Tahiti Infos

Un braquage de 20 secondes, deux jours de belle vie, en prison depuis


L'agence de la Banque de Polynésie le 4 janvier 2012, fermée après le vol à mai armée commis dans la matinée.
L'agence de la Banque de Polynésie le 4 janvier 2012, fermée après le vol à mai armée commis dans la matinée.
PAPEETE, jeudi 12 septembre 2013. La cour d’assises de Papeete examine ce jeudi et ce vendredi l’affaire du vol à main armée de l’agence de la Banque de Polynésie de Pirae qui était survenu dans la matinée du 4 janvier 2012. Ce matin-là, Maoke Tuahine avait braqué la banque et replongé dans la drogue. Remontons le temps : l’année 2011 est une année noire pour Maoke Tuahine. L’ex chanteur du groupe blues/jazz Maruao est en pleine dépression. Depuis un an, il est soumis à un contrôle judiciaire pour une affaire de trafic d’ice pour laquelle il a fait quelques mois de prison.

Fin 2011, sa situation a encore empiré : il perd son travail de cuisinier, fait deux tentatives de suicide, sa compagne le quitte. «J’ai commis cet acte sur un coup de tête, je me suis décidé le jour-même» explique-t-il à la barre en s’excusant devant le tribunal. Le coup de tête est néanmoins organisé, il prend soin d’acheter des gants, masque la plaque minéralogique de la voiture qu’il utilise avec un ruban adhésif, se couvre la tête d’un T-shirt noir, cache ses yeux derrière des lunettes de soleil et s’empare d’un grand couteau «pour faire peur». Il s’attaque à une agence bancaire qu’il connaît bien puisque c’est la sienne. «Je savais que c’étaient des femmes aux guichets, elles sont plus influençables et je savais que l’argent était dans les tiroirs». Il ne lui faudra que 20 secondes pour entrer dans l’agence, sauter par-dessus le comptoir, menacer la guichetière de son couteau, prendre l’argent disponible en caisse (1,2 million) et ressortir. Il est alors 11 h du matin. Trois heures plus tard, il se présente dans les locaux de la police pour signer son contrôle judiciaire hebdomadaire…

Il n’aura que de deux jours de cavale. Il s’installe au Beachcomber, invite à dîner sa compagne et surtout se remet à consommer de l’ice. «Avant le braquage je ne fumais plus. Ce jour-là j’ai replongé, j’en ai fumé énormément». L’après-midi même il a déjà acheté 10 sachets d’ice. Au total les deux tiers du butin du braquage sont dilapidés en drogue.

Même si rien au départ ne permet d’identifier le braqueur, les enquêteurs vont avancer très vite, à partir du véhicule utilisé dans sa fuite. Il y a une centaine de propriétaires de Mini Cooper bleu-vert métallisé en Polynésie française et l’une de ces pistes remonte jusqu’à une femme qui héberge Maoke Tuahine, en pleine dépression, depuis quelques semaines. Justement, ce matin-là il a pris la voiture et est revenu vers midi, dans un état «speed» et avec beaucoup d’argent sur lui.

Dès le lendemain, il sait qu’il va être pris. «Je comprends que je suis repéré. Je retourne au Beachcomber, je dilapide l’argent, j’en profite jusqu’à ce qu’on vienne m’arrêter». Il est cueilli chez lui le 6 janvier et n’oppose aucune résistance. Il est tellement dans les vapeurs de l’ice qu’il doit être hospitalisé. Quatre jours plus tard, dégrisé, il avoue l’ensemble des faits : chez lui les enquêteurs retrouvent les lunettes de soleil utilisées pour le vol à main armée, le ruban adhésif ayant servi à masquer la plaque de la voiture et deux pipes en verre avec des résidus d’ice. «J’ai découvert l’ice et forcément j’ai aimé, mais après on voit aussi les dégâts et on la déteste» admet-il devant le tribunal. Selon le Code pénal, pour un vol à main armée Maoke Tuahine, âgé de 33 ans, encourt jusqu’à 20 ans de prison. Le verdict est attendu ce vendredi soir.



Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 12 Septembre 2013 à 15:21 | Lu 1855 fois