polynésie
Le ‘uru ou fruit à pain, est un fruit produit par un arbre de la famille des Moracées : Artocarpus altilis, que l’on trouve dans toute la zone intertropicale chaude et humide, mais c’est en Polynésie aux îles Marquises et dans les îles de la société, qu’il a été le plus cultivé et diversifié.
On distingue 2 variétés principales : le châtaignier pays à graines (Artocarpus altilis var.seminifera) introduit par Pierre Sonnerat aux Antilles françaises en 1772 depuis les Philippines et le fruit à pain sans graines (Artocarpus altilis var. non seminifera) développé en Polynésie et introduit par William Bligh aux Antilles depuis Tahiti en 1793.

Origine
Originaire du sud est asiatique il y a plus de 3 500 ans, les Polynésiens l’auraient amené avec eux à l’époque de leurs migrations vers l’est et développé de nombreuses variétés (89 cultivars recensés) .
Il fut redécouvert par le navigateur Quiros aux îles Marquises en 1595 et décrit pour la première fois par Forster en 1776 lors du passage du capitaine Cook à Tahiti.

Les planteurs des indes occidentales, cherchant à se procurer un aliment plus nourrissant pour leurs esclaves, firent la requête d’en obtenir des plants auprès du roi Georges III d’Angleterre.
Le navire HMS Bounty sous le commandement du Capitaine William Bligh, fut alors envoyé en 1789 à Tahiti pour recueillir des plants de ‘uru et les convoyer aux Antilles (Jamaïque) .
Cette expédition échoua suite à la mutinerie, provoquée par la décision de Bligh de diminuer les rations d’eau de l’équipage afin d’arroser les jeunes arbres. Cette aventure fut popularisée par le roman de James Norman Hall et Charles Nordoff « Les révoltés du Bounty » et les différentes versions cinématographiques tournées à Tahiti.
Une seconde expédition composée des navires Providence et Assistant, toujours menée par Bligh avec à leur bord les botanistes James Wiles et Christopher Smith, arriva à Tahiti en 1792 et embarqua 2 126 jeunes pieds de ‘uru, dont une partie fut débarquée en Jamaïque, 150 pieds dans l’île Saint-Vincent en janvier 1793, et d’autres sur l’île de Ste Hélène.

A Tahiti, le fruit à pain a une origine légendaire qui remonte au règne de Noho ari’i de Raiatea et à Rua ta’ata qui se lamentait avec sa femme sur le sort de leurs quatre enfants affamés suite a une disette qui sévissait dans l’île. Un soir Rua ta’ata dit à son épouse « O Rumauari’i lorsque tu t’éveilleras le matin va dehors et tu verras mes mains qui sont devenus des feuilles, regarde le tronc et ses branches, ce sera mon corps et mes jambes, le fruit rond que tu verras sera mon crâne et le cœur du fruit sera ma langue. Fais cuire le fruit, laisse le tremper dans l’eau puis enlève la peau en le battant et mange en la pulpe, puis donne en à nos enfants, ainsi vous n’aurez plus faim ». Tout se passa comme il l’avait prédit, cette vallée fut alors nommée Tua uru, le roi Nohoari’i apprécia ce fruit et transplanta l’arbre à pain à Opoa . Plus tard, le roi de Raiatea : Mahoru se fit appeler ‘uru, ce qui rendit tapu l’usage de ce nom remplacé alors par maiore.
La tradition orale a popularisé les louanges de ce fruit à travers ce pata’upata’u :
« E e e, ma’a maita’i te ‘uru, e tunu ia ama, pahi te pa’a, ta’iri’iri e, ia uaua é
iriti te hune, e’ai te i’o

“E, e, e, le fruit à pain est un bon aliment, cuit à point, pelé, tapoté, ramolli, trognon retiré, on en mange la pulpe. »

L’arbre à pain est un arbre de taille moyenne qui peut atteindre plus de 25 mètres de hauteur, doté d’un tronc droit de 0.6 à 1,8 m de diamètre exsudant un latex riche, portant de larges feuilles de 7 à 11 lobes de couleur vert foncé et rattachées aux branches par un long pétiole de 5cm de long. Les fleurs sont regroupées en inflorescence mâle (popo ‘uru) allongées (10-30cm) et en inflorescence femelle (‘uru) sur le même arbre. Le fruit est rond ou oblong de 12 à 25 cm de diamètre, et d’un poids de 1,5 à 2 kg en moyenne. L’épiderme du fruit est parcouru d’aréoles hexagonales, la pulpe est de couleur crème. Il existe des variétés à graines (huero) et d’autres sans graines.
La première fructification a lieu entre la 3ème et 5ème année, et peut durer plus de 50 ans. Un arbre à pain peut produire en moyenne entre 50 et 200 fruits par an selon les variétés.
Aux îles de la société on fait 2 récoltes par an : une grande saison de novembre à mars, et une petite saison de juillet à août. Le fruit est au stade tapau lorsque les gouttelettes de latex exsudent à sa surface, puis bon à cueillir au stade maoa (mûr à point). La cueillette se fait au moyen d’un rau uru (longue perche), surmonté du pafio (cueille fruit). A ce stade on peut encore le laisser reposer 2 à 3 jours pour l’attendrir (ha’amaemae) avant de le cuire, sinon la pulpe se ramollit au stade (très mûr) encore consommable après cuisson au four.

Conservation
Traditionnellement, et notamment en prévision d’une disette ou d’une longue traversée maritime, les polynésiens conservaient les « ‘uru » de deux manières :
Opio : Les ‘uru cuits au ahima’a y étaient laissés plusieurs semaines à l’abri de l’air, des trous creusés sur les côtés permettaient de se servir de temps en temps.
Mahi (tahitien) ou Ma (Marquisien) : Les ‘uru pélés, découpés, dont le trognon a été retiré, sont placés dans une fosse (ua ma), tapissée de feuilles de ti (Cordyline), tassés, puis recouverts de terre. Après fermentation, le ‘uru se transformait en pâte « ma » qui était cuite au ahima’a. Le ma pouvait se conserver un an ou plus. Le « ma » traditionnel peut aussi être reproduit par fermentation en cuve dans des feuilles de bananiers en 80 jours.
Dans certaines îles du pacifique la pulpe des ‘uru cuits est découpée en fines lamelles mises à sécher pendant 6 heures au-dessus d’un feu. Le produit se conserve plus d’un an ainsi. Il peut aussi une fois séché être pilé, broyé, tamisé et transformé ainsi en farine. Pour une conservation à court terme, les fruits à pain sont immergés dans l’eau avant cuisson. Pour du long terme la congélation est efficace.

Composition et valeur alimentaire
Le fruit à pain est un excellent aliment nutritif, d’un goût agréable, riche en hydrates de carbone, vitamines : B, C, E, K, PP et sels minéraux (magnésium, calcium, phosphore, potassium, sodium, fer, zinc). Au point de vue énergétique 200 g. de uru (255 kcal) fournissent autant de calories que 100 g de pain blanc, deux fois plus de calcium et autant de phosphore. Il est riche en fibres, composés phénoliques, contient de l’artocarpine et une enzyme la papayotine . La farine qui en est extraite ne contient pas de gluten.


Transformation alimentaire
Traditionnellement, le ‘uru était soit braisé dans sa peau ou cuit au « ahima’a » puis malaxé en pâte (ka’aku, popo’i’uru).

Méthodes de cuisson :
-Braisé sur un feu de bois, de charbon ou sur la cuisinière à gaz,
-Cuit à l’étouffé au four traditionnel (ahima’a),
-Frits à l’huile en tranches de fruits à pain,
-Cuit à l’étuvée ou bouilli.
-Confit pour les fruits mâles (popo uru)

Recettes
-Polynésiennes : ‘uru punu pu’atoro, ka’aku, po’e ‘uru, bonbons popo ‘uru,‘uru ha’ari’i, popoï, pëpë ‘uru ; chewing gum uru.
-Françaises : gratin, purée, frites, quenelles, ragoût, soufflé, beignets, pain, soupes, confitures ;
-Antillaises : popot, migan, bébélé


Autres utilisations

Médicinales
Le latex (tapau) est utilisé traditionnellement pour le traitement de fractures, foulures, contusions et douleurs articulaires. Ajouté au monoï, il était employé comme cosmétique et fixateur pour les cheveux.
L’écorce découpée en lanières servait à panser les plaies.
Les pousses et jeune feuilles de certaines variétés (puero, maire, maohi, paea), ainsi que les pétioles des feuilles vertes ou jaunes, sont utilisés dans la confection de préparations médicinales traditionnelles servant notamment à soigner : les suites de couche, la stérilité féminine, les névralgies, l’asthme, les angines, les orgelets, les otalgies, les coupures et les gerçures.
La pulpe moisie du fruit était utilisée par les tradipraticiens pour soigner la furonculose.

Construction
Le bois du tronc était utilisé pour la fabrication de planches de construction des faré ou creusé pour les pirogues( va’a) . Le latex était utilisé pour calfater, les pirogues cousues.

Outils, instruments
Le tronc et les branches étaient utilisé comme bois d’œuvre pour la confection de : tambours (pahu), arcs (fana), étriers d’échasse (titoko), manches d’herminette, appuie-tête (uru’a), et le latex servait à piéger les oiseaux.

Vêtements
Le liber de l’écorce des jeunes branches était traité pour confectionner des étoffes (tapa).
Le latex fourni une glu hydrofuge, qui appliqué à chaud sur les tapas les rendant imperméables.

Variétés
On dénombre plus de 120 variétés connues de tumu ‘uru dans le pacifique, dont 89 variétés en Polynésie.

Venez régaler vos pupilles et vos papilles au 2ème Festival du 'uru

Espèces voisines
La noix à pain (Artocarpus camansi), sans doute l’ancêtre du ‘uru endémique à la Papouasie nelle guinée.
Le Jaquier ou « ‘uru taratoni » est une espèce voisine du ’uru (Artocarpus heterophyllus), d’origine indienne et présente en Polynésie. Le fruit (le jaque) pousse directement sur le tronc, sa pulpe a le goût de banane. Les graines sont comestibles une fois cuites.

Sécurité alimentaire
L’arbre à pain est considéré comme une solution au problème de la faim sous les tropiques; parce qu’il est facile à faire pousser et qu’il produit en abondance un fruit nourrissant en 2-3 années et sur plusieurs décades. Le fruit à pain est exempt en gluten, pauvre en graisses saturées, cholestérol et sodium ; mais riche en vitamine C, fibres et potassium.
« Si un homme plante 10 arbres (à pain) dans sa vie, il aura accompli son devoir envers lui-même et celui des générations futures ». Sir Joseph Banks 1796.


Glossaire de l’arbre à pain

Arbre à pain ………………Tumu’ uru (Tahiti), Tumu mei (Marquises), lamveritab (Antilles),
Artocarpus altilis…………du grec Artos : pain et Karpos : fruit, et du latin altilis : nourrissant
Bourgeon terminal ………..Omou ‘uru
Chaton, inflorescence mâle. Popo ‘uru…… Popot (Antilles)
Cueille-fruit du ‘uru……….Pafio
Feuille ………………..…...Rau’ uru
Fruit à pain : ……………..’Uru, Maiore, Rima, Mei (Marquises, Tonga), ’ulu (Hawaï, Samoa),
Kuru (Rarotonga), fouyapen, fwiyapen (créole), breadfruit (anglais), fruta de pan (espagnol). Fruit à pain mûr …………..Maoa
Fruit exsudant le latex ……Tapau
Fruit prêt à la cuisson ……Maemae
Fruit très mur ……………..
Latex …………………….Tapau ’ uru
Perche à ’uru …………….Rou ‘uru
Pétiole foliaire……………Hiata’ uru
Pince à cuisson ………….Rore ‘uru

Rédigé par () le Lundi 10 Mars 2014 à 14:36 | Lu 2501 fois