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Taha'a a perdu ses eaux


ENVIRONNEMENT, le 19 juin 2020 - Une qualité de l'eau potable en baisse, des problèmes de distribution qui courent depuis des années, l'île vanille est engagée dans un défi de l'eau potable qu'elle compte bien remporter d'ici la fin de l'année.

Après avoir rejoint les quelques îles ou communes distribuant de l’eau potable en 2018, Taha’a a été la seule à être rétrogradée par le  dernier rapport annuel Centre d’hygiène et de salubrité publique sur la qualité des eaux. Si la qualité de l’eau distribuée sur l’île vanille reste, malgré tout, parmi les meilleures de la Polynésie française, Taha’a est desservie par un réseau d’adduction vétuste et souffre d’une distribution défectueuse ponctuée des coupures nocturnes entre 19 heures et 4 heure. Situation que dénoncent les habitants. Contactées, la maire et une responsable technique affirment que tous les problèmes seront résolus avant la fin de l’année et qu’ainsi, la population de l’île pourra profiter de l’eau potable la moins chère du pays.
 

« Nous travaillons à ce que tout le monde ait de l’eau 24 heures sur 24 »
Céline Temataru,
Maire de Tahaa
 
Quel est votre sentiment sur le déclassement de Taha’a en 2019 après avoir fait partie des îles distribuant une eau potable ?
On ne peut que constater une baisse au niveau de la potabilité de l’eau qui s’explique principalement par un défaut  de chlore en fin de réseau et par une insuffisance de vidange d’après mes techniciens. Sur les cinq forages à Taha’a, j’en ai quatre qui contiennent  une eau potable tandis que le dernier est mesuré à seulement 67%. On va donc y remédier à cela pour que tous soient à 100%.
 
Comment expliquer ce défaut de chlore ?
Difficile à dire puisque en début de réseau il n’y a pas de problème. Cela est peut-être dû à l’étendue du réseau. Quoiqu’il en soit, cette eau en fin de réseau est considérée comme potable à 92%. Ce qui n’est pas si mauvais même si on préférerait revenir à 100%.
 
Des habitants se plaignent de coupures nocturnes sur les secteurs de Haamene et Vaitoare. Que leur dites-vous ?
 Effectivement il y a des coupures d’eau tous les soirs dans le secteur sud à partir de 19 heures.  C’est un problème de bassins qui sont en train d’être colmatés. Ce problème est ancien mais les agents ne m’ont pas signalé les fuites dans des bassins. Il a fallu que d’autres travailleurs venus débrousser me les signalent. Nous sommes en train de faire le nécessaire pour y remédier. Je pense que d’ici le mois prochain il n’y aura plus de coupures d’eau, car les bassins commencent à se remplir. Notre réseau est vieillissant. Cela entraine aussi des fuites. Nous sommes actuellement en train de faire le schéma directeur et dès que ce sera fini on s’attaquera à ce problème.
 
L’île possède-t-elle une ressource en eau suffisante pour faire face à la demande ?
Oui car dans  la journée nous n’avons pas de problème d’eau. Ce n’est que le soir que nous coupons jusqu’à 4 heures du matin. Maintenant nous travaillons à ce que tout le monde ait de l’eau 24 heures sur 24.
 
Concernant les compteurs, comment la population s’en accommode-t-elle ?
Tout le monde a un compteur d’eau depuis de nombreuses années. Et la population peut se réjouir de payer l’eau la moins chère de toute la Polynésie, à 15 francs le m3 pour la première tranche jusqu’à 25 m3. Ce volume est largement suffisant pour une famille moyenne à Taha’a pour un mois, ce qui représente 375 francs. Maintenant, il faut savoir bien gérer sa consommation. Depuis 2017 tout le monde est devenu raisonnable dans sa consommation et dans le règlement de ses factures, même s’il existe comme partout quelques mauvais payeurs. Certains maires lors d’une réunion au syndicat des communes ont cru que j’étais folle de proposer un tel tarif.
 
 
« Nous avons quelques travaux à réaliser »
Maimiti Taerea,
Responsable technique
"L’eau est chlorée dès la sortie du forage à un taux très précis avant d’être stockée et distribuée dans le réseau. On peut expliquer le défaut de chlore en fin de réseau par les défaillances des appareils censés l’injecter. Nous avons quelques travaux d’exploitation à réaliser. Il n’y a donc rien de grave. Les problèmes peuvent facilement se régler pour retrouver d’ici les prochains prélèvements des taux à 100%. Concernant la dernière zone, Vaipiti, au sud de l’île, qui n’a pas évolué entre 2018 et 2019, on a connu quelques soucis liés à des fuites. C’est maintenant derrière nous et tous les prélèvements effectués depuis janvier à l’exception d’un seul étaient positifs à 100%. Sauf accident toute l’île pourra bénéficier d’une eau potable.
Le réseau est ancien mais il est presque entièrement en PVC, au lieu de fibrociment. Nous devons cependant renouveler certains secteurs notamment du côté de Tapuamu."

Rédigé par TM le Vendredi 19 Juin 2020 à 10:19 | Lu 1179 fois