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Vanille et Aeata unies dans le projet “Te Moana iti”


TAHITI, le 3 août 2022 - Ensemble, Vanille Thullier et Aeata Richerd, ont mis au point un programme baptisé Te Moana iti. Il consiste en l’installation d’un écosystème marin au sein des écoles et structures accueillant du jeune public pour les sensibiliser à leur environnement.

Le programme Te Moana iti mûrit depuis plusieurs années maintenant. Il vient tout juste d’être testé à Moorea auprès d’un groupe d’adolescents américains-tahitiens réunis à l’occasion des vacances par l’agence de voyage Nani Travels pendant le Tama Program qui s’est déroulé durant le mois de juillet. Pour Vanille Thullier et Aeata Richerd, les conceptrices et porteuses du programme, l’aventure commence.

Sensibiliser le plus grand nombre

Vanille Thullier a obtenu un diplôme de master en ingénierie environnementale, spécialisé en gestion et conservation des écosystème, à l’université Pierre et Marie Curie de Paris. À la fin de ses études, elle a pris la direction de la Polynésie française. “Je souhaitais découvrir l’endroit où ma grand-mère avait passé sa vie, l’île de Moorea.

Une fois arrivée en Polynésie, elle a trouvé du travail au sein de l’association Tetiaroa Society sur l’atoll de Tetiaroa. Elle a été guide naturaliste et assistante sur les projets scientifiques. Elle a participé à l’élaboration du programme éducatif de l’association. “C’est ce qui m’a donné envie de poursuivre dans ce domaine, de m’investir dans l’éducation.” Mais, le programme de la Tetiaroa Society n’était accessible que pour les enfants ayant la chance de pouvoir se rendre sur l’atoll. “Je trouvais cela un peu restrictif. Je voulais que tous les enfants puissent avoir accès aux connaissances et activités.” L’idée de Te Moana iti est née de cette ambition.

Curieuse de nature

Aeata Richerd a, quant à elle, grandi à Moorea où elle a été scolarisée en primaire. Elle a effectué son collège puis entamé son lycée à Tahiti avant de partir pour la métropole, “pour changer” dit-elle. Ses parents lui ont inculqué le goût du voyage. Curieuse, elle a toujours eu envie de découvrir de nouvelles choses. Une cousine, d’un an son aînée, installée dans l’Hexagone, la faisait rêver en lui racontant son quotidien. “J’ai eu envie de la rejoindre.” Alors, Aeata Richerd a préparé son départ, réglé les formalités administratives, sollicité un prêt étudiant, demandé enfin, à ses parents, le droit de concrétiser son projet. Lorsque toutes les conditions ont été réunies, elle est partie. Elle a suivi son année de terminale à Toulouse. “J’ai mis un an à m’adapter car cela a été un grand choc”, se souvient-elle. Si elle a eu du mal à supporter le “chacun pour soi”, avec le temps, “j’ai fini par m’en accommoder”, admet-elle.

Elle aurait aimé être hôtesse de l’air, “mais j’étais trop petite”. Aeata Richerd s’est tournée vers le tourisme qui l’attirait depuis toujours. Elle a obtenu un BTS puis une licence en management de l’industrie du tourisme. Après avoir travaillé plus d’un an dans une agence de voyage, elle a pris la décision de rentrer. “Le pays me manquait, reconnait-elle. J’avais passé 7 ans en France. C’était assez”. De retour depuis 15 ans, elle n’est jamais repartie.

Aeata Richerd a commencé par profiter de sa Polynésie retrouvée. Au bout de quelques mois, elle a cherché du travail et trouvé un poste à bord du paquebot Paul Gauguin. “Il s’agissait d’entretenir le lien polynésien avec les passagers.” Elle est montée en grade, devenant Head Gauguine après 2 ans. Cette expérience lui a permis d’ouvrir les yeux sur la beauté des îles. Elle en avait conscience depuis toujours, mais le regard des touristes l’a entraînée encore plus loin. “J’ai eu envie de m’engager dans un tourisme durable pour préserver tout cela.” Elle a donc rejoint la Tetiaroa Society pour devenir guide naturaliste. Très vite, elle a eu en charge la responsabilité des programmes de découvertes. “Tout était à faire. C’était magnifique. On pouvait faire passer des messages, sensibiliser les visiteurs en lien avec les projets scientifiques !

Le déclic

Au bout de quatre années, pour concilier sa vie personnelle et sa vie professionnelle, Aeata Richerd a quitté Tetiaroa. Elle est retournée à Moorea où elle est devenue responsable des opérations à la station Gump. Elle a beaucoup apprécié et beaucoup appris à ce poste “mais, quelque chose me manquait, à savoir le partage”. Forte de son expérience à Tetiaroa, elle a mis sur pied un programme éducatif qui consistait à accueillir à la station de recherche des classes de Polynésie (de Moorea et Tahiti principalement). Dans un grand bac se trouvaient des petits poissons, des coraux. Le concept a plu. Au total, 52 classes ont pu bénéficier du programme. “Un jour, un professeur m’a dit : Ah si seulement on pouvait avoir ça dans nos écoles. Ça a été le déclic !” Le projet Te Moana iti est né à ce moment-là.

Vanille Thullier et Aeata Richerd se sont rencontrées à Tetiaroa. Elles ont travaillé ensemble sur l’atoll pendant près de deux ans. Elles sont sur la même longueur d’onde, partagent les mêmes valeurs et envies. Elles ont construit Te Moana iti ensemble. Vanille Thullier est “entre autres, excellente avec les enfants”, assure Aeata Richerd. “Elle m’a aidée à mettre des mots sur mes idées.” C’est elle qui anime les séances.

L’objectif de ce projet est d’emmener l’environnement marin au sein des écoles ou établissements recevant du jeune public, de vulgariser les sciences, de sensibiliser les générations futures, de reconnecter les personnes à la nature et au respect des milieux. “Avec le programme, on les responsabilise, on leur donne des petites missions, ce qui permet de les impliquer et de les responsabiliser.

Le programme se découpe en plusieurs ateliers repartis sur plusieurs semaines avec l’intervention d’un naturaliste durant chaque atelier pédagogique. Avant l’installation de l’outil, les thèmes abordés et les interventions sont préparés en amont avec l’équipe d’enseignants, d’éducateurs, pour bien cibler les besoins et les attentes. Ensuite, au cours des séances, le jeune public pratique, manipule, expérimente. Hors séances, il suit des consignes participatives pour l’entretien de l’aquarium (nettoyage, nourriture, prise de données, de photos, etc.) sous la supervision de son responsable. Ces missions ont pour but de les responsabiliser, d’apprendre à travailler en équipe ou à mener une mission. Les équipes encadrantes ont aussi la possibilité d’utiliser l’aquarium hors ateliers, tout en respectant quelques règles. Cet aquarium d’eau de mer est un outil vivant qui sert à tous en tant qu’introduction à la découverte du milieu marin. “Avec l’aide de scientifiques, d’aquariophiles et d’enseignants, nous avons imaginé, créé des jeux et des leçons spécialement pour le programme”, précise Aeata Richerd qui rappelle que tout est mené dans le respect de la réglementation en vigueur en Polynésie française.

Le premier Te Moana iti a été testé en juillet dernier. Vanille Thullier et Aeata Richerd ont pu y ajuster les derniers détails pratiques. Elles sont aujourd’hui prêtes à aller à la rencontre des élèves polynésiens et de leurs professeurs.

Contacts

[email protected] ou [email protected]
FB : TE MOANA ITI


Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 3 Août 2022 à 20:43 | Lu 960 fois