Tahiti Infos

Une lettre du diocèse de Papeete sur « la crise actuelle qui frappe la Polynésie »


Une lettre du diocèse de Papeete sur « la crise actuelle qui frappe la Polynésie »
« Face à la "crise" actuelle qui frappe la Polynésie (notamment le conflit entre la Caisse de Prévoyance Sociale et les médecins) », la commission « Justice, Paix et Développement » du diocèse de Papeete a signé dimanche 18 mars 2012 une lettre ouverte signée par le P. Joël Auméran, son président, également vicaire général du diocèse. Ce courrier, « inspiré directement de l’enseignement social de l’Église » et publié sur le site Internet du diocèse, en appelle à « la responsabilité de tous et en particulier à celle des responsables de la gestion du bien commun ».

Il intervient alors que s’éternisent les discussions sur l’élaboration d’une nouvelle convention trisannuelle entre les médecins libéraux de Polynésie française et la Caisse de prévoyance sociale (CPS) – l’assurance-maladie locale. Depuis le 23 février, 183 généralistes et spécialistes de Polynésie française sur 220 sont déconventionnés et facturent aux tarifs d’autorité, très désavantageux pour les patients. Une nouvelle concertation était prévue jeudi 22 mars afin de commencer la rédaction d’un texte pourtant loin de satisfaire les médecins libéraux, qui maintiennent leurs revendications sur la tarification des actes médicaux, rapporte le Quotidien du Médecin.

UN DES SYMPTÔMES DE LA MALADIE QUI TOUCHE LA POLYNÉSIE
« Dans notre pays où l’accueil traditionnel et la solidarité allaient de soi – le ‘haere mai tamaa’(NDLR : ‘viens manger’) surprenait le visiteur – ont pris place égoïsme, indifférence et irresponsabilité, fruits de la défense des intérêts sectoriels et des avantages individuels », dénonce le P. Joël Auméran, pour qui « le bras de fer auquel nous assistons entre la CPS et les médecins, prenant en otages les malades, appelle à une réflexion plus générale. De tels conflits grossissent le flot des laissés pour compte et appauvrissent davantage les plus faibles ».

Aux yeux du vicaire général de Papeete, « le conflit CPS/médecins n’est qu’un des symptômes de la maladie qui touche la Polynésie », « chacun défendant son pré carré, ses avantages, sans se soucier du bien commun et encore moins de la justice sociale ».

LA VÉRITÉ DES FAITS ET DES CHIFFRES
« L’Église n’a pas vocation à s’immiscer dans la gestion des affaires publiques ou privées mais elle a l’impérieux devoir de dénoncer les injustices qui engendrent inégalités, pauvretés, marginalisations et qui ne respectent pas la dignité et les droits des personnes », rappelle cette lettre ouverte, qui assure que « des pistes de solutions existent » : « faire procéder à des contrôles systématiques de la gestion par des organismes indépendants pour débusquer irrégularités, abus, malversations », « avoir le courage et l’honnêteté de reconnaître les erreurs commises, de les corriger en adoptant de nouveaux modes de gestion, et, si besoin, en appliquant des sanctions, en supprimant certains avantages ».

« Pour obtenir l’adhésion de la population », conclut le P. Auméran, il faut enfin « l’informer publiquement par la vérité des faits et des chiffres, sans utiliser la « langue de bois » ou des arguments spécieux, car seule la vérité fait la lumière et rend libre. C’est à ce prix que peuvent se rétablir la confiance et le dialogue. »

A.-B. H.

Rédigé par () le Jeudi 22 Mars 2012 à 11:24 | Lu 618 fois