Tahiti, le 6 mars 2024 – Les ministres Taivini Teai et Minarii Galenon sont de retour de leurs missions respectives dans l'Hexagone et même à Bruxelles pour le ministre de l'Agriculture. Ce mercredi, ils ont tenu une conférence de presse commune pour expliquer ces déplacements dont la presse n'a eu que peu d'écho pendant 15 jours.
Opération justification ce mercredi à la présidence lors d'une conférence de presse de Taivini Teai et de Minarii Galenon. Alors que la presse – Tahiti infos notamment – s'est récemment émue du manque de communication de nos ministres en mission à Paris, le ministre de l'Agriculture et son homologue au Logement et aux solidarités ont tenu à faire le bilan de leurs déplacements respectifs.
Rentrée ce week-end, Minarii Galenon a précisé d'emblée que sa mission s'était déroulée du 15 au 25 février. “Ensuite, j'étais en congé, sans indemnités, et j'ai même demandé à ne pas être payée pendant une semaine en tant que ministre”, a-t-elle souligné. Il faut savoir en effet qu'un ministre en mission touche 50 000 francs (47 700 exactement) de frais de déplacement par jour. D'où la question légitime de savoir ce que font les membres du gouvernement lorsqu'ils sont en dehors du territoire.
Logement intermédiaire, une modification de la loi dans les tuyaux
Or, pendant cette mission de 10 jours de la ministre des Solidarités et du Logement, un seul communiqué est parvenu aux rédactions, et pour le moins tardivement, sur sa participation aux Assises de la construction durable en outre-mer. Minarii Galenon s'est dit “étonnée” : “Bon, on a fait des communiqués, ce n'est pas arrivé, je n'en sais rien moi”, a-t-elle répondu agacée, regrettant surtout “qu'on s'inquiète de la durée d'une mission alors qu'avant on ne s'en inquiétait pas”.
Cela étant dit, on a donc appris que la ministre avait notamment discuté partenariats financiers public/privé autour des logements intermédiaires et qu'elle entendait modifier une loi du Pays afin d’augmenter la garantie financière du Pays. Mais encore ? “C'est la condition sine qua non pour qu'on soit soutenu par la Banque des territoires et par l'État”, a-t-elle expliqué.
Le ministre de l'Économie doit donc proposer un texte rapidement pour un examen au Cesec puis à l'assemblée “d'ici le deuxième semestre”. Elle s'est par ailleurs “rapprochée” avec le Forum des îles du Pacifique et s'est réjouie d'être sur la même longueur d'ondes que la Nouvelle-Calédonie mais aussi Wallis-et-Futuna en matière de logement. L'idée étant de “respecter nos spécificités face aux règles et aux normes européennes” et pourquoi pas, de légiférer sur des matériaux de construction propres à ces différents territoires.
“Je n'étais pas là-bas en vacances”
Même son de cloche du côté de Taivini Teai, lui aussi ravi d'avoir une “position commune” avec nos voisins du Pacifique en matière d'agriculture. Sur le volet communication, ou manque de communication, il explique d'abord qu'il “n'était pas là-bas en vacances”, mais “pour rencontrer ses homologues”. Ensuite, qu'il y a deux écoles : “Je pense que c'est différent par rapport à chacun des ministres. Notre président est hyper connecté. La ministre des Sports aussi. Ils sont nés avec cette vision de communiquer”, dit-il. “C'est vrai que pour ma part, au niveau du ministère de l'Agriculture, je n'ai pas vraiment communiqué directement avec la presse car l'important pour moi c'était d’échanger avec les agriculteurs, les éleveurs, les pêcheurs, les perliculteurs.”
Sauf qu'il n'a pas été beaucoup vu au Salon de l'Agriculture alors que c'était pourtant le rendez-vous phare inscrit à son agenda. Son absence a notamment été remarquée lors de la remise des prix aux exposants Polynésiens.
Le ministre se défend en expliquant avoir été mandaté par le président du Pays qui lui a demandé de le représenter à Bruxelles pour la conférence de l'OCTA (Association des PTOM), et le 20e Forum UE/PTOM. “De facto je n'étais pas présent au salon et ça a pris sur les réunions que j'avais déjà envisagées, notamment sur ces remises de prix pour nos exposants”, a ainsi regretté Taivini Teai.
Bruxelles plutôt que la remise des prix au Salon
Il a par ailleurs “découvert”, à cette occasion, que la Polynésie était éligible à plusieurs instruments financiers européens : “On a toujours entendu dire que les financements de l'Europe étaient inaccessibles. Et le fait de parler d'une voix commune, en tant que Pays et territoire d'Outre-mer (PTOM) de l'Union européenne, ça a permis d'asseoir une position pour préserver nos îles.” Pas si inaccessibles puisque la Polynésie bénéficie des fonds européens depuis de nombreuses années.
C'est ainsi qu'il y a tout juste un an, le Pays signait la convention de financement du “programme européen d'appui à la gestion de l'eau en Polynésie française” pour un montant de 3,7 milliards de francs sur la période 2023-2027. Une manne financière non négligeable.
Sur ces quinze jours de mission, le ministre a-t-il rapporté de bonnes nouvelles dans ses valises ? Rien de concret, mais des “rencontres”, des “réunions”, “un déplacement à Bruxelles pour le verdissement et le bleuissement des systèmes alimentaires”, et sa “volonté de mettre en place une caisse assurantielle pour nos agriculteurs pour faire face au changement climatique”.
Sur ce point, le président Macron a justement reçu des acteurs du monde agricole la semaine dernière pour leur annoncer que les exploitants ultramarins seraient éligibles au fonds national de gestion des risques en agriculture, autrement dit qu'ils bénéficieraient aussi d'une assurance agricole. Mais l'information n'est visiblement pas parvenue jusqu'au ministre Taivini Teai qui, interrogé ce mercredi sur ce point nous a répondu : “Là c'est pour la Métropole. Ce qui est mis en place en Métropole n'est pas, de facto, mis en place en Polynésie.” Là aussi, il semble y avoir eu un couac dans la communication...
Opération justification ce mercredi à la présidence lors d'une conférence de presse de Taivini Teai et de Minarii Galenon. Alors que la presse – Tahiti infos notamment – s'est récemment émue du manque de communication de nos ministres en mission à Paris, le ministre de l'Agriculture et son homologue au Logement et aux solidarités ont tenu à faire le bilan de leurs déplacements respectifs.
Rentrée ce week-end, Minarii Galenon a précisé d'emblée que sa mission s'était déroulée du 15 au 25 février. “Ensuite, j'étais en congé, sans indemnités, et j'ai même demandé à ne pas être payée pendant une semaine en tant que ministre”, a-t-elle souligné. Il faut savoir en effet qu'un ministre en mission touche 50 000 francs (47 700 exactement) de frais de déplacement par jour. D'où la question légitime de savoir ce que font les membres du gouvernement lorsqu'ils sont en dehors du territoire.
Logement intermédiaire, une modification de la loi dans les tuyaux
Or, pendant cette mission de 10 jours de la ministre des Solidarités et du Logement, un seul communiqué est parvenu aux rédactions, et pour le moins tardivement, sur sa participation aux Assises de la construction durable en outre-mer. Minarii Galenon s'est dit “étonnée” : “Bon, on a fait des communiqués, ce n'est pas arrivé, je n'en sais rien moi”, a-t-elle répondu agacée, regrettant surtout “qu'on s'inquiète de la durée d'une mission alors qu'avant on ne s'en inquiétait pas”.
Cela étant dit, on a donc appris que la ministre avait notamment discuté partenariats financiers public/privé autour des logements intermédiaires et qu'elle entendait modifier une loi du Pays afin d’augmenter la garantie financière du Pays. Mais encore ? “C'est la condition sine qua non pour qu'on soit soutenu par la Banque des territoires et par l'État”, a-t-elle expliqué.
Le ministre de l'Économie doit donc proposer un texte rapidement pour un examen au Cesec puis à l'assemblée “d'ici le deuxième semestre”. Elle s'est par ailleurs “rapprochée” avec le Forum des îles du Pacifique et s'est réjouie d'être sur la même longueur d'ondes que la Nouvelle-Calédonie mais aussi Wallis-et-Futuna en matière de logement. L'idée étant de “respecter nos spécificités face aux règles et aux normes européennes” et pourquoi pas, de légiférer sur des matériaux de construction propres à ces différents territoires.
“Je n'étais pas là-bas en vacances”
Même son de cloche du côté de Taivini Teai, lui aussi ravi d'avoir une “position commune” avec nos voisins du Pacifique en matière d'agriculture. Sur le volet communication, ou manque de communication, il explique d'abord qu'il “n'était pas là-bas en vacances”, mais “pour rencontrer ses homologues”. Ensuite, qu'il y a deux écoles : “Je pense que c'est différent par rapport à chacun des ministres. Notre président est hyper connecté. La ministre des Sports aussi. Ils sont nés avec cette vision de communiquer”, dit-il. “C'est vrai que pour ma part, au niveau du ministère de l'Agriculture, je n'ai pas vraiment communiqué directement avec la presse car l'important pour moi c'était d’échanger avec les agriculteurs, les éleveurs, les pêcheurs, les perliculteurs.”
Sauf qu'il n'a pas été beaucoup vu au Salon de l'Agriculture alors que c'était pourtant le rendez-vous phare inscrit à son agenda. Son absence a notamment été remarquée lors de la remise des prix aux exposants Polynésiens.
Le ministre se défend en expliquant avoir été mandaté par le président du Pays qui lui a demandé de le représenter à Bruxelles pour la conférence de l'OCTA (Association des PTOM), et le 20e Forum UE/PTOM. “De facto je n'étais pas présent au salon et ça a pris sur les réunions que j'avais déjà envisagées, notamment sur ces remises de prix pour nos exposants”, a ainsi regretté Taivini Teai.
Bruxelles plutôt que la remise des prix au Salon
Il a par ailleurs “découvert”, à cette occasion, que la Polynésie était éligible à plusieurs instruments financiers européens : “On a toujours entendu dire que les financements de l'Europe étaient inaccessibles. Et le fait de parler d'une voix commune, en tant que Pays et territoire d'Outre-mer (PTOM) de l'Union européenne, ça a permis d'asseoir une position pour préserver nos îles.” Pas si inaccessibles puisque la Polynésie bénéficie des fonds européens depuis de nombreuses années.
C'est ainsi qu'il y a tout juste un an, le Pays signait la convention de financement du “programme européen d'appui à la gestion de l'eau en Polynésie française” pour un montant de 3,7 milliards de francs sur la période 2023-2027. Une manne financière non négligeable.
Sur ces quinze jours de mission, le ministre a-t-il rapporté de bonnes nouvelles dans ses valises ? Rien de concret, mais des “rencontres”, des “réunions”, “un déplacement à Bruxelles pour le verdissement et le bleuissement des systèmes alimentaires”, et sa “volonté de mettre en place une caisse assurantielle pour nos agriculteurs pour faire face au changement climatique”.
Sur ce point, le président Macron a justement reçu des acteurs du monde agricole la semaine dernière pour leur annoncer que les exploitants ultramarins seraient éligibles au fonds national de gestion des risques en agriculture, autrement dit qu'ils bénéficieraient aussi d'une assurance agricole. Mais l'information n'est visiblement pas parvenue jusqu'au ministre Taivini Teai qui, interrogé ce mercredi sur ce point nous a répondu : “Là c'est pour la Métropole. Ce qui est mis en place en Métropole n'est pas, de facto, mis en place en Polynésie.” Là aussi, il semble y avoir eu un couac dans la communication...