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Var: un maire tué en voulant empêcher une camionnette de jeter des gravats


Signes, France | AFP | mardi 06/08/2019 - Le maire de Signes, une petite commune du Var, est mort renversé lundi soir par une camionnette dont il voulait verbaliser les occupants pour avoir jeté des gravats sur le bord de la route, un problème récurrent dans la région.

Lundi après-midi, Jean Mathieu Michel, 76 ans, maire (DVD) de Signes, élu depuis 1983, est décédé dans l'exercice de ses fonctions après avoir été percuté par une camionnette. De manière "involontaire", selon les premiers éléments de l'enquête.
Le maire était accompagné d'au moins deux personnes, dans une tournée en voiture, quand il a aperçu deux hommes en train de déverser les gravats de leur camion dans une décharge sauvage.
Il s'est arrêté et leur a demandé de reprendre les gravats. Les deux hommes ont obtempéré mais, après que le maire leur a enjoint d'attendre la police municipale pour une verbalisation, ils ont effectué une manœuvre pour partir. Le maire qui se trouvait à l'arrière du véhicule a été mortellement blessé dans la manoeuvre.
Le conducteur du véhicule, un maçon de 23 ans, et le passager, un apprenti de 20 ans, employés dans une entreprise de travaux publics, ont été placés en garde à vue. "Il n'y a pas eu de délit de fuite", a souligné une source proche de l'enquête.
"L'audition des témoins et des mis en cause laisse penser au caractère involontaire de l'homicide", a indiqué le parquet de Toulon, mardi après-midi.
La garde à vue du conducteur va être prolongée et l'apprenti devrait être remis en liberté, a-t-il précisé. Le conducteur pourrait être déféré mercredi devant une juge d'instruction, après l'ouverture d'une information judiciaire pour "homicide involontaire".
 

- Problème récurrent -

 
Une autopsie de la victime a été requise par le parquet,  qui a confié l'enquête à la brigade de recherches de la gendarmerie de La Valette. 
Les faits se sont déroulés sur une route départementale traversant Signes, une commune très boisée où les problèmes de dépôts sauvages sont récurrents, comme dans le reste de la région.
Depuis de années un terrain du Castellet, un village voisin de Signes, accueille ainsi quotidiennement des tonnes de déchets du BTP amenés par camions. Le problème est tel que l'AOC des vins de Bandol a déclassé préventivement ces 20 hectares de terrain, au cas où un jour des vignes y seraient plantées et viennent nuir à l'image de leur production.
Selon Henri Bonhomme, président de l'Union départementale du Var pour la sauvegarde de la vie et de la nature (UDVN), joint par l'AFP, le problème est double dans le département: "Il y a ces rejets organisés, structurés, par des entreprises du BTP, petites ou moyennes, qui s'arrangent auprès de propriétaires privés pour déverser leurs déchets à moindre coût. Et ces particuliers ou artisans qui déchargent n'importe où, au bord des routes, à la sauvette. Et là c'est encore plus difficile de se battre".
L'UDVN 83 s'est battue pendant 30 ans sur un dossier symptomatique de ces décharges sauvages, avec ces millions de tonnes de déchets déversés au Cap Sicié, une zone Natura 2000 sur le territoire de la commune de Six-Fours.
Dans le département des Bouches-du-Rhône, c'est une décharge sauvage près de la gare TGV d'Aix-en-Provence qui provoque la colères de habitants, lesquels ont lancé une pétition en ligne pour demander son nettoyage.
Le décès de Jean Mathieu Michel a suscité de nombreuses réactions politiques. "L'héroïsme du quotidien perd une nouvelle fois une figure", a réagi dans un communiqué le ministère de l'Intérieur. "Rien ne peut justifier que le maire d'une commune perde la vie alors qu'il constate une infraction, en application des pouvoirs de police que lui donne la loi. C'est inacceptable", a déclaré de son côté l'Association des maires de France dans un communiqué.

le Mardi 6 Août 2019 à 06:16 | Lu 606 fois