Tahiti le 27 juin 2025 - Le chantier du Manutea Lodge de Jean-Michel Monot à Pihae’ina continue à faire parler de lui à Moorea. La commune “s’oppose à une régularisation (…) même si c’est une opposition de principe”. Un consultant en environnement considère que si les travaux sont régularisés “ce sera un passe-droit pour tous les gens qui ne respecteront pas la loi dans les prochaines années”.
Les administrés de Moorea sont appelés à donner leur avis sur la régularisation des travaux effectués à Pihae’ina, dans le cadre du chantier Manutea Lodge. Un chantier de terrassement débuté il y a plusieurs mois sans autorisation, avec de surcroît des conséquences environnementales, dénonce la fédération Tahei ‘auti ia Moorea. Une étude d’impact a été réalisée par le cabinet Capse. Étude qui est d’ailleurs taclée par un bureau d’étude concurrent.
Les administrés de Moorea sont appelés à donner leur avis sur la régularisation des travaux effectués à Pihae’ina, dans le cadre du chantier Manutea Lodge. Un chantier de terrassement débuté il y a plusieurs mois sans autorisation, avec de surcroît des conséquences environnementales, dénonce la fédération Tahei ‘auti ia Moorea. Une étude d’impact a été réalisée par le cabinet Capse. Étude qui est d’ailleurs taclée par un bureau d’étude concurrent.
“On s’oppose à une régularisation”

La commune de Moorea-Maiao est claire, pas question de régularisation même si elle n’a qu’un avis consultatif. “On maintient la position de la commune qui s’oppose, même si c’est une opposition de principe car ce n’est pas de notre compétence, mais on s’oppose à une régularisation”, indique le directeur de l’Environnement, des services techniques et de l’aménagement de la commune, Olivier Pôté.
Selon lui, une régularisation a lieu d’être lorsqu’“il y a eu des oublis ou des erreurs. Mais on n’est pas dans ce cadre-là : le permis n’est pas conforme au projet donc à mon sens ce n’est pas régularisable. Ce n’est pas quelqu’un qui a oublié une pièce, c’est quelqu’un qui a déposé un permis pour un projet qui ne correspond pas à celui qui a été réalisé”. Le cadre municipal insiste sur un principe qui lui semble important : “Que les démarches soient faîtes conformément à la règlementation en vigueur.”
Et dans un courrier envoyé à Jean-Michel Monot, le tavana de Moorea-Maiao Evans Haumani assure que "ce n’est pas une simple colline que vous avez défigurée, il s’agit du mont Rotui, lieu de transit des âmes de nos défunts et demeure de la pieuvre mythique Taumata, qui fait régner la paix et l’harmonie sur notre belle île de Moorea. Comment avez-vous pu penser
un instant que la Commune et le peuple de Moorea puisse détourner son regard de vos agissements ? Malgré vos nombreuses années de résidence à Moorea vous semblez bien méconnaitre son fonctionnement et ses habitants".
Et, concernant le principe de travaux de terrassement réalisés avant de demander à l’administration une régularisation, le dossier de Manutea Lodge n’est “pas isolé” reconnait le Pays.
Selon lui, une régularisation a lieu d’être lorsqu’“il y a eu des oublis ou des erreurs. Mais on n’est pas dans ce cadre-là : le permis n’est pas conforme au projet donc à mon sens ce n’est pas régularisable. Ce n’est pas quelqu’un qui a oublié une pièce, c’est quelqu’un qui a déposé un permis pour un projet qui ne correspond pas à celui qui a été réalisé”. Le cadre municipal insiste sur un principe qui lui semble important : “Que les démarches soient faîtes conformément à la règlementation en vigueur.”
Et dans un courrier envoyé à Jean-Michel Monot, le tavana de Moorea-Maiao Evans Haumani assure que "ce n’est pas une simple colline que vous avez défigurée, il s’agit du mont Rotui, lieu de transit des âmes de nos défunts et demeure de la pieuvre mythique Taumata, qui fait régner la paix et l’harmonie sur notre belle île de Moorea. Comment avez-vous pu penser
un instant que la Commune et le peuple de Moorea puisse détourner son regard de vos agissements ? Malgré vos nombreuses années de résidence à Moorea vous semblez bien méconnaitre son fonctionnement et ses habitants".
Et, concernant le principe de travaux de terrassement réalisés avant de demander à l’administration une régularisation, le dossier de Manutea Lodge n’est “pas isolé” reconnait le Pays.
“Une volonté flagrante du maître d’ouvrage de tromper l'administration”

Nicolas Bruno, à la tête du bureau d’études Vetea, assure que plus on avance dans le temps et plus la qualité des études “baisse et c’est énervant car pour protéger l'environnement du Fenua il serait souhaitable qu’elle augmente”.
Il pointe du doigt le Pays qui “demande” au maître d’ouvrage, Jean-Michel Monot, “de régulariser les travaux effectués”. Alors même qu’ils ont été faits “sans aucun respect des textes en vigueur. Pire : avec une volonté flagrante du maître d’ouvrage de tromper l'administration. S’il obtient gain de cause cela voudra dire que le Pays lui a donné un permis a posteriori alors qu’il a dégradé l’environnement et ce sera un passe-droit qu'on lui offre et un passe-droit pour tous les gens qui ne respecteront pas la loi dans les prochaines années”.
Il rappelle que “le code de l’environnement ne permet pas la régularisation (…). Quand un promoteur fait des travaux qui n'ont pas été autorisés on peut le condamner à remettre le site en état. C’est ce qui devrait être ordonné pour en faire un exemple”.
Le professionnel assure que les personnes avec lesquelles il travaille font tout pour être dans les clous et “on leur met des bâtons dans les roues ; alors que ceux qui font des projets sans autorisation on leur facilite la tâche”.
Il relève que les bureaux d’étude sont payés par les porteurs de projet. “Si tu n'es pas complaisant avec eux, la fois d'après (…) ils appelleront un autre bureau d'étude plus complaisant”. Il regrette que certains de ses collègues n’aient pas “de conscience professionnelle (…). Cela fait des années que je m'insurge contre le travail de mes collègues”.
Pour lui, l’étude d’impact réalisée par le cabinet Capse est “tellement indigeste à lire que c’est incompréhensible même pour moi”. Il estime que l'information “n'est pas facile à trouver”, que les plans sont “incompréhensibles”. “En gros tu n'as pas accès à l'information et c'est fait exprès pour que les gens abandonnent au bout de cinq minutes”, critique-t-il alors que cette étude d’impact est actuellement consultable publiquement comme le veut la règlementation.
De son côté, la chargée de mission du bureau d’études Capse, Carole Couturier, considère que la qualité des études d’impact n’a pas diminuée. Bien au contraires, les “exigences” des services instructeurs du Pays sont “plutôt élevés et même plus qu’avant”. Elle considère que “tant que les bureaux d’études répondent aux demandes des services instructeurs je ne vois pas sur quelles bases il peut dire que la qualité baisse”.
Elle assure aussi que le cabinet Capse a “une éthique professionnelle et en aucun cas on fait de cadeaux à nos clients en baissant nos exigences”. Elle rappelle d’ailleurs que Capse a fait plus de 200 études au Fenua pour des entreprises privées, les commues et le Pays. Elle dénonce aussi les contradictions de son confrère “d’un côté il nous dit qu’on baisse la qualité et après il nous dit qu’on est trop technique. Il faudrait savoir ce qu’on veut”.
Elle rappelle qu’une étude d’impact est “un élément technique sur des études techniques. Ce n’est pas une BD”, d’où, selon elle, la présence d’un résumé “non technique” qui permet aux personnes de “mieux appréhender” le document.
Rappelons que le bureau d’études Capse a été condamné en 2020 à indemniser le Pays pour avoir effectué une étude “insuffisante” relative au projet d’aménagement de la marina de Tevaitoa à Raiatea.
Il pointe du doigt le Pays qui “demande” au maître d’ouvrage, Jean-Michel Monot, “de régulariser les travaux effectués”. Alors même qu’ils ont été faits “sans aucun respect des textes en vigueur. Pire : avec une volonté flagrante du maître d’ouvrage de tromper l'administration. S’il obtient gain de cause cela voudra dire que le Pays lui a donné un permis a posteriori alors qu’il a dégradé l’environnement et ce sera un passe-droit qu'on lui offre et un passe-droit pour tous les gens qui ne respecteront pas la loi dans les prochaines années”.
Il rappelle que “le code de l’environnement ne permet pas la régularisation (…). Quand un promoteur fait des travaux qui n'ont pas été autorisés on peut le condamner à remettre le site en état. C’est ce qui devrait être ordonné pour en faire un exemple”.
Le professionnel assure que les personnes avec lesquelles il travaille font tout pour être dans les clous et “on leur met des bâtons dans les roues ; alors que ceux qui font des projets sans autorisation on leur facilite la tâche”.
Il relève que les bureaux d’étude sont payés par les porteurs de projet. “Si tu n'es pas complaisant avec eux, la fois d'après (…) ils appelleront un autre bureau d'étude plus complaisant”. Il regrette que certains de ses collègues n’aient pas “de conscience professionnelle (…). Cela fait des années que je m'insurge contre le travail de mes collègues”.
Pour lui, l’étude d’impact réalisée par le cabinet Capse est “tellement indigeste à lire que c’est incompréhensible même pour moi”. Il estime que l'information “n'est pas facile à trouver”, que les plans sont “incompréhensibles”. “En gros tu n'as pas accès à l'information et c'est fait exprès pour que les gens abandonnent au bout de cinq minutes”, critique-t-il alors que cette étude d’impact est actuellement consultable publiquement comme le veut la règlementation.
De son côté, la chargée de mission du bureau d’études Capse, Carole Couturier, considère que la qualité des études d’impact n’a pas diminuée. Bien au contraires, les “exigences” des services instructeurs du Pays sont “plutôt élevés et même plus qu’avant”. Elle considère que “tant que les bureaux d’études répondent aux demandes des services instructeurs je ne vois pas sur quelles bases il peut dire que la qualité baisse”.
Elle assure aussi que le cabinet Capse a “une éthique professionnelle et en aucun cas on fait de cadeaux à nos clients en baissant nos exigences”. Elle rappelle d’ailleurs que Capse a fait plus de 200 études au Fenua pour des entreprises privées, les commues et le Pays. Elle dénonce aussi les contradictions de son confrère “d’un côté il nous dit qu’on baisse la qualité et après il nous dit qu’on est trop technique. Il faudrait savoir ce qu’on veut”.
Elle rappelle qu’une étude d’impact est “un élément technique sur des études techniques. Ce n’est pas une BD”, d’où, selon elle, la présence d’un résumé “non technique” qui permet aux personnes de “mieux appréhender” le document.
Rappelons que le bureau d’études Capse a été condamné en 2020 à indemniser le Pays pour avoir effectué une étude “insuffisante” relative au projet d’aménagement de la marina de Tevaitoa à Raiatea.