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Une attaque informatique de portée mondiale suscite l'inquiétude


Washington, Etats-Unis | AFP | vendredi 12/05/2017 - Les autorités américaines ont mis en garde vendredi contre une vague de cyberattaques simultanées qui a touché des dizaines de pays dans le monde, à l'aide d'un logiciel de rançon, et conseillé de ne pas payer les pirates informatiques.

Ceux-ci ont apparemment exploité une faille dans les systèmes Windows, divulguée dans des documents piratés de l'agence de sécurité américaine NSA.

"Nous avons reçu de multiples rapports d'infection par un logiciel de rançon", a écrit le ministère américain de la Sécurité intérieure dans un communiqué. "Particuliers et organisations sont encouragés à ne pas payer la rançon car cela ne garantit pas que l'accès aux données sera restauré".

Cette vague d'attaques informatiques de "portée mondiale" suscite l'inquiétude des experts en sécurité. Le logiciel verrouille les fichiers des utilisateurs et les force à payer une somme d'argent sous forme de bitcoins pour en recouvrer l'usage: on l'appelle le "rançongiciel".

"Nous avons relevé plus de 75.000 attaques dans 99 pays", a noté vers 20H00 GMT Jakub Kroustek, de la firme de sécurité informatique Avast, sur un blog.

Forcepoint Security Labs, autre entreprise de sécurité informatique, évoque de son côté "une campagne majeure de diffusion d'emails infectés", avec quelque 5 millions d'emails envoyés chaque heure répandant le logiciel malveillant appelé WCry, WannaCry, WanaCrypt0r, WannaCrypt ou Wana Decrypt0r.

- Hôpitaux britanniques désorganisés -
Ces attaques informatiques ont notamment touché le service public de santé britannique (NHS), bloquant les ordinateurs de nombreux hôpitaux du pays.

Des organisations en Espagne, en Australie, en Belgique, en France, en Allemagne, en Italie et au Mexique ont également été touchées selon des analystes. Aux Etats-Unis, le géant de livraison de colis FedEx a reconnu avoir lui aussi été infecté.

Le ministère de l'Intérieur russe a également annoncé avoir été touché par un virus informatique vendredi, même s'il n'a pas été précisé s'il s'agit bien de la même attaque.

"A ce stade, nous n'avons pas d'élément permettant de penser qu'il y a eu accès à des données de patients", a voulu rassurer la direction du service public de santé britannique.

L'attaque a toutefois sérieusement désorganisé des dizaines d'hôpitaux, contraints d'annuler certains actes médicaux et de renvoyer des ambulances vers d'autres établissements.

Des images ont été partagées sur les réseaux sociaux avec des écrans d'ordinateurs du NHS demandant le paiement de 300 dollars en bitcoins avec la mention: "Oups, vos dossiers ont été cryptés".

Le paiement doit intervenir dans les trois jours, ou le prix double, et si l'argent n'est pas versé dans les sept jours les fichiers piratés seront effacés, précise le message.

- Pas besoin d'email -
"On nous a dit d'éteindre tous nos ordinateurs et le wifi de nos téléphones. Aucun ordinateur ne fonctionne actuellement", ont déclaré en milieu d'après-midi à une journaliste de l'AFP deux employées de l'hôpital St Bartholomew, à Londres, sous couvert d'anonymat.

Caroline Brennan, une Britannique de 41 ans est, elle, venue dans cet hôpital du coeur de la City pour rendre visite à son frère qui a subi une opération à coeur ouvert.

"Nous sommes arrivés à midi et ils nous ont dit qu'il était toujours en chirurgie même s'il devait normalement en être sorti depuis 08H00 du matin", a-t-elle expliqué.

"Puis à 13H00, ils nous ont dit pour la première fois qu'il y avait un problème, que le système informatique était en panne et qu'ils ne pouvaient transférer personne tant que les ordinateurs ne marchaient pas", a-t-elle ajouté.

Microsoft a publié un patch de sécurité il y a quelques mois pour réparer cette faille, mais de nombreux systèmes n'ont pas encore été mis à jour.

Selon la société Kaspersky, le logiciel malveillant a été publié en avril par le groupe de pirates "Shadow Brokers", qui affirme avoir découvert la faille informatique par la NSA.

"Contrairement à des virus normaux, ce virus se répand directement d'ordinateur à ordinateur sur des serveurs locaux, plutôt que par email", a précisé Lance Cottrell, directeur scientifique du groupe technologique américain Ntrepid. "Ce logiciel de rançon peut se répandre sans que qui que ce soit ouvre un email ou clique sur un lien".

"Des logiciels de rançon sont particulièrement vicieux quand ils infectent des institutions comme des hôpitaux, où la vie de patients est mise en danger", a repris M. Kroustek, analyste d'Avast.

"Si la NSA avait discuté en privé de cette faille utilisée pour attaquer des hôpitaux quand ils l'ont +découverte+, plutôt que quand elle leur a été volée, ça aurait pu être évité", a regretté sur Twitter Edward Snowden, l'ancien consultant de l'agence de sécurité américaine qui avait dévoilé l'ampleur de la surveillance de la NSA en 2013.


Rédigé par () le Vendredi 12 Mai 2017 à 14:52 | Lu 4569 fois