Tahiti Infos

Un outil pour mesurer notre performance touristique


Pour être intéressant, cet indice de performance touristique devrait pouvoir être comparé à l'indice de destinations similaires à la Polynésie.
Pour être intéressant, cet indice de performance touristique devrait pouvoir être comparé à l'indice de destinations similaires à la Polynésie.
PAPEETE, le 14 juin 2018. Deux chercheurs de l'université de Perpignan ont présenté ce jeudi un outil pour mesurer l'efficience des politiques touristiques. L'outil pourrait être adapté au fenua et permettre d'identifier quelles mesures pourraient mises en œuvre pour améliorer les objectifs.

Comment mesurer l’efficience des politiques publiques en faveur du tourisme ou des actions mises en œuvre par les acteurs privés du tourisme ? L'Institut statistique de la Polynésie française donne régulièrement les chiffres du nombre de touristes, des taux de remplissage des structures hôtelières.... Mais ces chiffres bruts ne permettent pas d'analyser l'efficience des politiques menées. « La destination peut être assimilée à une entreprise virtuelle qui à partir de ses ressources tente de répondre aux besoins des touristes », explique Laurent Botti, maître de conférences en Sciences de gestion à l'université de Perpignan. « La performance touristique du territoire n'est pas une notion absolue dans la mesure où elle serait fixe dans le temps et dans l'espace. Elle est fortement liée aux éléments qui composent une destination (attractions, accès, marketing, ressources humaines, image et établissement des prix) et à la qualité de leur stratégie. Ces résultats permettent de travailler sur la pertinence des stratégies mises en œuvre. »

« L'efficience relative est ainsi calculée entre le rapport entre les ressources, les moyens engagés et les résultats »,
met en avant Nicolas Peypoch, professeur des universités en Sciences économiques à l'Université de Perpignan.
Ces deux chercheurs étaient présents ce jeudi à l'université. L’UPF, en partenariat avec Tahiti Tourisme et l’Association internationale pour l'économie du tourisme, a organisé di une journée sur l’observation quantitative de l’économie et le management du tourisme. Etaient présents des enseignants-chercheurs et acteurs locaux du tourisme et de l’économie locale.

En métropole, la fédération nationale des offices de tourisme a adopté l'outil mis en place par les deux chercheurs. Pour mesurer l'efficacité de son travail, comme une entreprise, un Office de tourisme regarde les ressources humaines ainsi que les ressources financières qu'elle a mises en œuvre pour développer le tourisme sur son territoire de compétence. Mais pour juger vraiment de l'efficacité du travail réalisé, il faut connaître le potentiel touristique du territoire. Pour mesurer la dotation d’un territoire particulier en attractions et ressources touristiques un "Indice de Touristicité" a été mis en place. Il mesure le potentiel touristique d’un territoire sur une échelle de 0 à 100 à travers quatre dimensions (chacune de ces dimensions intègre plusieurs facteurs) : l'accessibilité, l'attractivité, l'offre en tourisme de séjour et l'offre en tourisme d'excursion. Ces dimensions intègrent plusieurs facteurs (capacité en lits marchands et non marchands, nombre de sites historiques : accès aéroportuaires, ferroviaires et routiers) qui correspondent à des points qui permettent d'évaluer l'état des ressources touristiques du territoire.

"Lorsqu’il dispose d’un indice de touristicité important (par exemple 79 ou 95), le territoire apparaît comme disposant de ressources touristiques plus conséquentes qu’une destination attestant d’un indice de touristicité de 24 ou 34", indique la fédération nationale des offices de tourisme sur son site internet. "Pour autant, et c’est tout l’intérêt d’intégrer cet indice à une étude d’efficience, rien ne dit qu’en définitive un Office de Tourisme avec un indice de touristicité de 95 soit plus performant (au sens de l’efficience) que celui dont l’indice de touristicité est de 24. Tout dépend effectivement des résultats générés par ces deux Offices de Tourisme et donc de leur capacité à utiliser au mieux leurs ressources."

Grâce à toutes ces données, la fédération nationale identifie les offices de tourisme qui réalisent les meilleures performances. En identifiant les meilleures pratiques, les offices de tourisme peuvent identifier les stratégies et pratiques à mettre en place pour améliorer leurs résultats.

Cet outil pourrait être très utile ont souligné la plupart des participants à la conférence qui ont regretté « l'absence totale d'indices sur le flux touristique ».

En conclusion de leur intervention, les deux chercheurs de l'université de Perpignan ont indiqué que "cet outil pourrait être adapté à la Polynésie française après trois étapes : le développement d'un indice de touristicité adapté (choix des dimensions, des poids des dimensions, des points à attribuer...), l'identification d'indicateur de performance comparatif dans la perspective d'un tableau de bord et la création de groupes de travail pour l'échange de bonnes pratiques : l'objectif de la démarche du benchmarking."

Selon Sylvain Petit, maître de conférences en économie et responsable de la licence professionnelle hôtellerie-tourisme et organisateur de la conférence, explique que cet outil pourrait être adapté à la Polynésie française en " deux ou trois ans, le temps d'adapter le questionnaire et d'en faire un indice propre au fenua". " Il faut se mettre d'accord tous ensemble sur ce qu'on nous appelle notre potentiel touristique. Les offices de tourisme en France ont réussi à le faire. On devrait y arriver. Mais ça prendra un peu de temps. Peut-être qu'à Moorea, Bora Bora, le potentiel touristique n'est pas vu de la même manière. Il faudra se mettre d'accord sur la potentialité. Ils ont la méthode mais ils ne diront pas la définition. Ils veulent qu'on leur donne la définition et qu'ils adaptent ensuite la méthode. Ils seront là pour nous guider."

Rédigé par Mélanie Thomas le Jeudi 14 Juin 2018 à 16:37 | Lu 1766 fois