Tahiti Infos

Un nouveau nid pour les oiseaux en détresse


Un pétrel de Tahiti pris en charge par l’association à Toahotu (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Un pétrel de Tahiti pris en charge par l’association à Toahotu (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 26 mai 2025 – Un véritable centre de soins va bientôt voir le jour au siège de l’association SOP Manu, à Toahotu. Cette mission a été confiée à Samantha Renault, experte du sujet après avoir passé dix ans à soigner les pétrels à La Réunion. En Polynésie, notamment à Tahiti, les chiffres annuels sont en hausse avec 300 à 500 échouages d’oiseaux marins à cause de la pollution lumineuse. Soutenue par plusieurs partenaires publics et privés, l’initiative fait également l’objet d’un appel aux dons.

 
La Société d’ornithologie de Polynésie (SOP) Manu œuvre depuis 1990 pour la sauvegarde des oiseaux endémiques du Fenua à travers différents programmes de conservation et de sensibilisation. Aujourd’hui, l’association est portée par une équipe technique de 14 personnes, dont huit basées à Tahiti, complétée par 20 à 30 bénévoles actifs répartis dans plusieurs communes.
 
Le siège de l’association se situe à Toahotu. À la Presqu’île, le fare du quartier de Mitirapa est bien connu des habitants ayant été confrontés au moins une fois à l’échouage d’un oiseau marin, puisqu’il fait également office de refuge. “À la base, le sauvetage, on le fait en plus de nos missions”, explique Maya Tehau, assistante de direction au sein de l’association depuis près de dix ans. “On accueille les oiseaux échoués, on fait les soins nécessaires ou on les relâche directement pour ceux qui sont en forme. Avec le temps, le sauvetage et les projets de Manu ont pris de l’ampleur, donc il nous fallait une personne dédiée aux soins et pour fédérer le réseau.”
 

Aménager un centre de soins


Cette personne, c’est Samantha Renault, chargée de mission au centre de soins depuis mi-février. Après avoir soigné des pétrels de Barau et de Bourbon pendant dix ans sur l’île de La Réunion, elle a rejoint l’équipe pour faire du centre de soins un projet à part entière de l’association. Les travaux d’aménagement ont déjà commencé. “On est en train de restaurer une ancienne salle de stockage. On va aussi faire quelques changements dans le mode de fonctionnement pour améliorer la qualité de prise en charge des oiseaux et des soins qui leur seront prodigués. Un diagnostic complet sera fait sur l’oiseau, avec des radios si besoin. L’objectif, c’est de les sauver pour pouvoir les relâcher, en sachant que tous les oiseaux n’ont pas besoin de venir au centre de soins”, précise la référente du projet. Des aménagements extérieurs sont aussi prévus pour faciliter la convalescence des oiseaux blessés.
 
Les oiseaux marins sont plus particulièrement concernés, comme le pétrel de Tahiti (Noha), qui compte parmi les espèces menacées d’extinction. “Il y a entre 300 et 500 échouages par an, et les chiffres sont en constante augmentation. C’est dû à la pollution lumineuse : les oiseaux marins s’orientent grâce à la lune et aux étoiles, qu’ils confondent avec la barrière de lumières artificielles autour de l’île. Ils s’échouent au sol sans pouvoir redécoller, avec le risque de se faire manger par des chiens ou des chats, ou de se faire écraser par des voitures”, poursuit la soigneuse.
 

Samantha Renault travaille à la création de ce nouveau centre de soins, épaulée par Maya Tehau.
Samantha Renault travaille à la création de ce nouveau centre de soins, épaulée par Maya Tehau.

​Ouverture prévue en juillet


Le centre de soins devrait être opérationnel entre fin juin et début juillet, le temps de réceptionner et d’installer tout le matériel nécessaire (paillasse en inox, évier, ordinateur, etc.). L’association sera donc prête pour le pic des échouages, qui intervient généralement autour du mois d’août. “On tient à remercier la population qui ramasse les oiseaux échoués. Les gens sont les premiers acteurs du sauvetage des oiseaux marins en Polynésie”, souligne Samantha Renault, qui ne quitte jamais son téléphone. L’an dernier, 425 oiseaux ont été pris en charge ou ont fait l’objet d’un signalement à SOP Manu.
 

​Un appel aux dons et aux bénévoles

Soutenue financièrement par plusieurs partenaires publics et privés, dont BirdLife, Puressentiel, Univet Nature, le Fonds Natura (Fape) ou encore la Direction de l’environnement (Diren), cette initiative fait également l’objet d’un appel aux dons. Une cagnotte en ligne a été lancée via la fondation Anāvai. Le moteur de recherche solidaire Lilo.org est une autre option mise en œuvre par l’association pour collecter des fonds. Par ailleurs, les dons de serviettes de bain (usées, mais encore propres) sont ouverts pour le confort des oiseaux.
 
Pour ce projet, SOP Manu est aussi en quête de différents profils de bénévoles. “Il y a les relâcheurs, qui vont chercher l’oiseau, qui font le diagnostic et qui le relâchent si tout va bien. Il y a les rapatrieurs, qui ramènent au centre de soins les oiseaux qui ne vont pas bien. Il y a les soigneurs, dans le futur, qui pourront venir apprendre à soigner les oiseaux. Il y a les familles d’accueil : ça arrive qu’on recueille des poussins de Noddi ou Gygis, dont il faut s’occuper jusqu’à l’envol. On recherche aussi des bénévoles en bricolage pour monter des volières, par exemple, ou en communication. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues !”, remarque Samantha Renault. Cet appel concerne Tahiti, et potentiellement les îles dans l’optique de développer un réseau de référents.

Plus d'infos

Sur la page Facebook Manu-SOP.
Le numéro “SOS Pétrels” : 87 22 27 99.

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Lundi 26 Mai 2025 à 16:10 | Lu 1356 fois