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Toujours "L'enfer" pour Stromae, tournée totalement arrêtée


Bertrand GUAY / AFP
Bertrand GUAY / AFP
Paris, France | AFP | mardi 09/05/2023 - "Ce temps de repos sera plus long que je ne l'imaginais": Stromae, qui chantait "L'enfer" de son burn-out passé, annonce mardi l'arrêt total de sa tournée, déjà stoppée partiellement et qui devait durer jusqu'en décembre 2023.

"L'état de santé de Stromae ne lui permet pas d'assurer sa performance", indique juste son producteur de tournée, Auguri, dans un texte commun avec Mosaert, structure du chanteur, mégastar belge de 38 ans.

"Je dois aujourd'hui accepter que ce temps de repos et de rémission sera plus long que je ne l'imaginais", écrit l'auteur du tube "Formidable". "C'est donc avec un immense regret que je ne pourrai pas honorer ma promesse et que j'annonce l'arrêt du Multitude Tour aujourd'hui". 

Comme un mauvais refrain. Essoré par une tournée mondiale XXL dans la foulée de l'album tubesque "Racine carrée" (2013), Stromae avait une première fois jeté l'éponge fin 2015, sapé par une dépression aggravée par les effets secondaires d'un antipaludique. 

Celui qui compte parmi les artistes francophones les plus écoutés dans le monde était enfin remonté sur scène en 2022, pour présenter "Multitude". Disque qui lui avait permis de gagner une 6e et une 7e Victoires de la musique (décernées en France). 

"Invaincu", morceau d'ouverture - sur disque et sur scène -, semblait attester de son retour en forme et d'une ambition retrouvée.

"Pensées suicidaires"

Mais "L'enfer" est de retour. Dire qu'il avait créé l'évènement avec ce morceau, en le dévoilant dans une séquence mise en scène au journal de 20H00 de TF1 un dimanche soir de début 2022 en France. 

"Du coup, j'ai parfois eu des pensées suicidaires/J'en suis peu fier/On croit parfois que c'est la seule manière de les faire taire/Ces pensées qui me font vivre un enfer", entend-on dans ce morceau aux forts relents autobiographiques.

Stromae n'a jamais fait mystère des problèmes rencontrés lors de son ascension. "Même si on vend du rêve, ça reste un métier et, comme dans n'importe quel métier, quand on travaille de trop, on arrive à un burn-out", avait-il concédé en 2018 dans un entretien à France 2.

Dans le journal de 20H00 de TF1, il avait confié que le travail sur des clips pour d'autres ces dernières années - Billie Eilish, Dua Lipa ou OrelSan, entre autres - lui avait "vraiment fait du bien" car "l'attention" n'était alors "plus portée" sur lui. 

"Partir en cacahouète"

Tout semblait pourtant limpide au début pour Paul Van Haver, pour l'état civil, devenu une référence pour les jeunes artistes comme son compatriote Pierre de Maere ou la Française Zaho de Sagazan (tous deux roulent les "r" comme lui et comme Jacques Brel auparavant). 

Né en banlieue de Bruxelles, d'une mère flamande et d'un père rwandais parti très tôt de la maison et tué pendant le génocide, il découvre le rap ado. Il y fait ses premières armes, puis compose pour des artistes grand public, comme Anggun, avant de se tourner vers l'eurodance des années 90, dont la Belgique est un des creusets.

En 2010, son premier album sous le nom de Stromae contient le hit "Alors on danse", évocation des gens qui dansent pour oublier la crise, leur désespoir et la mort. Le titre tourne en boucle dans les discothèques, devient le tube de l'été et est même remixé par Kanye West.

Quelques mois plus tard, le public découvre un artiste singulier, entre Brel, Arno et Kraftwerk, sur la scène des Trans Musicales de Rennes.

"Ma crainte, c'est de ne pas rester normal. Le jour où je me prendrai au sérieux, c'est là que je commencerai à partir en cacahouète", disait-il au moment du succès des fulgurants "Formidable" ou "Papaoutai". 

le Mercredi 10 Mai 2023 à 19:02 | Lu 609 fois