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Thomas Cook: touristes rapatriés, dirigeants accusés


Londres, Royaume-Uni | AFP | mardi 24/09/2019 - Les autorités ont rapatrié 10% des dizaines de milliers de touristes britanniques affectés par la faillite de Thomas Cook, une opération qui cause des perturbations au moment où les salaires faramineux perçus par les dirigeants du groupe font scandale.

L'Autorité britannique de l'Aviation civile (CAA) a annoncé mardi dans un communiqué avoir ramené 14.700 personnes au Royaume-Uni lundi, au premier jour d'une opération de rapatriement d'une ampleur inédite depuis la Seconde Guerre mondiale.
Quelque 64 vols ont permis à ces touristes éparpillés dans le monde, surtout dans les régions ensoleillées de Méditerranée, de rentrer à bon port. 
Au total, 150.000 touristes britanniques voyageaient avec Thomas Cook quand le groupe a soudainement mis la clé sous la porte lundi aux premières heures de la matinée. Le nombre de clients du voyagiste actuellement en vacances s'élève à environ 600.000 toutes nationalités confondues.
Mardi, la CAA prévoyait de ramener 16.500 touristes britanniques grâce à 74 vols. L'opération de rapatriement devrait durer environ deux semaines.
La CAA utilise notamment des avions loués à d'autres compagnies aériennes, pour un coût total qui devrait tourner autour de 100 millions de livres.
"Nous voulons que les gens continuent de profiter de leurs vacances et donc nous les ramènerons au Royaume-Uni le jour de leur retour prévu ou juste après", explique Richard Moriarty, directeur général de la CAA.
 

- Rentrer à la maison -

 
Il rappelle toutefois qu'"un rapatriement de cette ampleur et de cette nature est sans précédent et malheureusement il y a quelques inconvénients et perturbations pour les clients. Nous faisons tout ce qui est possible pour limiter cela", ajoute-t-il.
A l'aéroport de Palma de Majorque, de longues queues de familles, personnes âgées et jeunes gens, se formaient avant d'embarquer dans des avions devant les ramener au Royaume-Uni.
"Je m'attendais à pire franchement. Notre vol va être un peu plus tard que prévu aujourd'hui mais nous rentrons à la maison et c'est ce qui compte", souligne Alastair Ross, un étudiant de 27 ans.
Au Maroc, le ministère du Tourisme a pour sa part mis en place une cellule de crise pour "suivre et encadrer le rapatriement de milliers de clients" du voyagiste.
La CAA reconnaît qu'il y a de "la confusion dans certains hôtels", alors que des gérants ont pu demander à des vacanciers de payer pour pouvoir rester. 
Elle ajoute que 60% des clients auront toutefois droit à un remboursement grâce à la garantie ATOL, émanation britannique d'une directive européenne de protection des voyages organisés pré-payés.
Le pays restait sidéré par la chute brutale du pionnier des voyages organisés, qui a été placé en liquidation du jour au lendemain après avoir échoué au cours du week-end à trouver les fonds nécessaires à sa survie, menaçant l'emploi de ses 22.000 salariés, dont 9.000 au Royaume-Uni.
Les projecteurs se braquaient mardi matin sur les dirigeants du groupe qui se sont partagé, selon la presse britannique, 20 millions de livres en salaires et bonus depuis 2014 alors même que le groupe était en grande difficulté entre résultats calamiteux et effondrement du cours de Bourse.

- Gestion hasardeuse ? -

 
Les tabloïds britanniques, comme toujours, ne mâchaient pas leurs mots et accusaient en Une les patrons de s'en être mis plein les poches, le Daily Express leur demandant même de rembourser les sommes perçues, ce qu'a également exigé l'opposition travailliste.
En déplacement à New York à l'occasion de l'Assemblée générale des Nations unies, le Premier ministre britannique Boris Johnson s'est lui-même interrogé sur le comportement des dirigeants.
"Je me demande s'il est juste que les dirigeants, ou qui que ce soit d'autre, le conseil d'administration, s'accordent des sommes importantes quand des entreprises peuvent couler comme ça", a-t-il commenté selon les médias britanniques.
La ministre des Entreprises Andrea Leadsom avait, quant à elle, demandé au liquidateur public en charge de la faillite du groupe d'enquêter sur le comportement de ses dirigeants.
La question est de savoir quelle est leur part de responsabilité dans la banqueroute du voyagiste qui, lourdement endetté, paye des années de gestion hasardeuse mais a aussi souffert de la frilosité de consommateurs inquiets du Brexit, et la concurrence des vacances achetées sur internet.

le Mardi 24 Septembre 2019 à 06:00 | Lu 290 fois