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Territoriales : "Les misères actuelles sont des crimes envers Dieu", rouspète le candidat Falletta


Territoriales : "Les misères actuelles sont des crimes envers Dieu", rouspète le candidat Falletta
Parking encombré, périmètre constellé de vigiles et salle Matisse comblée avec près de 350 personnes, alors que l'on s'affère, dès 11 heures en salle de restauration à installer le buffet qui accueillera bientôt la foule du meeting : l'entrée en politique de Franck Falletta, ne s'est pas faite en toute modestie, samedi 8 décembre à l'hôtel Le Meridien Tahiti. Il y a longuement réfléchi : maintenant il s'engage.
Dehors il fait gris. Une pluie fine tombe sur Punaauia. Dans la grande salle au rez-de-chaussée de l'hôtel, au pupitre face à son public, après la prière, peu à peu, l'homme d'affaires égrène un discours fleuve, entrecoupé des vives traductions en reo ma'ohi de Charles Atger, qui se tient à ses côtés, chemise blanche, tenue soignée, petite moustache et crâne glabre. Face à eux, le public est un mélange de curieux, de fervents et de dubitatifs, toutes ethnies et catégories socio-professionnelles confondues.

Parler à la foule, c'est un art que ne maîtrise pas Falletta ; Atger en connaît mieux les tiroirs. Ce discours, on a pris le soin de le truffer, deci delà, d'évocations divines et cela semble toucher la partie populaire de la salle, une bonne moitié de l'assistance, qui applaudit bruyamment à chaque fois.

Après une introduction vaguement mystique donc : "je ne supporte plus et je ne veux plus tolérer cette misère que je vois métastaser, chaque jour un peu plus, dans notre belle Polynésie", harangue l'homme d'affaires dorénavant en course pour les Territoriales de 2013 et sa ligne d'horizon des 21 avril et 5 mai prochains. "Halte à la misère ! (...) sera par conséquent le fil rouge de ma campagne. (...) Je suis de ceux qui pensent et qui affirment que l'on peut détruire la misère. Je ne dis pas limiter, diminuer, amoindrir, circonscrire : je dis détruire. (...) Car les misères actuelles ne sont pas seulement des torts envers l'homme, mais aussi des crimes envers Dieu." (Applaudissements)

Un discours d'un peu plus d'une heure, par lequel Franck Falletta a durement pointé du doigt la gabegie des gouvernements qui se sont succédés aux commandes de la Polynésie française et "tous les milliards qui ont été (...) gaspillés, mal utilisés, parfois détournés (...)" auraient pu servir l'objectif "de création d'emplois et pour l'aide aux plus démunis". (Applaudissements)

Franck Falletta annonce -- mais ne dévoile pas -- 60 réformes pour le redressement de la Polynésie. Evoquées samedi, elles seront présentées le 11 janvier prochain. "Nous ferons du Tourisme (...) le fer de lance de notre relance économique", explique en apéritif le patron de Tahiti Nui Travel par ailleurs fervent défenseur de l'implantation de l'industrie du jeu qu'il estime nécessaire au divertissement des touristes.
Des mesures aussi pour l'"Agriculture, la Pêche (...) en vue de retrouver le plein emploi.". Il évoque également la fiscalité, l'énergie, les transports urbains, les contraintes administratives, et la place que "mérite" la Polynésie dans l'Asie et le Pacifique. (Applaudissements)

Ronald Terorotua n'est pas bien loin, mais il n'y a pas de liste pour l'instant, dans ce rassemblement éponyme. "C'est trop tôt, je ne peux rien vous dire", confie le nouveau candidat, qui n'exclue pas une éventuelle union avec les forces politiques existantes : "On doit s'unir, ce n'est pas la peine de partir à 50", annonce-t-il avec un certain réalisme commercial.

Et pour finir, un appel au devoir : "Votez, votez c'est un devoir sacré, votez au moins cette fois-ci, c'est très important (...) car la Polynésie est à un nouveau tournant de son histoire". (Applaudissements)

Territoriales : "Les misères actuelles sont des crimes envers Dieu", rouspète le candidat Falletta
Franck Falletta, vous entrez dans la course des Territoriales de 2013. Lorsque vous parlez de mission divine, faut-il vraiment prendre vos propos au sens littéral ?

Franck Falletta : J'ai des convictions religieuses. Je crois en Dieu. Voilà, tout simplement.

Qui vous accompagne dans ce parcours vers les élections territoriales de 2013 ?

Franck Falletta : Nous sommes en train de travailler, peut-être allons-nous rejoindre un grand parti. Nous ne savons pas encore. Nous travaillons surtout sur les 60 réformes que nous allons proposer. Il s'agira surtout de donner du travail à la population. Dès demain. Je n'attends pas les élections pour créer des emplois. C'est ce que je fais tous les jours. Regardez mon parcours. J'ai créé plusieurs milliers d'emplois et je vais continuer, tout de suite.

Quelle est la réforme prioritaire dont a besoin le pays, selon vous ?

Franck Falletta : L'énergie. Toutes les énergies. Avec une priorité sur l'achat du pétrole moins cher. On ne sait pas l'acheter, ce pétrole aujourd'hui. Pour le moment, tous nos appareils ont besoin de pétrole.

Vous déclarez être déçu de la classe politique actuelle, c'est ce qui a motivé votre engagement ?

Franck Falletta : Non, non. J'ai trouvé beaucoup d'incohérence, beaucoup de blablabla. Il faut arrêter tout ça. Je suis un homme d'expérience. J'ai une expérience nationale et internationale. Vous verrez les relations que nous aurons avec d'autres pays. Elles seront très fortes.

Vous avez évoqué le cas néo-zélandais.

Franck Falletta : Bien sûr. Ce sont nos frères. Quand on parle de la pêche, ils ont 20 ans d'avance sur nous. Il vont développer une activité d'élevage du thon. Pourquoi devrait-on aller je ne sais où, pour trouver des techniques pour développer la pêche ?

Quelles autres mesures mettrez-vous en avant, dans votre programme ?

Franck Falletta : La fiscalité.

Au fond l'esprit de ces mesures, qu'est-ce que c'est ?

Franck Falletta : Le peuple. Le bonheur du peuple. Nous ne sommes que 275.000 personnes ici. (...) Nous sommes tous des frères. Nous avons le même sang, tous. Dieu, ce qu'il veut c'est que nous nous unissions tous. (...) Aujourd'hui, il y a 58 candidats pour cette élection, si je ne me trompe pas. Nous sommes tous des frères, on se parle... Je vous ai dit, je suis différent : j'écoute. On doit s'unir, ce n'est pas la peine de partir à 50.

Serait-il possible que vous rejoigniez une autre plateforme que celle que vous êtes en train de créer ?

Franck Falletta : Pourquoi pas, si elle est intéressante. Moi je veux l'honnêteté, la transparence. Il faut changer. Je vous l'ai dit : tous ces milliards qui sont partis en fumée, il faut les avoir pour notre peuple et notre bien à tous, et que la France, au moins sache où va cet argent. C'est tout.



Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Samedi 8 Décembre 2012 à 14:37 | Lu 4371 fois