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Tranches de vies tahitiennes durant l'occupation japonaise en Indochine


Henri Herault engagé au 310e  RAC au début de sa carrière.
Henri Herault engagé au 310e RAC au début de sa carrière.
PAPEETE, 1er février 2019 - L’association Mémoire polynésienne et la Maison de la culture organisent une conférence sur le thème Les Tahitiens dans les guerres d’Indochine et de Corée, mardi 12 février au Petit théâtre. Tahiti Infos s’associe à cet événement en relatant chaque jour un épisode de ces épopées tahitiennes en Orient. 

Des engagés natifs de Tahiti sont affectés en Indochine. Le Tahitien Raoul Teissier découvre l’Indochine en novembre 1927 dans les rangs du 9e régiment d’infanterie coloniale où il stationne jusqu’en 1930. William Miller, fils de Pedro Miller, est affecté en 1936 à la compagnie télégraphiste coloniale de l’Indochine.

Lucette Huck est collégienne au lycée Albert Sarrault, à Hanoi, jusqu’à l’occupation japonaise en 1939. Son père, Jean Vidal, muté en Chine, aide les sympathisants de la France libre venus d’Indochine à traverser la frontière. Dénoncé, il doit fuir la Chine occupée. Lucette et sa famille parcourent quelque 2000 kilomètres en territoire chinois jusqu’à Tchung King, capitale des troupes de Tchang-kaï-Check. Ils gagnent l’Egypte via les Indes. Lucette Huck s’engage dans les Forces françaises libres.

Roger Teissier et William Miller ne vivront pas l’Indochine française sous le joug de l’armée impériale japonaise. En revanche, Henri Hérault et Robert Fougerousse, deux autres natifs de Tahiti, engagés dans la Coloniale, vont combattre les Japonais. L’Indochine accueille aussi le Popaa farani Noël Ilari, interdit de retour par Émile de Curton dans la colonie d’Océanie où son fils Tamatoa et sa compagne polynésienne sont restés. 

Lucette Vidal, jeune infirmière en 1942 (©ONACVG PF fonds Lucette Huck).
Lucette Vidal, jeune infirmière en 1942 (©ONACVG PF fonds Lucette Huck).
Le 22 septembre 1940, le commandement supérieur des troupes françaises en Indochine signe avec le général japonais Nishiara un accord de non belligérance qui s’inscrit dans l’accord d’armistice signé par la France avec les Allemands à Montoire. Une force japonaise d’environ 6000 hommes occupe le nord du fleuve Rouge et les trois aérodromes de Gia Lam, de Lao Kay et de Phu Lang Thuong au Tonkin, sont mis à disposition de l’armée impériale japonaise.

Singapour est désormais à portée de l’aviation japonaise. La cité Etat tombe avec la Malaisie aux mains des Japonais grâce à leurs points d’appui en Indochine, après l'attaque de la flotte américaine à Pearl Harbour. Certains militaires français choisissent la voie de la résistance qui s’organise rapidement d’autant que les troupes d’occupation japonaises sont favorables aux maquisards nationalistes d’Hô Chi Minh et les laissent en toute impunité attaquer des postes militaires français. 

Les Établissements français d’Océanie ont rallié la France libre en septembre 1940 et Radio- Saigon condamne à mort ou aux travaux forcés les Tahitiens de la France libre.

Les Japonais redoutant une offensive alliée avec la connivence des troupes françaises d’Indochine vont désarmer par la force, dans la nuit du 9 mars 1945, les cantonnements français. Ils investissent rapidement Hanoi, Haiphong, arrêtent les officiers français et regroupent les civils occidentaux. Les garnisons françaises vont résister aux assauts japonais pour tomber l’une après l’autre, à court d’hommes et de munitions.

Le lieutenant tahitien Henri Hérault né le 1er janvier 1907, à Papeete, commande un groupe de fusiliers et de mitrailleurs dans la Citadelle de Hanoi. Henri Hérault va combattre deux jours durant, repoussant plusieurs tentatives d’infiltrations japonaises sur sa position, avant d’être fait prisonnier. La moitié des hommes de la garnison de la Citadelle sera tuée ou blessée. Les survivants de la Citadelle de Hanoi échappent au sort réservés à leurs frères d’armes engagés et faits prisonniers aux frontières. Les blessés sont achevés et les hommes faits prisonniers sont fusillés par les vainqueurs japonais. 

Hérault survit à quelques 50 jours de captivité dans un camp d’internement japonais qui n’a rien à envier aux camps de rééducation vietminh. Après le coup de force japonais, les civils français au nombre de 19000 sont astreints à résidence forcée. La Kempeitai, police politique de l'armée impériale nippone, procède à des arrestations, tortures et exécutions. Les enfants ne sont pas épargnés.

Les hommes et les unités qui ont échappé à la capture tentent de gagner les frontières chinoises. Ceux qui y parviennent sont désarmés et internés par les forces chinoises. Parmi les hommes qui réussissent à gagner la frontière chinoise, il y a le Tahitien Robert Fougerousse du 1er régiment de tirailleurs tonkinois. Noël Ilari échappe à l’emprisonnement grâce à une fausse appartenance à la marine marchande. Il quitte l’Indochine en mars 1946 embarqué sur le La Gloire avec le triste sentiment d’un vaincu.

​Conférence le 12 février

L’association Mémoire polynésienne et la Maison de la culture organisent une conférence sur le thème Les tahitiens dans les guerres d’Indochine et de Corée.
Jean-Christophe Shigetomi relatera l’épopée des Tamari’i Tahiti engagés dans le corps expéditionnaire d’Extrême-Orient, entre 1945 et 1954. Il parlera aussi de ceux, moins nombreux, qui ont servi au sein du Bataillon français de l’ONU, entre 1950 et 1953 en Corée.

Date : le 12 février 2019 à partir de 18 heures

Lieu : Petit théâtre

Entrée libre et gratuite


Rédigé par TI le Vendredi 1 Février 2019 à 14:33 | Lu 2374 fois