Tahiti Infos

"Une professionnalisation du trafic d'ice"


Tahiti, le 7 février – En marge du bilan de l'action de l'Etat en mer présenté ce vendredi au haussariat, le commandant de gendarmerie de Polynésie française, Grégoire Demezon a confirmé que le trafic d'ice tendait à se professionnaliser à destination du fenua. Jusqu'ici essentiellement transporté par avion en petite quantité, l'ice emprunte désormais la voie maritime dans des conteneurs de plusieurs pieds. 
 
Si jusqu'à présent, l'ice arrivait en Polynésie plutôt par avion, elle rentre de plus en plus sur le territoire également par voie maritime. "Et ça démontre d'ailleurs une professionnalisation du trafic, parce que c'est beaucoup plus facile de faire rentrer de l'ice par voie aérienne en amenant un kilo depuis Los Angeles dans sa valise plutôt que de faire rentrer des qualités plus importantes par voie maritime dans un conteneur de plusieurs pieds", explique ainsi le commandant de gendarmerie en Polynésie, Grégoire Demezon.

Cette année d'ailleurs, avec l'antenne de l'OFAST (office anti-stupéfiants), ils ont saisi 4 kg d'ice, "dont pour la première fois 500 g de "blue ice" qu'on a envoyés en expertise en métropole pour savoir si c'est juste du marketing ou un produit plus fort". Toujours en attente du retour de ces analyses, cela démontre une chose : le transport d'ice par voie maritime se développe puisque ces 4 kg étaient "dissimulés à bord de conteneurs partant de Long Beach aux Etats-Unis à destination de Papeete".
 
Après la cocaïne, la Polynésie devient aussi une zone de transit de l'ice

Et c'est la différence avec la cocaïne qui au-delà au-delà du marché local qui reste limité avec 300 000 habitants, ne fait que transiter par la Polynésie. "La cocaïne qui part de Colombie, descend par voie routière jusqu'au Chili et au Pérou, et qui part à destination de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande". Et c'est grâce à une collaboration étroite avec la police australienne, que les gendarmes ont pu effectuer cette saisie record de 525 kg de cocaïne en décembre sur le navire de pêche Raimy.
Un bateau qui était "initialement chargé de plus de 4 tonnes de cocaïne".

Il s'est délesté de sa cargaison au fur et à mesure, et "voyant qu'une partie de leur cargaison était interceptée au niveau de l'Australie, ils ont battu en retraite vers leur port de base et c'est sur le trajet retour qu'on les a interceptés", raconte Grégoire Demezon qui souligne que cette saisie majeure n'aurait pas pu se faire sans un travail de coopération avec la police australienne. Ce qui est inquiétant, c'est que la Polynésie devient aussi une "zone de transit sur le marché de l'ice à l'échelle du Pacifique, et pas uniquement pour le micro-marché qu'elle représente mais pour des quantités beaucoup plus importantes". Et aujourd'hui, les cartels mexicains se glissent sur la route de la cocaïne qui était empruntée par les cartels colombiens pour transporter de l'ice. C'est d'ailleurs ainsi que la police australienne a saisi deux tonnes d'ice au large des Fidji il y a 18 mois.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Vendredi 7 Février 2025 à 13:36 | Lu 3100 fois