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Sursis et amendes requises dans l'affaire Global Telecom Connect


GTC Tahiti proposait des packs téléphoniques avec appels gratuits que les "clients" devaient vendre à leur tour contre la promesse de belles rentrées d'argent.
GTC Tahiti proposait des packs téléphoniques avec appels gratuits que les "clients" devaient vendre à leur tour contre la promesse de belles rentrées d'argent.
PAPEETE, le 1er mars 2016 - Pas moins de 6 000 polynésiens avaient succombé aux sirènes de l'argent facile avant de déchanter, entre juin 2013 et mai 2014, dans cet énième dossier de vente pyramidale qui a fini ce mardi au palais de justice.


L'offre portée à Tahiti par les relais polynésiens de cette société basée aux Etats-Unis était alléchante : "Je vous propose une opportunité en Or !!! Que diriez-vous de pouvoir appeler dans le monde gratuitement et en illimité ? Que diriez-vous de pouvoir gagner de l'argent depuis chez vous ? Que diriez-vous de continuer à gagner de l'argent même en arrêtant de travailler ? Avec Global Telecom Connect, tout cela est possible ! Découvrez la téléphonie VOIP et ses avantages".

Réunions publiques, grand shows, voyages à gagner, visite bien rodées d'intervenants extérieurs pour rassurer tout le monde, démarchage à domicile, création de site internet et page facebook, Global Telecom Connect (GTC) avait réussi une implantation rapide à Tahiti, séduisant en à peine un an près de 6 000 personnes. Les souscripteurs à l'offre avaient le choix entre plusieurs packs leur proposant une carte SIM ouverte à 190 pays dans le monde et une carte bancaire liée à un compte américain.

Moyennant un droit d'entrée de 35 000 Fcfp et suivant le principe de la vente pyramidale, interdite en Polynésie française, les doux rêveurs avaient pour "seule" mission s'ils voulaient leur part du gâteau d'augmenter la base de la pyramide en recrutant des filleuls. Qui a leur tour devaient en faire de même pour convertir leur génie commercial jusque-là ignoré en argent sonnant et trébuchant, sur leur compte bancaire aux Etats-Unis.

Des plaintes mais aucune partie civile

Sauf que dans la plupart des cas, très peu d'entre eux se sont montrés actifs. Et c'était aussi sans compter sur la dénonciation rapide par la société vini de l'accord commercial qui la liait avec l'opérateur de raoming qui permettait de passer les appels à l'international avec la carte SIM proposée par GTC. La ligne coupée, les plaintes ont commencé à pleuvoir et l'objet même du produit est devenu sans intérêt. Plus de 1 000 abonnements ont malgré tout encore été vendus, une escroquerie supplémentaire pour la justice.

Si les avocats des cinq prévenus dans cette affaire, dont le syndicaliste Ronald Terorotua, approché pour son entregent utile dans le cadre d'un recrutement en chaîne, ont tous plaidé ce mardi la relaxe au motif que leurs clients auraient été de bonne foi et se seraient eux-mêmes fait berner par la maison mère américaine, le parquet a estimé au contraire que les faits d'escroquerie étaient constitués. Des peines de 3 à 6 mois de prison avec sursis et des amendes de 1 à 2 millions de francs d'amende ont été requises contre les trois développeurs de l'affaire GTC Tahiti, à qui l'opération a rapporté entre 30 000 et 42 000 dollars US pour les plus "performants". Une simple peine d'amende de 1 million de franc a été requise contre Ronald Terorotua pour son rôle de facilitateur dans la mise en relation des futurs "filleuls-clients".

Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 22 mars prochain dans cette affaire pour laquelle les différents prévenus sont poursuivis pour "obtention d'avantages financiers illégal par un adhérent dans le cadre d'un réseau de vente constitué par recrutement en chaîne". A noter enfin qu'aucune des victimes ne s'est constituée partie civile.



Rédigé par Raphaël Pierre le Mardi 1 Mars 2016 à 17:33 | Lu 9899 fois