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Trois prévenus mais pas de coupable direct


Tahiti, le 25 février 2025 - Ce mardi, le tribunal correctionnel de Papeete s'est saisi d'un dossier délicat, traitant d'un accident de la route mortel, survenu en janvier 2024, impliquant trois prévenus mais aucun coupable direct. Un concours de circonstances malheureux qui a coûté la vie à une jeune maman de 25 ans. Le ministère public a requis la relaxe et le délibéré sera rendu le 11 mars prochain.
 
Un accident de la route, une victime décédée, trois prévenus... et aucun coupable (direct). Réduite à ce simple résumé, l'affaire semble invraisemblable. Et pourtant, c'est à ce casse-tête qu'ont dû faire face les membres du tribunal correctionnel de Papeete, ce mardi. En effet, le 28 janvier 2024, au niveau du PK18, une jeune femme de 25 ans, scooterisée, a perdu la vie suite à une collision avec une voiture sortant du parking de la célèbre plage publique de Punaauia. Un choc pourtant léger, mais qui a déséquilibré la scootériste et lui a fait perdre son casque avant de tomber quelques mètres plus loin. Victime d'un traumatisme crânien, celle-ci n'a pas survécu. Poursuivie pour homicide involontaire, la conductrice du véhicule n'a pourtant rien à se reprocher. En témoignent les caméras de surveillance, faisant état d'un malheureux concours de circonstances.
 
Et pour cause, au moment des faits, alors que la jeune conductrice tentait de sortir du parking public du PK18, deux voitures garées sur la chaussée obstruaient la vue sur la voie de circulation. Impossible pour la conductrice d'y voir quoi que ce soit, l'obligeant ainsi à s'avancer prudemment, petit à petit, centimètre par centimètre, sur la route. Une précaution qui n'a hélas pas suffi à éviter le drame. Les propriétaires des véhicules, représentés ce mardi par leur avocat, ont assuré ne pas s'être rendu compte de leur infraction. Vivant depuis peu sur le territoire, ces derniers n'avaient pas eu connaissance de l'arrêté municipal interdisant tout stationnement sur la chaussée. De plus, le marquage de la piste cyclable semblait être peu visible et plusieurs autres voitures étaient également garées aux alentours, laissant penser que cela était autorisé. Et de surcroît, au moment des faits, aucun panneau de signalisation ne semblait être clairement visible afin de prévenir les usagers de l'interdiction de stationner.
 
Un casque non attaché
 
Du côté de la victime, l'enquête a laissé entendre qu'elle n'était pas complètement irréprochable dans ce drame. Selon les enquêteurs, cette dernière n'aurait pas attaché son casque, rendant ainsi sa protection limitée, voire nulle. Et à cela s'ajoute le témoignage du conducteur d'un véhicule qui roulait derrière le scooter au moment de l'accident. Ce dernier confirme la version de la conductrice inculpée, assurant que cette dernière s'était engagée de manière prudente sur la voie de circulation. Une information qui laisse penser que la scootériste n'était pas concentrée sur sa conduite. Un argument soutenu par l'enquête qui a dévoilé des tensions entre elle et son compagnon, plus tôt dans la journée. La victime se rendant chez une amie au moment de l'accident afin de chercher du réconfort. 
 
Un concours de circonstances malheureux qu'a reconnu le ministère public lors de ses réquisitions : “Les procès pénaux ne règlent pas nécessairement la souffrance, la tristesse, la peine, et je crois que malheureusement, ce dossier va en être la parfaite illustration. Il est beaucoup plus simple de juger un dossier où finalement vous (le tribunal, NDLR) êtes confrontés à des situations plus grossières, à des comportements éminemment plus condamnables en raison de la consommation de stupéfiants ou autres. Mais ici, dans cette affaire, rien de tout cela.” Le procureur de la République ainsi que les avocats des prévenus ont demandé la relaxe pure et simple. Le délibéré sera rendu le 11 mars.

Rédigé par Wendy Cowan le Mardi 25 Février 2025 à 14:09 | Lu 3314 fois