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Université: de plus en plus d'étudiants mais les moyens "ne suivent pas"


ALAIN JOCARD / AFP
ALAIN JOCARD / AFP
Paris, France | AFP | mardi 28/09/2021 - "De plus en plus d'étudiants, de moins en moins d'enseignants": en dix ans, les universités françaises ont absorbé un demi-million d'étudiants de plus mais le recrutement des enseignants est resté "historiquement bas", dénoncent syndicats et des professeurs.

Lourde, la tendance s'est confirmée à l'occasion de cette rentrée scolaire. Cette année encore, "34.000 bacheliers arrivent dans le supérieur, après un taux de réussite au bac de 94%", note Anne Roger, la secrétaire générale du syndicat Snesup-FSU.

"Le gros problème est que le taux de recrutement des enseignants est historiquement bas", ajoute-t-elle, "on a baissé de moitié depuis dix ans, on a de moins en moins d'enseignants, les moyens ne suivent pas, du coup ça craque".

"Le ministère dit que les universités ont les moyens de recruter mais elles sont dans l'incapacité financière (de le faire), donc c'est l'impasse. Résultat, les facs tirent la langue, on ne fait que gérer la pénurie budgétaire", regrette Anne Roger.

Symbole à ses yeux de la situation, la filière Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives) de Rennes 2, qui n'a toujours pas fait sa rentrée en raison d'"un manque de moyens pour encadrer correctement les étudiants".

Un exemple, selon elle, "loin d’être anecdotique car les conditions de travail se dégradent". "Les collègues n’en peuvent plus. Le faible taux d'encadrement est une réalité, on manque de places en master et licence", lance la responsable syndicale.

 "Équilibre fragile" 

Contacté par l'AFP, François Le Yondre, maître de conférence en Staps et sociologie à Rennes 2, a le sentiment "que (s)es collègues et (s)es étudiants sont tout simplement abandonnés car le ministère n'a pas accordé de moyens en plus malgré la revendication depuis des mois".

"On va faire la rentrée le 4 octobre avec trois semaines de retard mais il y aura des dysfonctionnements, faute de postes supplémentaires, certains cours n'auront pas lieu, c'est sûr", regrette-t-il.

L'Unité de formation et de recherche (UFR) Staps de Rennes est l'une des deux plus importantes en France, avec 2.700 étudiants pour seulement 60 enseignants titulaires.

Cette unité compte parmi les trois UFR les moins bien dotées. Alors que la moyenne d’encadrement de la filière, déjà largement déficitaire, se situe autour de 35 étudiants par enseignant, le Staps de Rennes doit composer avec 44 étudiants par enseignant, raconte François Le Yondre.

"Si l'UFR Staps se contente des services de ses titulaires, sans les heures supplémentaires et les vacations externes, les cours s'arrêteraient à la première semaine du second semestre, c’est-à-dire en janvier 2022", illustre-t-il.

La filière Staps de l'université Sorbonne Paris Nord, installée sur le campus de Bobigny, est également mobilisée pour dénoncer des "effectifs qui ont doublé en dix ans sans pour autant que le nombre d'enseignants et de personnels administratifs ne suive".

"Asphyxie" 

Françoise Lambert, secrétaire générale au Sgen-CFDT, rappelle que la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal avait annoncé 650 postes en plus en 2022, "ce qui est une bonne chose". Mais "la situation est tellement catastrophique que cela ne peut suffire", déplore-t-elle.

"Ça craque de partout, c'est l'asphyxie: on croise de plus en plus de personnels épuisés, en burn-out, sous pression avec la reprise à 100% en présentiel, il y a de plus en plus d'arrêts maladie", liste-t-elle.

Auditionnée mardi à l'Assemblée nationale, Mme Vidal a assuré que "les ouvertures de postes (étaient) liées au nombre de départs à la retraite (...) et nous rajoutons cette année 650 emplois supplémentaires sous forme de création d'emplois, qui ne correspondent pas à ces départs en retraite".

"Nous n'avons pas la possibilité de mettre autant d'enseignants que nous souhaiterions devant les étudiants, et cela est particulièrement vrai dans les filières sous tension comme Staps, droit, psycho", cite Mathias Bernard, président de l'université de Clermont-Ferrand.

"Globalement, les équipes sont mobilisées pour faire au mieux mais il y a de la colère, de la lassitude. On est sur un équilibre fragile", conclut-il.

Même constat pour Mélanie Luce, présidente du syndicat étudiant Unef, qui déplore qu'"on entasse les étudiants dans les amphis". "On demande 20.000 places en master, 80.000 en premier cycle en plus, en urgence, et donc aussi plus de professeurs".

Elle assure que "les étudiants seront dans la rue le 5 octobre pour la mobilisation interprofessionnelle".

le Mercredi 29 Septembre 2021 à 07:32 | Lu 240 fois