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Troisième retouche sur le budget du Pays


Tahiti, le 16 juin 2022 - Pour la troisième fois depuis son adoption fin décembre 2021, le budget du Pays va être modifié, signe d’une nécessité d’ajuster continuellement l’action publique aux conséquences de la crise actuelle.
 
En décembre 2020, le ministre de l’Économie et des finances avait présenté le budget 2021 de la collectivité en évoquant, face aux incertitudes économiques et sanitaires "une stratégie de la ligne de crête" avec l’obligation pour l’action publique de "s’adapter en cours d’année" par l’adoption de collectifs budgétaires "autant que nécessaire". Un an plus tard, le 2 décembre dernier, il n’avait pas évoqué de changement de stratégie. Et avec la transmission à l’Assemblée de Polynésie française d’un troisième collectif budgétaire depuis décembre 2021, le Pays semble être toujours sur cette même ligne de crête.
 
La chère lutte contre la vie chère
 
11,4 milliards de Fcfp de dépense de fonctionnement sont ainsi ajoutés dont plus de la moitié –6,3 milliards FCFP– sont consacrés au plan de sauvegarde du pouvoir d’achat. Le collectif budgétaire vise notamment à rééquilibrer le fonds de régulation du prix des hydrocarbures (FRPH) largement sollicité dans le cadre de la politique du maintien à la pompe du prix des carburants. Le projet de délibération qui sera soumis aux représentants jeudi prochain prévoit à cet égard d’abonder le FRPH pour l’équilibrer et ainsi compenser l’impact de l’augmentation et du maintien du prix du pétrole qui flirte de nouveau avec les 120 dollars le baril. Même cause et même conséquence pour le prix de la baguette. Une enveloppe de 500 millions de Fcfp est inscrite au titre du soutien du prix de la farine d’appel d’offre. Les exportations de blé de Russie et d’Ukraine sont en effet bloquées et l’Inde, deuxième pays exportateur, connait des épisodes de sécheresse. Les cours du blé ont ainsi explosés. Le dispositif de soutien du prix, déjà en place, nécessite ainsi un demi-milliard de crédits supplémentaires pour rendre le prix de la farine abordable pour les boulangers. Parallèlement, le rapport de présentation précise qu'"il est proposé d’élargir la liste des produits de première nécessité (PPN) et d’étendre une liste de PPN uniquement pour les îles autres que Tahiti et Moorea pour un coût de 600 millions de Fcfp".
 
Redéploiements sur les investissements
 
Pour financer ces dépenses de fonctionnement, le Pays a décidé de puiser abondamment dans ses réserves ce qui n’est pas le cas concernant les dépenses d’investissement. Pour financer ces projets, le collectif opte plutôt pour un redéploiement des crédits sur une section "déjà dotée de plus de 64 milliards de Fcfp". Un redéploiement dont le futur Institut du Cancer fait les frais, l’autorisation de programme passant de 500 à 30 millions, ou encore la rénovation du collège de Makemo dont les crédits prévus passent de 300 millions à 0. Des subventions supplémentaires de l’État sont également prévues. Avec la rétrocession des aérodromes de Bora Bora, Raiatea et Rangiroa, l’État s’était engagé à contribuer au financement des travaux de resurfaçage et de mise aux normes pour permettre la continuité de l’exploitation des pistes. Un engagement qui se chiffrera dorénavant dans le budget 2022 du Pays par une recette de 745,4 millions.
 
Déjà un milliard de Fcfp programmés pour les JO 2024
 
Les investissements pour recevoir les Jeux olympiques trouvent une première réalité chiffrée. En novembre dernier, le comité d’organisation des jeux olympiques (COJO) de Paris en 2024 était venu sur Tahiti apporter des garanties à la Polynésie sur l’impact de l’épreuve. La représentante du COJO, Anne Murac, avait alors indiqué que "les Jeux vont s'adapter au site, et non l'inverse" afin de laisser "l'empreinte la plus minime qui soit". Quelque six mois plus tard, le collectif budgétaire présenté devant les représentants à l’APF prévoit le financement, au travers de plusieurs autorisations de programme, de nombreux aménagements spécifiques à l’épreuve qui doit se tenir du 27 au 30 juillet 2024 selon le calendrier officiel. L’empreinte budgétaire ne sera pas minime. Pour l’aménagement du Domaine Rose, il est ainsi prévu des subventions à l’IJSPF de 200 millions pour la viabilisation et de 450 millions pour la réalisation des voiries et accès routiers. 275 millions sont désormais inscrits pour la réalisation de la base de vie des sports et du staff. À cela s’ajoutent 60 millions pour les travaux de réalisation de la tour d’arbitrage et une subvention de 28 millions pour Secosud pour la réalisation de l’alimentation électrique du site des JO. Un peu plus d’un milliard de Fcfp donc pour ces aménagements directs. Mais d’autres dépenses pour permettre la réception de l’épreuve pendant ces trois jours doivent également être intégrées comme l’aménagement de la pointe Riri à Vairao (375 millions) pour la mise en place des navettes maritimes destinées à desservir le site olympique. Désormais financés, ces chantiers doivent encore être lancés et achevés dans les délais.
 

Rédigé par Sébastien Petit le Jeudi 16 Juin 2022 à 20:38 | Lu 1147 fois