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Thon rouge: les ONG toujours en croisade contre la pêche illégale


Thon rouge: les ONG toujours en croisade contre la pêche illégale
PARIS, 14 nov 2012 (AFP) - Les ONG engagées dans la défense du thon rouge, l'un des grands prédateurs de Méditerranée, estiment que la pêche illégale de ce poisson très prisé des Japonais a diminué mais est toujours une réalité et réclament un renforcement des contrôles tout au long de la chaîne commerciale.

"L'ampleur de la pêche illégale a été réduite, mais elle n'a pas disparu et nous préoccupe toujours", déclarait à la presse Sergi Tudela, responsable Pêche à World Wild Fund (WWF) quelques jours avant le début lundi de la réunion à Agadir (Maroc) de la Cicta, l'organisation intergouvernementale en charge de gérer la pêche du thon rouge.

Du 12 au 19 novembre, les 48 membres de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (UE, USA, Canada, Japon, pays méditerranéens) doivent faire le bilan des programmes de gestion de pêche et décider des prochains quotas de capture.

Or "il y a toujours des problèmes de pêche illégale et de surpêche et la Cicta doit regarder cela en face, car cela pénalise les pêcheurs qui sont dans la légalité et cela menace le rétablissement de stocks", insiste Susan Lieberman, experte de l'ONG Pew Environnement.

"En 2007, les quotas étaient de 29.000 tonnes, mais les scientifiques de la Cicta estimaient que les prises réelles, incluant les captures illégales, étaient en fait de plus de 60.000 tonnes", rappelle Sergi Tudela.

Les excès des années 90 et 2000 ont conduit à mettre en danger la survie du thon rouge et forcé la Cicta à prendre des mesures contraignantes (quotas, contrôles, réduction de flotte) qui semblent commencer à porter leurs fruits.

"Il y a toujours probablement des captures illégales mais on ne peut pas comparer le passé et aujourd'hui", assure Jean-Marc Fromentin, chercheur à l'Ifremer et membre de la commission scientifique de la Cicta. Même s'il est "toujours possible qu'il y ait des bateaux avec des pavillons un peu exotiques qui ne soient pas clairement identifiés, mais cela est plutôt marginal", affirme-t-il.

Trop de bateaux

Désormais des bateaux militaires français, italiens et espagnoles patrouillent pendant la période de pêche du 15 mai au 15 juin.

Des observateurs sont aussi dépêchés sur des bateaux de pêche et des contrôles effectués dans les ports.

Sans donner d'estimation, les ONG mettent en avant que les données du commerce international ne sont pas en adéquation avec les déclarations de capture faites à la Cicta.

Sergi Tudela (WWF) met aussi en avant "un certain nombre de cas de fraude que nous avons soumis à l'examen de la Cicta", en se disant notamment "inquiet au sujet des contrôles en Tunisie".

Présente à la réunion d'Agadir en tant qu'observateur, WWF demande que le programme de réduction de la flotte soit poursuivi. "Il y a toujours trop de bateaux pour permettre une pêche durable", estime Sergi Tudela.

Les ONG réclament aussi que la traçabilité de chaque poisson pêché se fasse désormais sur support électronique.

Aujourd'hui, un "bluefin catch document" (BCD) retrace, en théorie, le parcours de chaque animal depuis le lieu de capture jusqu'au lieu de commercialisation. "Mais cette documentation se fait sur papier et le papier facilite la fraude", estime Susan Lieberman (Pew).

Le passage sur un support électronique est prévu. "Cela doit absolument être fait dès la prochaine saison de pêche en 2013", plaide la scientifique.

Enfin, le maintien des contrôles au même niveau qu'aujourd'hui, avant une nouvelle estimation scientifique des stocks en 2015, est défendue.

"Il ne faut surtout pas de relâchement de ce côté-là", prévient l'expert Jean-Marc Fromentin.

Rédigé par Par Céline SERRAT le Mardi 13 Novembre 2012 à 17:19 | Lu 337 fois