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Un an de gouvernance Temaru, quel bilan ?


Un an de gouvernance Temaru, quel bilan ?
Le 1er avril 2011, Oscar Temaru accédait pour la cinquième fois à la présidence du Pays. Un an après, Tahiti-Infos a mené une enquête auprès des politiques mais aussi des représentants de la société civile: que retiennent-ils de cette gouvernance ? Tous se sont montrés peu enclins à s'exprimer sur le sujet, cherchant leurs mots, qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition tout en convenant que le bilan est plombé par une conjoncture économique difficile. Réactions :

Robert Tanseau, président du groupe To Tatou Ai’a : "Le bilan, au-delà des mots, se traduit en réalité par des chiffres que l’on a jamais connu au niveau de la baisse de l’emploi à la CPS. Une population qui est en quête de son repas quotidien, une perte de confiance jamais atteinte à tous les niveaux de la population. Et des chiffres effrayants qui circulent au niveau du commerce. Voilà comment se traduisent les douze mois de gouvernance UPLD qui s’avèrent selon moi catastrophiques. Au niveau du collectif budgétaire par exemple, nous avons tous dénoncé le manque total de redressement, pas de lueur d’espoir pour les plus démunis, pas de lignes directives pour ceux qui sont noyés dans l’obscurité sur le plan économique. Je crois qu’en ce qui nous concerne il n’y a plus lieu de s’apitoyer sur notre sort. Perdu pour perdu, il nous faut absolument attendre les prochaines élections pour que la population puisse choisir ce changement que nous espérons".

René Temeharo, président du groupe Tahoeraa Huiraatira :
"Pendant un an, Oscar Temaru a fait le pigeon-voyageur. Il n’a fait que nous ramener des factures à payer. On a rien gagné de toutes ses allées et venues à l’étranger. Il nous a fait payer ses factures de déplacements. On voit très bien que son souci majeur n’est pas les polynésiens mais bien le cap vers l’indépendance. Donc il met en œuvre tous les choix politiques en disant que la France ne nous aide pas du tout et il ne faut pas s’en soucier et il faut aller vers l’indépendance et c’est à ce moment là que nous aurons le choix d’un développement économique. Avec notre statut, c’est lui qui gouverne le Pays et il en a les moyens, mais il ne sait pas quoi faire avec. Imaginez un peu l’indépendance et un gars pareil on sera en complète faillite".

Ronald Terorotua, PCA de la CPS : "Vous pensez vraiment qu’il y a quelque chose à en dire ? Le gouvernement 5 de Temaru ressemble ni plus ni moins et en plus mauvais au gouvernement Temaru 1 pas de politique de relance... Ce que je crains énormément c’est la situation économique de ce Pays, des entreprises, des salariés. C’est clair qu’il cherche le clash avec l’Etat et moi j’irais plus loin, Oscar fait tout pour que Hollande le raye du parti socialiste. Et tout ça parce qu’il n’est pas suivi par sa base. Quelque part aussi il fait tout pour qu’il y ait un renversement de son gouvernement, car n’oubliez pas que l’UPLD ne fait pas la majorité. C’est avec les îliens et je pense bien que ses propos tenus ne plaisent pas aux autres de sa majorité. Je pense qu’il veut jeter l’éponge parce qu’il n’arrive pas à gérer la situation économique du Pays contrairement à ce qu’il avait dit".

Philip Schyle, maire d’Arue, élu non-inscrit à l’APF : "La situation économique du pays, la situation sociale se sont dégradées. Je pense que ce sont là deux indicateurs qui témoignent de la qualité, bonne ou mauvaise, d’un gouvernement. Malheureusement le président Temaru n’a pas fait montre de sa compétence. Il n’a pas fait montre aussi de son intelligence politique vis-à-vis de l’Etat. Nous n’avons qu’un seul partenaire aujourd’hui. On peut ne pas être d’accord pour des raisons idéologiques, mais il faut travailler intelligemment avec ce partenaire et M. Temaru n’a pas su le faire. Aujourd’hui la confiance n’est plus au rendez-vous. Elle ne l’était pas déjà il y a un an mais là c’est pire, elle est en train de se déliter complètement et j’ai l’impression, et je l’entends autour de moi, qu’il y a de plus en plus de polynésiens qui quittent le Pays. Et ça m’interpelle. Ce n’est pas normal. Et M. Temaru avec son gouvernement aurait du mettre en place tous les moyens possibles. Au moins rassurer les polynésiens, au moins leur dire "Je suis à vos côtés, je comprends vos préoccupations et je ferais de mon mieux pour vous accompagner". Même ce genre de discours, Oscar Temaru ne le tient pas".

Luc Tapeta, président du MEDEF: "Je n’ai pas trop envie, je n’ai pas du tout envie de commenter le bilan cela prendrait peu de temps. L’année 2012 ne sera pas meilleure que 2011 ni que 2010. On continue notre chute aux enfers".

Teina Maraeura, président du groupe Te Mana O Te Mau Motu : "Les moyens de travailler, ce gouvernement ne les a pas eus avec la France qui a coupé les vivres. Comment voulez-vous qu’il travaille ? La situation du pays aujourd’hui tout le monde la connait, on n’a plus de sou… alors si au moins l’Etat aidait le Pays, les projets pourraient avancer. Mais en plus, les projets menés par l’Etat et le Pays sont bloqués par la population qui ne veut pas qu’on construise de lotissements sociaux. Entre l’Etat et la population comment veux-tu que le gouvernement travaille ? Et puis on emprunte à l’Etat qui après ne veut pas nous donner l’argent. L’Etat veut qu’on refasse le monde qu’il a créé (NDLR : le système mis en place du temps de Gaston Flosse)".

Christophe Plée, président de la CGPME : "Je n’en pense rien de ce bilan puisqu’ils n’ont rien fait à part faire des textes qui riment à rien. Rien… c’est le néant, le néant total. De l’absentéisme, des ministres qui ne servent à rien pour la plupart. Deux ministres qui bossent sur l’ensemble. Le reste ils font de la figuration. Un président aux abonnés absents qui passe son temps à voyager, à ne pas être là. La seule chose que ce gouvernement a été capable de faire c’est "re-taxer" les entreprises pour "re-remplir" les caisses du Pays. On n’attend rien de ce gouvernement, juste que le temps passe. Et le temps va nous paraître très long jusqu’à ce que ce gouvernement s’en aille. Nous, on l’avait déjà annoncé il y a un an qu’il n’allait rien se passer. Ces gens là vont être au gouvernement et vont faire comme ceux d’avant et ceux d’avant, ils vont rester dans leur fauteuil bien au chaud à prendre leur argent comme d’habitude. Il faut vite qu’on retourne aux élections pour retrouver une dynamique de développement".

Vito Maamaatuaiahutapu, président du groupe UPLD : "Tout le monde doit prendre ses responsabilités, l'Etat et la classe politique locale. Vu de l’extérieur on a l’impression que tout ce qui ne fonctionne pas c’est à cause du gouvernement Temaru, de la majorité. L’Etat a une grande part de responsabilité. Chacun doit prendre ses responsabilités, mais ce n’est pas en six mois, dix mois, un an que l’on va relever la situation du Pays. Vous savez ce que vous pouvez planter et manger en un an ? Des pommes de terre. Voilà pour illustrer mon propos. (…)On met tout sur le dos d’Oscar Temaru alors que ce n'est pas vrai".

Jean-Christophe Bouissou, président du groupe Ia Ora Te Fenua : "Pour apprécier le bilan d’un gouvernement il faut prendre des indicateurs objectifs. Il y a la situation économique au travers de la santé des entreprises polynésiennes et aussi la richesse du pays, le PIB. On ne peut que constater une contraction du PIB maintenant depuis plusieurs années et que les 12 mois du gouvernement Temaru n’ont pas su juguler et faire infléchir cette baisse. Ensuite il y a la santé des entreprises et le moral des chefs d’entreprises, et au vu des rapports rendus notamment par l’IEOM, et aussi au travers des analyses économiques qui sont réalisées par ailleurs (AFD, professionnels du secteur, professeurs d’universités) la Polynésie n’est pas encore sortie de cette spirale dépressionnaire. Ce qui fait que les entreprises continuent leur chute au niveau du chiffre d’affaire et des résultats dégagés annuellement. Sur ces aspects on ne peut que conclure que le gouvernement n’aura pas atteint l’objectif de redressement de la situation économique du Pays. (…)"

le Lundi 2 Avril 2012 à 11:08 | Lu 4487 fois