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Tāhiri, tout en nuances chez Winkler


TAHITI, le 30 mai 2023 - L’artiste, qui a démarré ses expérimentations artistiques avec la photographie, expose pour la première fois en solo avec des montages d’images, mais aussi des peintures. Chez Winkler, Tāhiri mêle le passé et le présent à l’aide de quatre couleurs et de leurs nuances.

La galerie Winkler présente la première exposition personnelle de Tāhiri intitulée “E Maha’ ū”, quatre couleurs & nuances. Elle va durer jusqu’au 6 juin. L’artiste, pour autant, n’en est pas à ses premières créations.

En 2015, alors qu’il était étudiant, il s’était déjà fait remarquer. Pour fêter la journée mondiale de l'océan, un concours photos était organisé pour les outremer. Des dizaines de clichés venue de Mayotte, de Polynésie, de Nouvelle-Calédonie, de La Réunion, de Guyane et même de Saint-Pierre-et-Miquelon. Mi-juin, Tāhiri montait sur la deuxième marche du podium avec ses hava'e, ses oursins de Tahiti. Le public, à cette occasion, avait pu découvrir l’univers de l’artiste.

Inspiré du tīfaifai

La photographie a été son premier terrain d’expérimentation. Elle garde une place de choix, mais elle n’est plus la seule. Dans cette exposition Tāhiri dévoile une série de peintures (huiles et acryliques) inspirée du tīfaifai. Elles sont faites de toiles brutes, de “pleins” et de “vides”. “Je n’utilise pas de toiles classiques car le blanc est trop agressif. Par ailleurs le brut rappelle le fara auti ou le tapa clair.”
Les peintures sont réalisées à l’aide de quatre couleurs, et de leurs nuances. “J’ai remarqué que je travaillais naturellement et essentiellement avec de l’orange, du vert, du rose et du bleu. J’ai décidé pour cette exposition de ne garder que celles-ci."

Il mêle, dans ses peintures comme dans ses créations photographiques, le passé et le présent. “Il y a toujours un détail, un élément perturbateur qui rappelle notre époque”, explique-t-il. Cela peut-être une pochette, un vini, une marque sur un tricot… Tāhiri, devant l’œuvre intitulée Māta’ita’i ia Netflix, décrit : “Une femme est allongée, apparemment lascive, sur un drapé ce qui évoque plutôt le passé. Elle a une télécommande dans la main. En réalité elle regarde la télévision comme nous tous aujourd’hui.” Selon la galeriste Vaiana Drollet, “les notions d’héritage et de rupture sont très présentes dans son travail. Il aime mettre en scène le clivage entre le Tahiti des temps anciens et notre société contemporaine”.

Du numérique unique

Māta’ita’i ia Netflix comme des voisines, consiste en un assemblage de feuilles au format A4 ou en un assemblage de Polaroïds (112 ou 180 selon les œuvres). Tāhiri a réalisé la photographie de ses modèles et natures mortes, puis il a transféré les images par portion sur un papier spécial ou sur des Polaroïds. “Depuis toujours, je cherche à rendre unique des images numériques”, explique l’artiste.

L’artiste reconnaît qu’il a mis longtemps avant d’accepter de faire une exposition en solo. Plusieurs fois, il a refusé les sollicitations de Vaiana Drollet. “Mais j’ai fini par dire oui. Je m’étais promis d’accepter le challenge avant 30 ans. J’en ai 28. J’ai réussi.” Après le 6 juin, il reviendra à la création. Il ne sait pas en revanche quand il sera en mesure de donner un prochain rendez-vous au public. “De la conception des œuvres à la réalisation, c’est vraiment énormément de travail”, avoue-t-il.

Pratique

Jusqu’au 6 juin à la galerie Winkler.
Entrée libre.
Horaires : du lundi au vendredi de 9 heures à 12h30 et de 13h30 à 17 heures. Le samedi de 8h30 à midi.

Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 30 Mai 2023 à 18:41 | Lu 1578 fois