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Une centrale d’achat pour l’artisanat traditionnel : vers une meilleure sécurisation des matières premières


La future centrale aurait pour mission d’acheter et de stocker ces ressources, en assurant un revenu régulier aux producteurs et un accès prioritaire aux artisans. ©Service artisanat traditionnel
La future centrale aurait pour mission d’acheter et de stocker ces ressources, en assurant un revenu régulier aux producteurs et un accès prioritaire aux artisans. ©Service artisanat traditionnel
Tahiti, le 12 septembre 2025 - Face à la raréfaction et au coût croissant des matières premières, le service de l’artisanat traditionnel prépare une étude de faisabilité pour la création d’une centrale d’achat dédiée. L’appel d’offres, paru au Journal officiel du Pays, vise à confier à un prestataire spécialisé l’analyse juridique, économique et logistique de ce projet structurant.
 
L’idée est née d’un constat partagé par de nombreux artisans : qu’il s’agisse de fibres de pae 'ore, de coquillages, de bois ou de nī'au blanc, l’approvisionnement devient de plus en plus incertain. “Les ateliers doivent parfois être annulés faute de matériaux”, confirme Vaiana Giraud, cheffe du service de l’artisanat traditionnel. La future centrale aurait pour mission d’acheter et de stocker ces ressources, en assurant un revenu régulier aux producteurs et un accès prioritaire aux artisans. Elle pourrait aussi accueillir des chefs de groupes de danse, des costumiers ou des écoles.
 
Au-delà de la simple fonction de grossiste, le projet intégrerait une démarche qualitative : en centralisant l’achat et le contrôle des matières, la filière pourrait viser des standards élevés. “Pour que l’artisanat polynésien continue de rayonner, nous devons garantir aux créateurs des matières premières au meilleur niveau. Professionnaliser le secteur passe forcément par l’exigence de qualité”, souligne Vaiana Giraud.
 
La centrale se veut également un outil pédagogique (ateliers de préparation ou de teinture, espaces de formation pour scolaires et futurs artisans, voire un service de réparation d’objets) ; une “matériauthèque géante” pour sensibiliser les jeunes générations et soutenir la transmission des savoir-faire.
 
Une étude large et indépendante
 
Le prestataire sélectionné devra combiner compétences juridiques, économiques et connaissance du marché local. Il lui appartiendra de déterminer la forme la plus adaptée – structure publique, privée ou mixte – et d’évaluer la viabilité financière de l’opération. L’étude couvrira aussi la chaîne d’approvisionnement, les conditions de conservation des matériaux et la possibilité de développer de nouveaux pôles de production dans les différents archipels, en tenant compte des réalités culturelles et du fort sentiment d’appartenance lié à certaines matières.
 
La consultation des candidats est ouverte jusqu’à la fin septembre, avec un choix prévu à l’issue de l’examen des dossiers. L’étude s’étalera sur environ six mois afin de permettre des enquêtes de terrain dans les îles et une analyse fine des besoins. Les résultats sont attendus pour le premier semestre 2026. C’est seulement à l’issue de ce travail que seront tranchées la nature juridique de la centrale, son mode de financement – public ou privé – et son implantation éventuelle, à Tahiti ou dans un autre archipel.
 
Si l’étude conclut à une gestion publique, un budget devra être prévu et un foncier identifié ; dans le cas d’un portage privé, la concrétisation dépendra d’initiatives entrepreneuriales. Dans tous les cas, la mise en service relèvera du moyen terme.
 
Avec environ 2 600 artisans recensés – en comptant les préparateurs de matières premières – l’artisanat traditionnel reste un pilier de l’économie locale, au même titre que la pêche ou l’agriculture”, constate Vaiana Giraud. Stabiliser l’accès aux matériaux, professionnaliser la filière et encourager les jeunes à s’y engager constituent donc un investissement stratégique pour l’avenir.

Rédigé par Darianna Myszka le Vendredi 12 Septembre 2025 à 13:58 | Lu 1689 fois