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Une prison philippine attaquée, plus de 150 détenus s'évadent


Kidapawan, Philippines | AFP | mercredi 03/01/2017 - Des rebelles musulmans présumés ont attaqué mercredi une prison du sud des Philippines, ce qui a permis à plus de 150 détenus de se faire la belle dans la plus grande évasion de l'histoire de l'archipel.

Cette audacieuse attaque a été menée vers 01H00 (17H00 GMT mardi) par une centaine d'hommes armés contre la prison de Kidapawan, localité à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Davao, principale ville de l'île méridionale de Mindanao.

Les combats ont fait rage pendant deux heures autour du centre de détention, dont un gardien a péri.

"Ils cherchaient à libérer leurs camarades en détention", a déclaré à la chaîne ABS-CBN un des surveillants, Peter John Bonggat, précisant que les 24 gardiens étaient en nette infériorité numérique face aux assaillants.

Cette attaque a été menée par une faction dissidente du Front Moro islamique de libération (Milf), a-t-il dit en référence au plus important groupe rebelle musulman du pays, avec lequel le gouvernement a lancé des négociations de paix.

Au moins 158 détenus ont profité du chaos pour s'évader, a déclaré le surveillant à l'AFP. On ignore combien de prisonniers étaient liés aux combattants qui ont attaqué cette prison.

Ce centre de détention est une ancienne école décrépie située dans une zone forestière retirée. Il abritait 1.511 détenus avant l'attaque.

"Les autres détenus ont saisi leur chance en raison de l'importance de la fusillade. Ils ont utilisé leurs lits, les ont empilés pour pouvoir s'enfuir", a-t-il poursuivi.

- Chasse à l'homme -
De nombreux gangs criminels et mouvements rebelles - musulmans ou communistes - opèrent dans le secteur de Kidapawan.

"Nous avons des personnalités musulmanes (dans la prison) qui appartiennent à diverses organisations, divers gangs", a déclaré M. Bonggat.

Une vaste chasse à l'homme était en cours mercredi. Les autorités locales affirment que six évadés ont été abattus et que huit autres ont été retrouvés.

Von al-Haq, porte-parole du Milf, a dit qu'il ne connaissait pas l'identité des militants qui ont attaqué la prison.

Le Milf, qui compte 10.000 combattants, observe actuellement un cessez-le-feu.

"C'est la plus grande évasion de notre histoire", a déclaré à l'AFP Xavier Solda, porte-parole de l'administration pénitentiaire philippine. "Nous manquions vraiment d'effectifs".

Shirlyn Macasarte, qui assure l'intérim au poste de gouverneur de la province de Cotabato, a indiqué que des renseignements laissaient penser que l'attaque de la prison avait été préparée par les Bangsamoro Islamic Freedom Fighters (Biff).

Le Biff a fait scission du Milf en 2008 à la suite de l'échec de précédentes négociations de paix.

Il a ensuite mené des attaques contre les localités chrétiennes qui ont fait plus de 400 morts et 600.000 déplacés.

"Nous avons reçu des informations selon lesquelles un groupe de membres des Biff voulait libérer certains de leurs frères qui avaient l'expérience des meurtres et de la fabrication de bombes", a dit Mme Macasarte à ABS-CBN.

L'île de Mindanao est depuis des décennies le théâtre de rébellions armées.

Certains groupes insurgés ont prêté allégeance à l'organisation jihadiste Etat islamique (EI), comme le Biff.

En août, des combattants d'une autre organisation, le groupe Maute avaient attaqué une autre prison du Sud, libérant huit de leurs membres. Quinze autres détenus en avaient profité pour s'évader.

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Rédigé par () le Mercredi 4 Janvier 2017 à 05:56 | Lu 409 fois