Tahiti Infos

Tatutu : nouvelle manifestation sans issue


Les agents mécontents se sont réunis devant la porte d’entrée principale de la prison (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Les agents mécontents se sont réunis devant la porte d’entrée principale de la prison (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 24 avril 2025 – Les agents du centre de détention de Papeari ne décolèrent pas. Ce jeudi midi, ils étaient une centaine à manifester devant l’entrée principale pour demander des réponses à leurs revendications, mais aussi des “excuses” de leur directrice. Faute d’avancées, le syndicat FO Justice envisage de se tourner vers le haut-commissariat.
 

Trois fois en un mois, cette année. Le rythme des manifestations s’intensifie au centre de détention de Papeari, comptant parmi les prisons les plus récentes de France. Ce jeudi midi, sur leur pause déjeuner, une centaine d’agents se sont mobilisés devant la porte d’entrée principale de l’établissement. Pas de blocage : l’intention était davantage de perturber les extractions judiciaires et médicales, à l’exception des urgences vitales.
 
Le personnel présent maintient ses revendications, en premier lieu “de demander à la directrice de venir devant nous, sur le piquet de manifestation, pour présenter des excuses publiques à tous les fonctionnaires d’État placés sous son autorité (...) Qu’elle daigne descendre de sa tour dorée !”, lance Karl Manutahi, secrétaire territorial du syndicat FO Justice.
 
À ce stade, le dialogue semble bloqué, les deux parties campant sur leurs positions. “On lui a donné notre plateforme revendicative : elle n’a pas encore répondu point par point. Aujourd’hui, elle nous invite à venir la voir à 14 h 30, et je lui ai répondu qu’on l’invitait à venir nous voir à 11 h 30. Nous n’irons pas : c’est déplacé, nous ne sommes pas des porte-paroles ! Le personnel attend des excuses parce qu’elle nous a traités de ‘gens sur le trottoir’. (...) C’est péjoratif !”, ne décolère pas le syndicaliste.
 

“On sera là toutes les semaines”, assure Karl Manutahi.
“On sera là toutes les semaines”, assure Karl Manutahi.

​Interpeler le haut-commissariat


Outre ce différend consécutif aux échanges survenus lors de la mobilisation du 7 avril, où la directrice, Virginie Tanquerel, était venue à la rencontre des manifestants, les agents mobilisés soutiennent plusieurs points de revendication. “En 2024, j’ai été très bien noté, mais je n’ai pas reçu de prime annuelle. Je cherche des réponses. Dans le même temps, on fait face à beaucoup de pannes, mais on n’a pas les moyens de faire notre travail correctement”, confie un agent des services techniques. Même sentiment chez ce surveillant pénitentiaire : “On a des problèmes matériels et de sécurité, mais aussi de management. (...) Comme d’autres collègues, j’ai fait une demande pour être muté à Faa’a. Je travaille depuis quinze ans dans l’administration pénitentiaire, et c’est la première fois que je manifeste contre une direction”.
 
Faute d’avancées, Karl Manutahi se dit prêt à poursuivre le bras de fer. “On sera là toutes les semaines jusqu’à ce qu’elle vienne nous présenter ses excuses”, assure-t-il, quitte à monter d’un cran en envisageant de manifester devant le haut-commissariat. La directrice de Tatutu n’étant toujours pas autorisée à s’exprimer sur ce conflit en raison de son devoir de réserve, c’est par voie de communiqué qu’une réponse est attendue.
 

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Jeudi 24 Avril 2025 à 16:41 | Lu 1669 fois