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Un recensement particulièrement exhaustif cette année


Les questionnaires et la carte professionnelle tels qu’ils vous seront présentés par les agents recenseurs. Ici entre les mains de Nicole Cadenel, cheffe de mission de l’Insee.
Les questionnaires et la carte professionnelle tels qu’ils vous seront présentés par les agents recenseurs. Ici entre les mains de Nicole Cadenel, cheffe de mission de l’Insee.
Tahiti, le 16 août 2022 - Cela fait déjà 5 ans que le dernier a eu lieu : le recensement de la population 2022 commence jeudi. Pendant un mois, plus de 700 agents vont venir à la rencontre de tous les Polynésiens pour les interroger sur leur situation personnelle et leur logement afin de mesurer et observer les changements et les évolutions de la société. Et cette année, aucun atoll ne devrait être laissé de côté.
 
Le top départ du recensement de la population 2022 sera donné jeudi 18 août. Pendant un mois, selon un cadre juridique très encadré au niveau national, 736 agents recenseurs vont sillonner la Polynésie afin de rencontrer l’ensemble de ses habitants et de collecter des données sur leur logement et leur situation personnelle. Toute personne vivant au fenua pendant au moins un an devra donc répondre à un petit questionnaire confidentiel, y compris les sans-abri et celles résidant sur des bateaux.
 
Les résultats collectés seront utilisés pour calculer les populations officielles de chaque commune. Ces données seront connues à la fin de l’année. Elles permettent notamment d’établir le nombre de conseillers municipaux, le seuil du mode de scrutin et les dotations aux communes. Mais le recensement permettra également d’actualiser les informations socio-démographiques et d’établir des statistiques qui serviront à orienter les décisions publiques en matière d’infrastructures par exemple. Ces résultats seront détaillés dans les publications disponibles sur le site de l’Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF) en milieu d’année prochaine.
 
C’est l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) qui organise et finance l’opération, à hauteur de 330 millions de Fcfp. “Ce coût, beaucoup plus important qu’en métropole, s’explique par l’éclatement du territoire et le nombre d’îles, mais aussi par le fait qu’ici, on procède par interview, alors qu’en France, la population répond elle-même aux questionnaires”, précise Nicolas Prud’homme, directeur de l’ISPF. L’organisme local offre quant à lui son soutien logistique, notamment en mettant à disposition matériel et personnel, en collaboration avec les communes et différentes structures du Pays.
 
Pendant un peu plus d’un mois, attendez-vous à recevoir la visite d’un agent recenseur, identifié par sa carte professionnelle et ses vêtements, à votre domicile. En cas d’absence, un avis de passage sera déposé et l’agent reviendra plus tard, ou laissera ses coordonnées afin de convenir d’un rendez-vous. La cheffe de mission de l’Insee, Nicole Cadenel, actuellement au fenua, rappelle que le recensement est utile et obligatoire, et invite donc la population à réserver le meilleur accueil possible à ces agents lors de leur visite, notamment en attachant les chiens susceptibles de se montrer agressifs.
 

​“On va ratisser toute la Polynésie”, jusqu’aux atolls “oubliés” les fois précédentes

Tous les logements et tous les habitants de Polynésie sont concernés par ce recensement. Pour cela, le territoire polynésien a été découpé en différents “districts” d’une centaine de logements chacun (1 795 districts au total, dont 1 045 environ à Tahiti). “La difficulté du recensement en Polynésie, ce n’est pas tant de recueillir les réponses des personnes, qui se montrent coopératives, mais c’est qu’il est compliqué de se rendre partout”, explique Nicole Cadenel, cheffe de mission de l’Insee. “On a loué un voilier pour se rendre dans plusieurs îles des Tuamotu centre, mais également des hélicoptères et des speed boats. Il y a toute une infrastructure à mettre en place pour se rendre dans des îles où nous ne nous sommes plus rendus depuis bien longtemps car on sait qu’il y a très peu de monde là-bas.”
 
Cette année, aucun îlot habité ne sera laissé de côté, comme c’est le cas pour les atolls de Scilly et de Bellingshausen (Manuae et Motu One), situés à l’extrémité ouest de l’archipel de la Société. “Cela doit faire 15 ans qu’on n’y a pas été car ces îles sont très difficiles d’accès, sans avion, sans bateau, sans quai, et que seulement quelques personnes y vivent. Lors des derniers recensements, on reproduisait les chiffres précédents mais cette année, le tāvana de Maupiti est intéressé de voir comment ça se passe sur ces îles, combien de personnes y résident, donc on a mis en place un partenariat et une logistique un peu compliquée pour y aller. La commune met à disposition du personnel et un bateau et nous, nous fournissons les fûts d’essence. Cette année, on ira vraiment partout, on va ratisser toute la Polynésie.”
 

Les chiffres du dernier recensement (2017)

Population polynésienne : 275 918 habitants
75% de la population se concentre aux îles du Vent.
La fécondité est à 1,8 enfant par femme.
La durée de vie atteint 77 ans.
93 500 personnes déclarent occuper un emploi (moins de la moitié des 15 ans et plus).
Entre 2012 et 2017, 17 500 personnes ont quitté le territoire (un quart sont des jeunes de 18 à 25 ans).
Entre 2012 et 2017, 12 000 personnes sont arrivées (76% de métropole). 2 000 étaient natives de Polynésie.

Rédigé par Lucie Ceccarelli le Mardi 16 Août 2022 à 17:33 | Lu 1329 fois