Tahiti Infos

Un chauffard de 76 ans condamné à un an de prison ferme


La photo de la voiture accidentée témoigne de la violence de cet accident. Sous l’impact, le corps de la victime avait été projeté au-dessus du véhicule et était retombé derrière la voiture, à plus de 30 mètres du point d’impact.
La photo de la voiture accidentée témoigne de la violence de cet accident. Sous l’impact, le corps de la victime avait été projeté au-dessus du véhicule et était retombé derrière la voiture, à plus de 30 mètres du point d’impact.
PAPEETE, le 19 août 2014. L’accident s’était produit sur le passage clouté de la plage Lafayette à Arue. Un homme de 56 ans avait été tué sur le coup. Le tribunal a considéré que la vitesse excessive de l’automobiliste était la cause principale de cet accident mortel. Un expert avance la vitesse de 105 km/h sur cette ligne droite longue de plus de 200 mètres et bordée par la plage.

A la barre, cet homme ancien militaire de carrière, ne manque pas de répondant aux questions du tribunal. Pas intimidé par les trois juges qui lui font face, il s’exprime clairement et argumente l’un après l’autre tous les éléments à charge le concernant. Des charges accablantes : le 4 mai 2013 à 18h45, il percutait un piéton qui traversait sur le passage protégé pour rejoindre la plage Lafayette. Un piéton qu’il n’a jamais vu –il l’a toujours reconnu- alors que sur l’autre voie, en sens inverse, pas moins de trois véhicules s’étaient déjà arrêtées pour laisser passer ce quinquagénaire d’Arue qui, tous les soirs, allait se doucher sur la plage, au crépuscule. Il reconnait aussi aisément qu’il roulait plus vite que les 50 km/h autorisés sur cette portion de ligne droite, entre Arue et Mahina.

Mais, il ergote sur la vitesse au compteur : il admet 70 km/h peut-être 75 km/h mais pas plus, quand un expert en automobile a estimé qu’il se déplaçait à vive allure, probablement à 105 km/h. La distance d’arrêt de la voiture, près de 100 mètres plus loin, le corps de la victime projeté à 32 mètres du point d’impact penchent sur ce constat. «L’expert part de l’hypothèse qu’il y a un temps de réaction moyen de 1 seconde avant que l’on freine le véhicule. Pour ma part, je n’ai freiné qu’après le choc, le temps que je m’aperçoive que quelque chose s’était passé. L’expert parle de la distance de freinage, pour moi il s’agit de la distance d’arrêt. Si je pars d’un hypothèse de deux secondes de réaction, on peut considérer que j’ai freiné 63 mètres plus loin, dans ce sens la distance de freinage est ramenée à 30 mètres».

Un argument technique qui ne convainc pas le tribunal. «Vous ne plaidez pas en votre faveur. Vous êtes âgé donc vous avez un temps de réaction plus long» répond la présidente du tribunal faisant remarquer que le septuagénaire n’a pas effectué, comme il l'aurait dû, les démarches pour la prorogation de la validité de son permis de conduire après 70 ans, et que ce soir-là il ne portait pas ses lunettes de vue. «Vous connaissiez cette route, vous saviez qu’il y avait un passage piéton, vous auriez dû être prudent» remarque encore un juge assesseur. La présidente du tribunal assène alors l’argument massue, «peu importe la vitesse admise à 75km/h l’impact sur la victime correspond à une chute de 7 étages ; à 105 km/h c’est une chute de 12 étages».

Après en avoir délibéré, le tribunal a déclaré l’automobiliste coupable et l’a condamné à 18 mois de prison dont six mois avec sursis. «Vous aurez donc un an de prison à faire. Vous verrez avec le juge d’application des peines les conditions dans lesquelles vous effectuerez cette condamnation» a précisé la présidente du tribunal. Par ailleurs, le permis de conduire de ce septuagénaire a été annulé et il a interdiction de le repasser durant cinq ans.

Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 19 Août 2014 à 17:30 | Lu 2508 fois